La randonnée est en pleine expansion au Maroc. Prêts à sortir des sentiers battus ? Let's go ! Corollaire de cette passion tardive mais tangible, un chiffre d'affaires non négligeable pour tout un secteur d'activités. En 2010, 8% de touristes étrangers supplémentaires ont adopté la destination Maroc, ou plus particulièrement la destination Eco-Maroc. Le tourisme rural est en plein boom. Les petites infrastructures hôtelières fleurissent un peu partout dans les Atlas, proposant des excursions. Le Maroc est le paradis des randonneurs. Une randonnée pédestre, équestre ou à VTT est l'occasion rêvée pour un contact avec les gens des montagnes, dont le mode de vie demeure encore très simple. Région du Toubkal, du djebel Siroua, Haut Atlas central, Anti-Atlas, Moyen Atlas et Rif, autant de paysages et d'ambiances à découvrir pour l'amateur de pleine nature. Dans la montagne, la meilleure saison pour une randonnée pédestre s'échelonne d'avril à octobre. Avec l'explosion de la randonnée, qui n'est pas sans conséquences sur la vie des habitants dans les villages et les stations, le tourisme marocain connaît une vraie petite révolution qui sent moins la chaussette que le marketing ultra-ciblé. Aujourd'hui, guides de moyenne montagne et accompagnateurs empruntent moins leur réclame au service militaire qu'aux pubs pour les gels-douche tendance bien-être. La montagne campe une image moelleuse : «marche afghane», pour travailler la respiration, «rando-voix», pour chanter à tue-tête en grimpant, «parcours spécial pieds nus», pour les sensations paraît-il, «ruisseling», pour marcher dans l'eau, «sentiers botaniques», pour cueillir des plantes en moyenne montagne, etc. L'offre se diversifie et rend accessible ces régions à un nouveau public qui exprime des attentes en rupture avec la figure du marcheur flanqué d'ampoules, un guide nous confie : «Longtemps on a donné une image d'une montagne-exploit, d'une montagne difficile, qui a pu rebuter ou faire peur à certains. Aujourd'hui les visiteurs se servent de véhicules pour atteindre les sentiers les plus escarpés, ils sont aussi accompagnés par des antennes médicales pour les rapatrier immédiatement, au moindre malaise. On n'est plus dans l'effort, dans l'exploit, dans la transpiration. On pratique la randonnée pour se faire du bien.» «La clientèle de randonneur marocains ne représente plus seulement des urbains en mal de nature ou d'exploit ou pire faisant du mimétisme. Les Marocains redécouvrent «leur» montagne. C'est une clientèle multi-âges. La montagne est aussi de plus en plus féminine. On s'adresse beaucoup aux femmes qui sont les prescriptrices des vacances. Ce sont elles qui choisissent en général pour tout le monde et la montagne leur propose énormément de produits». «L'important est de bouger» Des mots qui ne dissimulent pas l'enthousiasme et la fierté de Mouhcine, propriétaire d'une agence de voyage spécialisée dans le tourisme rural et guide à ses heures perdues. C'est aussi le prix qui joue en la faveur de la destination verte. Là ou le visiteur dépenserait une dizaine de milliers de Dirham pour une semaine de détente à la plage, il n'est dépense que la moitié en montagne, à confort égal, voire supérieur.L'écrivain écossais Robert Louis Stevenson décrit d'ailleurs si bien la nouvelle mouvance qui conquiert aujourd'hui les grand et petits Marocains : «Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le nid douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants». Cent-trente ans plus tard, la randonnée reste l'activité modique par excellence. Et le facteur prix et le contexte de crise économique expliquent en grande partie l'explosion de la pratique au Royaume. Ainsi, les marcheurs marocains sont de plus en plus nombreux à s'être redirigés sur les sentiers de leur pays alors qu'ils partaient davantage à l'étranger auparavant, ou à la plage. La montagne s'adresse à tout le monde. Le panier moyen est inférieur à 300 DH car l'activité numéro un, la marche, est gratuite. Elle touche donc tout le monde, sans limite de budget. Attention toutefois ! Un minimum d'équipement est nécessaire pour bien aborder les sentiers les plus tortueux. Un minimum syndical d'un bâton de marche, sac de couchage et trousse de secours est indispensable pour préserver tout le bonheur de l'expérience éco-touristique. Souvent considéré comme une panacée pour les maux des populations rurales habitant de beaux sites naturels, l'écotourisme n'est pas simplement le tourisme dans les zones naturelles. L'éco-tourisme se définit comme «voyage utile dans des zones naturelles pour comprendre l'histoire naturelle et culturelle de l'environnement, en prenant soin de ne pas changer l'intégrité des écosystèmes tout en produisant des opportunités économiques qui rendent la conservation des ressources naturelles financièrement bénéfique pour les citoyens locaux» (tourisme de la nature). Il doit y avoir du tourisme dans les zones d'intérêt culturel et naturel de manière à ce que les visiteurs ne diminuent pas les espaces de landes ou leur attrait pour le visiteur suivant. La communauté locale doit également cueillir certains avantages financiers de ces touristes. Pour les stations et l'ensemble des acteurs économiques qui vivent du tourisme en zone de montagne, l'afflux estival devient un enjeu d'autant plus central qui constitue une source de revenu non négligeable et une alternative réelle à l'exode. Yassine Ahrar Gare aux mauvaises surprises La montagne marocaine a des charmes indéniables. Elle est aussi chargée de risques en tout genre et la prévention est toujours de mise. Si vous optez pour un guide de randonnée, assurez-vous qu'il soit vraiment ce qu'il est. Les faux guide pullulent et ne maitrisent pas toujours leur métier. Si vous logez chez l'habitant, gardez en tête les bonnes manières et le respect de l'hôte afin de les encourager à répéter leur générosité. Enfin, penser toujours à disposer d'une carte, d'une boussole et d'une trousse de secours.