Comment la Dreambox, véritable Goliath du contenu s'est positionnée au Maroc ? face à sa rivale la MTbox. Cela fait trois ans que la Dreambox ne cesse d'étendre ses filets autour d‘un téléspectateur marocain historiquement frustré par l'instabilité du bouquet numérique TPS. Entre coupures et reprises, le bouquet racheté depuis par Canal + est devenu imperméable à la piraterie. Il fallait donc trouver une solution au vide ainsi créé . Celle-ci vint sous la forme d'un boîtier magique : la Dreambox. De fabrication allemande, la box a besoin d'une simple connexion ADSL pour vous ouvrir les portes d'une véritable caverne d'Ali Baba. Autrement dit, la box décrypte l'ensemble des bouquets payants qui existent dans le monde. Tous. Le pitch de l'objet est trop beau pour être vrai. Le Mondial dope les ventes En 2007, ceux qui adoptent la Dreambox en premier n'en reviennent pas. Pourtant, le phénomène, accompagné d'un scepticisme initial, peine à prendre. Entre récits de coupures momentanées, de perte de signal, les premiers pas du boîtier se font laborieux. Néanmoins, les ventes commencent à connaître des pics à la veille de grands événements sportifs. Avec le Mondial de Football en juin dernier, c'est la consécration. La Dreambox suscite un rush et un marché se crée. Il circulerait aujourd'hui entre 30 et 40.000 Dreambox au Maroc. Le coût du récepteur: 1 800 dirhams assortis à un abonnement annuel de 1 000 dirhams. Le principe de décodage est simple. La Dreambox étant connectée via ADSL, celle-ci reçoit en permanence les codes d'accès appartenant à d'authentiques abonnés. Du peer-to-peer télévisuel particulièrement efficace. Et pour cause, le seul moyen qu'auraient les états-majors des chaînes de suspendre le signal, est de rompre la diffusion des codes d'accès. Or, l'opération entraînerait par la même occasion une coupure du service pour les vrais abonnés. Chez Canal +, on expérimente des méthodes de protection du contenu qui donnent des résultats limités dans le temps. Pour le moment, il n'existe aucun moyen de contrer la puissance de déchiffrage viaccess 4.0 de la Dreambox. Faisant face à une demande de plus en plus conséquente, les fournisseurs de boîtiers s'organisent et sortent de l'ombre. On aura rarement vu de marché aussi structuré pour une offre foncièrement illégale. On rivalise d'ingéniosité marketing pour convertir les clients à la «boîte de rêves». Des forums et des portails Web se créent. Un marketing efficace… Dreambox-maroc promet une installation sur site, une assistance permanente à distance, un très haut niveau de stabilité pour des prix sensés défier toute concurrence. Leur page Facebook compte plus d'un millier d'abonnés. «Leur qualité de service n'est pas optimale, on souffre de quelques coupures, en revanche ils vous envoient systématiquement un technicien pour régler votre problème» nous confie un abonné. Le SAV est inclus dans les 1 000 dirhams d'abonnement annuel. Faisant concurrence à l'offre structurée, une foultitude de petites boutiques commercialisent des Dreambox de facture assez douteuse. Attention à ne pas tomber dans l'entourloupe. On connaît à la box une série de clones coréens et chinois. Le boîtier asiatique contrairement à son aîné germanique souffre de tares rédhibitoires. Comment s'y prend-ton pour séparer le bon grain de l'ivraie ? C'est simple, les Dream 500 (version sans disque dur) authentiques disposent d'une adresse MAC dont la série de chiffres commence par «00934…» ; leurs cousines chinoises elles affichent le suffixe MAC suivant «0048…». Autre facteur de confusion, l'hologramme situé au dos de l'appareil. Si ce dernier brille d'une manière trop flashy, passez votre chemin car vous avez affaire à une bâtarde, si en revanche le sigle est d'un gris sombre, vous vous trouvez en face d'un modèle allemand certifié. Dream ou MTBox ? Le bonheur des uns faisant classiquement le malheur des autres, il n'est pas étonnant que la Dream taille des croupières dans le potentiel commercial d'une autre box : la MTBox. Offre triple-play de Maroc télécom, la MT box est un aggrégateur de services combinant trois fonctionnalités distinctes, nommément, un bouquet TV/radio, un forfait téléphonique fixe en Voip et un débit Internet. Le pack basique d'1 méga/s est proposé à 299 dirhams par mois et comprend deux lignes téléphoniques fixes illimitées et un bouquet d'accès de 25 chaines nationales et internationales dont celles du service public français et Canal + Maghreb. Gros hic, Tf1 et M6, hyper populaires auprès de l'audience marocaine, manquent à l'appel. Plus délicat encore, les porosités au niveau des prestations techniques que semblent collectionner le service. Il est édifiant de jeter un coup d'œil sur l'un des nombreux forums numériques traitant du boîtier IAM. Les doléances pullulent et nombreux sont ceux qui déplorent une certaine lenteur dans la résolution des problèmes de débit. «J'ai galéré pour avoir le technicien, j'ai appelé le 115 à n'en plus finir et, au bout de quinze jour d'attente, le technicien est finalement arrivé, mais a été incapable de paramétrer le login et le mdp de ma ligne Voip. J'ai dû me résoudre à le faire moi-même !» . Vous l'avez compris, le service est très perfectible. Fait intéressant, dans le flot de critiques dirigées contre la MTBox, on note un dénominateur commun : la vitesse de connexion. Et pour cause, la concentration géographique de la demande, plutôt CSP+, résulte sur un trafic trop important sur un certain nombre de quartiers huppés. Younes Hamdi, DG de Pcassistance.ma donne l‘explication suivante «Si Maroc Télécom dispose d'une installation pouvant supporter 5000 abonnements MTBox et que le service commercial en écoule plus de 20.000, l'échange de données ainsi générées obstrue les serveurs ce qui explique la lenteur des connexions et la fréquence des coupures de débit.» Une illégalité lucrative Tout n'est donc pas bien dans le meilleur des mondes possibles pour la MTBox. Diminuée par des soucis de connexion, enrichie d'un nombre de chaînes limitées et peu prisées, étiquetée d'un prix peu abordable, la box made in IAM peine à surnager devant sa toute-puissante concurrente allemande. Difficile de lutter contre un Goliath bon marché qui agrège plus de 40 000 chaînes et 500 bouquets dont Sky, Canalsat, TPS, ART, Showtime, Aljazeera Sport, Nova, Digital +...etc. La clientèle marocaine, toujours plus blasée, de plus en plus gourmande en contenus, trouve naturellement peu de valeur dans un pack triple-play assorti de 25 chaînes dont 10 stations Radio. Pour la MTBox, la Dream n'a du rêve que le nom qu'elle porte.