Les rapports entre la Jamahiriya de Kadhafi et le Maroc n'ont jamais brillé par leur stabilité. Rappel historique. Au commencement, étaient deux personnages que rien ne prédestine à se côtoyer. D'un coté un roi, descendant d'une lignée séculaire, de l'autre un militaire aux relents indépendantistes et révolutionnaires, qui s'est accaparé du pouvoir après avoir mis fin à la monarchie des Snoussi en 1969. Ne jurant que par le nassérisme panarabe, le jeune colonel voit grand et compte bien verser toute sa verve dans la proclamation de la révolution en dehors de la Libye. En 1970, Kadhafi se tourne vers un autre putschiste notoire, l'algérien Boumediene. Une amitié naît entre les deux dirigeants avec comme trame de fond, une aversion pour le Maroc. Une différence toutefois, l'homme de Tripoli n'en veut pas à Hassan II. Il éprouve même une fascination pour l'intelligence politique du Roi du Maroc mais voue une haine instinctive et sans failles aux régimes monarchiques. Lors du festival arabe de la jeunesse, tenu à Tripoli en 1973, ses services prennent contact avec des étudiants sahraouis de l'université marocaine, dont El Wali Mustapha Sayed. Bien qu'il ait manifesté sa volonté de participer à la Marche verte, Kadhafi devenu «guide» de sa patrie ne résiste pas à l'envie de nourrir les élans révolutionnaires de la RASD à grand renfort de finances et d'armes. La réponse de Hassan II sera tout en finesse et prendra la forme d'un accueil chaleureux aux opposants de Kadhafi. Comment calmer un révolutionnaire Jusqu'en 1983, la guerre froide ira bon train entre les deux dirigeants et ce n'est qu'en 1984 que Hassan II réussira à ramener Kadhafi à un calme politique relatif. Il bluffera le leader libyen en ne lui proposant rien de moins qu'une union avec le Maroc. Kadhafi a effectivement toujours voulu tout unir, le monde arabe, l'Afrique et le Tiers-monde. Il accueillera cette union comme du pain bénit. La Libye de Kadhafi, à l'époque, est un pays de plus en plus isolé. Le rapprochement avec le Maroc lui ouvre une fenêtre politique et économique intéressante. Il s'en suivra une courte interruption des hostilités entre les deux pays. Pourtant, en 1986, prenant prétexte d'une visite de Shimon Perez au Maroc, Kadhafi rompt l'accord d'Oujda. Les relations entre les deux pays entament une nouvelle phase de turbulence et 1989 sonnera le glas de tout contact officiel entre Hassan II et Kadhafi. Petites provocations entre amis Le feuilleton Hassan II-Kadhafi compte parmi les plus prolifiques en matière de provocations perfides. Dès 1969, le monarque décrit le jeune colonel comme «incontrôlable et inexpérimenté». Au sommet arabe de Rabat, le leader libyen refusera de serrer la main au général Mohamed Oufkir, pour se raviser en 1972 et saluer sa bravoure après la survie de Hassan II au second attentat que connaîtra son règne. L'homme de Tripoli continuera de s'adresser au roi du Maroc sous le seul titre de «Hassan II» ou «El Hassan». Ce dernier rétorquera en citant toujours le Libyen en ces termes : Fakhamat Al Akid Allah Yahdih (littéralement : Son Excellence le colonel, Dieu le remette sur le droit chemin). Le point culminant de ce jeu de provocations restera le sommet arabe réuni à Alger en 1986. Kadhafi saluera Hassan II… sans se démettre de ses gants blancs. Un geste de contestation contre le monarque qui a reçu Shimon Perez quelques temps auparavant. Le Ying et le Yang. Yassine Ahrar Lybie Otan : la Lybie de la discorde Alors que le colonel Muammar Kadhafi organise la contre-offensive face aux insurgés et a menacé de milliers de morts en cas d'intervention des Occidentaux, l'Otan montre encore des réserves quant à des interventions militaires en Libye. Bien qu'ils se déclarent soucieux de la tournure des événements dans le pays, les 28 ambassadeurs des pays membres, réunis mercredi dernier à Bruxelles, restent encore divisés sur l'approche à adopter. La France, représentée par Alain Juppé, soutien l'idée d'une zone d'exclusion aérienne, à condition que celle-ci soit activée sur une décision du Conseil de sécurité des Nations unies. La Turquie et la Russie soutiennent de leur coté qu'une intervention de l'Alliance Atlantique n'est pas justifiée. Il n'en reste pas moins que dans les faits, «il n'y a pas de consensus au sein de l'Otan pour le recours à la force en Libye et l'instauration d'une zone d'interdiction de vol», selon les termes du secrétaire à la Défense américain Robert Gates.