L'adrénaline monte, le souffle est haletant et tous les sens sont sur le qui-vive. Bienvenue dans la monde du paintball. Pas besoin d'avoir fait l'armée ou d'être un gros dur pour pratiquer le paintball. Ce sport de tactique et de maîtrise fait le bonheur des petits aspirants commandos à moindre frais, dans une ambiance faite de compétition, de bonne humeur et d'une bonne dose de sensations fortes. Sans avoir à chercher très longtemps, de par sa syntaxe, on imagine sa provenance : américaine ! Enfin presque. Le paintball nous arrive d'Australie dans les années 1970. A l'origine, ce n'était pas un jeu, mais un moyen de travail pour les éleveurs australiens isolés dans leur ranch. Devant l'immensité de leur territoire et la difficulté à différencier leurs troupeaux, ils avaient trouvé une solution intelligente, rapide. Tels des héros des temps modernes, ils s'étaient équipés de lanceurs et marquaient leurs bêtes au pistolet de peinture. L'activité prendra sa forme ludique aux Etats-Unis dans les années 1980, mais le terme paintball, lui, a vu le jour en 1984, à l'initiative d'un grand patron de boutique de jeux. Ce formidable jeu stratégique a ensuite envahi la Grande-Bretagne à la fin des années 1980 et le reste de l'Europe dans les années 1990. En Europe, le paintball a tout d'abord fait fureur sous l'influence des séminaires d'entreprise, afin de développer la cohésion, la stratégie et l'esprit de groupe. Un joli moyen d'évacuer la pression et de coller quelques billes à un collaborateur « apprécié ». Le but du jeu est simple : deux équipes de 5 ou 7 joueurs s'opposent pour récupérer un drapeau situé dans le camp adverse afin de le ramener à sa base. Un joueur est éliminé quand il est touché par une bille et que celle-ci éclate, laissant une trace de peinture sur une partie du corps ou de l'équipement. La fièvre de la bille colorée a frappé le Maroc il ya à peu près dix ans et ne semble pas vouloir se calmer depuis ; d'abord à travers des séminaires de cohésion d'équipe et plus tard avec l'ouverture des parcs au grand public. Il faut dire que cette activité a trouvé un terreau propice à son éclat au pays. Les espaces ouverts sont légion, le matériel est facile d'accès (pour peu que vous ayez un permis de port adéquat) et le jeu propose un divertissement immédiat ne nécessitant que peu de préparation lorsqu'il est bien encadré. Le manuel du petit commando Bien que paintball rime avec amusement instantané, quelques notions sont à retenir pour en faire une expérience mémorable. D'abord l'équipement: il vous sera généralement fourni par les différents parcs de paintball florissant dans les régions de Casablanca, Rabat, Marrakech et bien d'autres villes. Vous recevrez obligatoirement un casque de protection intégral et accessoirement un plastron, des genouillères et des coudières. Côté arme, vous aurez entre les mains un lanceur (ou marqueur). C'est ce pistolet qui vous permettra de tirer allègrement sur vos adversaires : il est muni d'un chargeur à billes et d'un réservoir à gaz. Ce matériel vous sera gracieusement prêté par les différents centres de jeu pour un prix abordable (100 Dh par session avec 50 billes offertes). Pour les mordus du jeu le principal investissement reste les billes, car facilement épuisables. Votre moniteur vous permettra de faire l'appoint et ajouter des munitions (à peu près 300 DH pour 500 billes supplémentaires). Il sera bon d'apporter des vêtements décontractés, des chaussures de sport et une tenue de rechange. Le paintball peut se jouer en intérieur ou en extérieur, la seconde option étant la plus conseillée pour une expérience plus immersive et plus de créativité. L'art de la guerre Pour les puristes, une partie de paintball ne se limite pas à une joyeuse fusillade colorée. Une partie mémorable nécessite de la stratégie, de l'imagination et un esprit d'équipe inébranlable. Pour cette frange de joueurs, des centres tels que le Playland de Skhirate proposent des scénarios. En fonction de vos effectifs et de vos préférences, vous pourrez opter pour des scénarios d'attaque, de défense ou d'infiltration. Les variantes sont nombreuses et vous permettront de tirer le meilleur parti du terrain et des penchants de chacun. Les scénarios les plus simples consistent en des parties de « Capture the Flag» ou « King of the Hill » où chacune des deux équipes bataille pour remporter le drapeau de l'adversaire ou pour contrôler une partie de la zone de jeu pendant une période donnée. Les plus inventifs pourront se tourner vers des variantes plus développées comme « l'escorte présidentielle », où un joueur désarmé devra être accompagné d'un point A à un point B sous la protection de ses coéquipiers. Toutes les propositions sont possibles du moment que les participants se prêtent au jeu. Près de quarante ans après son apparition, le paintball remporte un franc succès auprès des adeptes du grand air et des sensations fortes. Dans la plupart de ses pays d'accueil, il a été élevé au rang de sport reconnu et a droit à des compétions officielles. Sa dimension ludique en fait une activité à recommander pour les grands et les petits, pour peu que l'on fasse la différence entre jeu et guerre. Yassine Ahrar Gare aux dérapages ! Le succès d'une activité apporte souvent son lot de désagréments, surtout quand le paintball est devenu accessible aux plus jeunes. Bon nombre de familles voient d'un mauvais œil le fait que leurs petites têtes brunes s'amusent à se tirer dessus, même si c'est à coup de billes de peinture (imaginez le drame ménager quand la tenue du chérubin doit passer au lavage). L'autre hantise des parents réside dans l'ingestion des billes, bien que non toxique (à base d'amidon et de colorants alimentaires), elles peuvent provoquer des malaises et des diarrhées. Les moniteurs de paintball vous demanderont d'ailleurs de signer une décharge pour votre personne et pour vos enfants avant d'accéder au terrain de jeu.