Depuis maintenant 14 ans, Neïla Tazi nous offre l'un des plus beaux moments musicaux du Maroc. Portrait d'une pionnière. neïla Tazi nous a fait pour la 14e fois la grâce d'un événement qui marque. La directrice générale d'A3 Communication est celle à qui nous devons le festival «Gnaoua et musiques du monde», un rendez-vous devenu incontournable au fil des années et qu'elle perçoit elle-même comme une réussite au-delà de ses propres espérances. «Lorsque nous avions imaginé le festival Gnaoua, nous ne pensions pas pouvoir assurer sa continuité. Nous l'avons fait pour le plaisir et pour offrir une fenêtre ouverte sur la culture gnaouie et tout ce qu'elle a à offrir», nous confie-t-elle. Neïla Tazi voulait exprimer sa passion et concrétiser un rêve, et cela a tellement marché que le rêve est devenu contagieux et a ravi tout le monde. Aujourd'hui, «Gnaoua, musiques du monde» est la fièrté des Souiris, un festival tourné vers l'avenir, qui a su s'accaparer une bonne partie de l'attention nationale et internationale. Un succès d'autant plus plébiscité vu les modestes moyens mis à sa disposition. Nous ne manquerons d'ailleurs pas de rappeler que les Souiris réussissent à faire jeu égal en terme d'affluence nationale et internationale avec d'autres festivals disposant d'un budget beaucoup plus conséquent. «Ce n'est ni le tapage médiatique, ni les têtes d'affiche qui ont fait le succès de Gnaoua, mais bien son concept. Il est un polaroid du Maroc tel que nous l'aimons et tel que nous l'imaginerions dans un monde idéal. C'est un festival qui a du cœur et qui défend les valeurs d'en bas», souligne Neïla Tazi, avant d'ajouter : «C'est grâce à cela que nous avons réussi à gagner la fidélité de notre public. Ceux qui ont déjà connu le festival reviennent pour la plupart et n'hésitent pas à convaincre d'autres personnes de le rejoindre, ils sont notre plus grand sponsor.» L'histoire d'une passionnée Neïla est née aux Etats-Unis. Mais, même loin du Maroc, elle a toujours gardé un amour profond pour son pays, sa culture, sa gastronomie et, bien entendu, sa musique. Après les USA, Neïla met le cap sur la France où elle décroche sa licence en management. Son diplôme en poche, la jeune fille choisit de revenir vivre au Maroc. Quand elle rentre au bercail, elle veut travailler à renvoyer une image positive d'un pays qu'elle considère riche en potentialités artistiques et humaines. Elle concrétise ce voeu en créant une agence de communication qui est parmi les premières à investir le domaine de l'événementiel au Maroc. La création de A3 Communication coïncide avec l'émergence du mouvement Nayda. Neïla se remémore cette époque avec beaucoup de nostalgie. Le mouvement Nayda représente, en effet, pour la jeune femme la fusion de tous les talents. Artistes et créateurs marocains avaient alors travaillé d'arrache-pied pour redonner un nouveau souffle à la création artistique. Le reste de l'histoire, vous le connaissez déjà. La jeune femme découvre et s'éprend de la culture gnaouie, puis fini par lui dédier tout un festival. La fusion dans la peau S'il y'a une chose dont Neïla est particulièrement fière, ce sont bien les différentes fusions du festival gnaoua. Pour elle, permettre aux Maâlems gnaouis de mêler leur musique à celle des plus grands virtuoses de jazz, de blues et de tout autre courant musical, était la meilleure manière de rendre justice à la culture d'Essaouira. «Essaouira a toujours été l'ambassadrice de la culture et lorsque nous avons créé le projet «Gnaoua, musiques du Monde» , nous souhaitions lui offrir un projet culturel et non événementiel. Dans un sens nous avons réussi à atteindre notre objectif mais il nous reste encore bien du chemin à faire et de courants culturels à découvrir et faire découvrir, c'est pour cela que nous continuons à nous tourner vers l'avenir et à chercher les vibrations positives quelles que soient leurs origines», explique-t-elle. Une chose est cependant sûre : les bonnes vibrations sont là, et nous vous en remerçions Neïla. Yassine Ahrar