Cible de plusieurs critiques en raison des résultats des équipes nationales de jeunes, voire pour la sélection de certains joueurs en équipe nationale A, Nacer Larguet brise le silence dans cet entretien-vérité accordé au «Matin» et indique que la seule chose qui l'anime est le travail. L'ancien patron de l'Académie Mohammed VI de football s'est défendu de toute immixtion dans le travail du sélectionneur national, Hervé Renard. Le Matin : Ces derniers temps, vous êtes la cible de plusieurs personnes en raison des résultats des équipes nationales de jeunes, est-ce que vous les comprenez ? Nacer Larguet : Non je ne les comprends pas. C'est des gens qui ne sont jamais allés voir ce que fait la Direction technique nationale sur le terrain. On ne voit jamais de journalistes qui viennent voir les actions qui sont faites, que ce soit au niveau de la formation des cadres ou du rassemblement de jeunes. La dernière fois, on a rassemblé toutes nos équipes nationales de jeunes, mais je n'ai pas vu un seul journaliste pour constater au moins leur prestation et non pas juger uniquement sur le résultat brut, même si ce dernier est satisfaisant, quoi qu'on dise. Ces allégations ne m'affectent pas du tout. J'ai 35 ans de métier. J'ai vécu en France pendant plus de 25 ans dans ce milieu-là. La seule chose qui m'anime, c'est le travail et l'honnêteté. Les gens qui écrivent sans m'avoir appelé ne m'affectent pas du tout, parce qu'ils ne sont pas professionnels. Il y a peut-être des écrits de gens aigris qui n'ont pas de poste pour travailler. Ces gens ont le droit le plus absolu de s'exprimer. Moi, mon devoir, c'est de travailler. Vous continuez malgré cela de bénéficier du soutien de votre patron ? Quand mon président me dira directement que je ne fais plus l'affaire, ce sera son droit le plus légitime. Aujourd'hui, nous travaillons ensemble. Il y a des va-et-vient entre lui et moi au niveau de la mise en place des différentes actions. Je ne fais aucune action pour laquelle il n'y a pas eu une autorisation préalable de sa part. Je suis là pour la fédération et pour lui et il a conscience du travail que je fais. Quelles sont actions que vous avez entreprises et que vous regrettez aujourd'hui ? Franchement, il n'y en a pas. Peut-être sur le choix de quelques personnes qui travaillent avec nous. Au niveau des orientations et du cœur même de notre métier, si c'était à refaire, je referais exactement la même chose. J'ai pris le temps de dresser un état des lieux de notre football au lieu de venir et déclarer que tout était nul avant. Ce n'était pas le cas. On s'est appuyé sur les bonnes choses qui existaient avant. On a rectifié d'autres qui n'allaient pas. On a commencé par étape, d'abord avec le football de base. Ensuite, on s'est attaché à rechercher ce qu'il nous fallait au niveau de nos sélections de jeunes, surtout ce qui existe à l'extérieur de notre pays, et le comparer à ce qu'il y a à l'intérieur. On s'est aperçu que le Maroc dispose d'atouts très intéressants. Il faut juste travailler et remobiliser les énergies. C'est ce qu'on est en train de faire depuis cette année à la demande du président en fournissant des directeurs aux centres de formation ou en s'appuyant sur des directeurs qui existent déjà. On est en train de faire un énorme travail avec eux. Si les gens sont patients, ils verront le fruit de ce travail dans trois ou quatre ans. On est vraiment dans le bon tempo. On est en train de véritablement mettre en place une assise, même les anciens DTN en témoignent en disant que c'est la première fois qu'ils voient un fonctionnement qui rassemble toutes les activités de la DTN dans une seule entité, c'est-à-dire le développement des pratiques, la formation des cadres, la détection et la sélection des jeunes. Tout cela se fait en concertation avec l'ensemble des personnes qui composent la DTN et les directions techniques régionales. Tout ce travail ne donnera pas ses fruits aujourd'hui, mais d'autres gens récolteront les fruits du travail qu'on est en train de mettre sur place dans quelques années. Je me considère comme un ouvrier du football. Je fais mon travail en toute honnêteté. Je fais totalement abstraction de ce que se dit négativement sur la personne de Nacer. Est-ce que vous vous immiscez réellement dans le travail d'Hervé Renard ? Beaucoup de gens n'ont rien compris au métier de la Direction technique. L'équipe nationale A relève de la responsabilité directe de l'entraîneur des A, Hervé Renard. Nous, on soutient l'entraîneur quand il le souhaite. Jamais je n'ai imposé quoi que ce soit au sélectionneur national. D'abord, parce que ça serait déplacé de ma part, et ensuite c'est quelqu'un de compétent qui a une grande expérience au niveau des sélections nationales, notamment sur le continent africain. Je ne me vois pas en train de lui dire de faire telle ou telle chose. C'est impossible. Il y a un proverbe français qui dit : «quand vous voulez tuer votre chien, vous dites qu'il a la rage». Il faut arrêter ces mensonges. C'est faux, archifaux. Je connais ma fonction et le rôle exact que je dois jouer. Vous pouvez demander à Jamal Sellami, Mustapha Madih et Marc Wotte si un jour je leur ai demandé de faire jouer tel ou tel joueur. On discute sur les effectifs ou sur les potentialités. On fait des bilans ensemble, mais jamais je n'imposerais à un entraîneur de faire jouer quelqu'un. J'ai du respect pour la vraie presse, mais la pseudo presse, je ne lui accorde pas d'intérêt.