Graphistes, conseillers, informaticiens… Ils ont fait le choix de la liberté, et de l'autonomie. Les freelancers, travailleurs indépendants, ont vu gonfler leurs rangs de manière remarquable durant cette dernière décennie. Loin d'être une simple mouvance conjoncturelle, la liberté professionnelle plaît. Exit la monotonie des horaires, le poids de la hiérarchie ou le collectivisme imposé. Pour ceux qui ont choisi cette voie, travailler en freelance est souvent synonyme de flexibilité, de variété et d'affirmation individualiste. Karim T. a choisi cette voie depuis longtemps. Ce quinquagénaire a trente ans au compteur en tant que directeur artistique et iconographe. Pour rien au monde il ne troquerait sa liberté «durement acquise» pour un quelconque poste en entreprise. «Dès le début, dit-il, j'ai fait le choix d'être mon propre chef, la question ne se posait même pas ; c'était plus fort que moi. Aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours eu envie de créer ma propre affaire. Et puis, durant toutes mes années d'apprentissage (pendant mes études à la fac d'Arts plastiques puis aux Beaux-Arts), je n'ai cessé de développer des projets personnels. Travailler en freelance était inévitable pour garder vivante mon envie de créer, pour ne pas m'endormir». Travailler en freelance est une option ouverte à tous, à la seule condition que l'activité choisie permette de travailler seul. Le chemin de la liberté Si certaines activités se prêtent naturellement au jeu du mercenariat, comme le journalisme ou l'informatique, rien n'empêche d'autres spécialités de s'essayer à l'exercice de la libre-entreprise. Auditeurs, comptables, mercaticiens et autres spécialistes confortablement nichés dans les organigrammes ont déjà rejoint le bastion freelance et s'en sortent plutôt bien. Il faut dire que la seule référence demandée pour rejoindre les rangs est la capacité d'autogestion. Yasmine, journaliste de son état, nous confie : «A la différence de certains confrères, j'ai rejoint le coche un peu en retard. Il m'a fallu quelques années pour m'y résoudre, d'abord en faisant quelques tests ici et là, histoire de voir ce que ça rapportait d'écrire pour mon propre compte. Après quelques mois d'exercice et une pause maternité plus tard, j'ai pu faire le grand saut. Je suis aujourd'hui pigiste sur quelques supports et j'ai aussi l'occasion de fourrer ma plume dans d'autres domaines comme la pub ou la rédaction d'entreprise». Alors que les agences peinent à trouver les bonnes grâces de prospects, les freelancers s'en sortent plutôt bien. Souvent moins chers, plus réactifs et plus créatifs, les travailleurs indépendants ont pignon sur rue. Il faut dire aussi que travailler en «free» permet de toucher plus de clients et peut contribuer à engranger les petits projets à une vitesse fulgurante. Les mieux lotis vous le diront, avec un peu d'acrobaties et en étant assez conciliant sur la nature des projets, il est possible d'amasser une somme rondelette en très peu de temps. Bien que les freelances préfèrent rester muets sur leurs honoraires, ils reconnaissent que, en quelques jours, ils peuvent facilement assurer l'équivalent du salaire d'un confrère sous contrat CDI. De quoi faire rêver… mais pas trop. Le revers de la médaille Un freelance convaincu ne laisserait tomber sa liberté pour rien au monde, mais cela a un prix. A l'instar de leurs antiques inspirateurs, les mercenaires des temps modernes doivent souvent faire face à quelques aléas propres au travail sans attaches. Revenus irréguliers, mauvais payeurs, stress et préjugés sont le lot quotidien des freelancers. Choisir cette voie revient souvent à travailler sans filet et à vivre dans la hantise d'une certaine précarité. Ici point de CNSS, ni de retraite et vous ferez rapidement la connaissance d'une vie à forte teneur en nuits blanches, va-et-vient incessants entre vos différents clients et lieux d'activité et surmenage. Pour Amel, jeune responsable relations publiques, la vie n'est pas toujours rose. «Une fois mon diplôme en poche, j'ai décidé de me lancer dans l'aventure et franchement ce n'est pas toujours la joie. Je dois jouer à la fois le rôle de secrétaire, commerciale, standardiste avant de pouvoir faire mon travail. Je ne compte plus les heures de travail, ni les coups de gueule parentaux qui voient d'un mauvais œil le fait que leur fille voyage seule ou rentre à 3 heures du matin», se lamente-t-elle. Comme le dit l'adage : «Every medal has its reverse». Yassine Ahrar Des idées reçues sur le freelance Solitude Eh bien non, on a une famille, et souvent des clients qui nous appellent, nous écrivent… Et si on veut, il y a aussi des partenaires freelances, et même des amis Facebook, alors non, on n'est seul que si vraiment on l'a décidé ! Compliqué Franchement, monter un escalier pour s'installer à son bureau est de loin plus aisé que de passer deux heures chaque matin dans les embouteillages. Liberté Vous avez la possibilité de prendre des pauses à rallonge, de décréter que mercredi sera un jour férié, de carburer à autre chose que la giclée insipide de la machine à café du couloir ou de sortir faire son shopping à 10h30 un jeudi matin… Fric Travailler pour son compte est un choix et non une fatalité. Pour certains, c'est aussi le chemin tout tracé pour se lancer dans les affaires. En s'y prenant bien, on amasse rapidement de l'argent et les clients nécessaires pour une entreprise en très bonne santé.