La région de Oued Eddahab-Lagouira connaît un essor sans précédent. Entretien avec le wali de la région. Quel bilan dressez-vous de l'année 2010 pour la région de Oued Eddahab-Lagouira et en particulier la ville de Dakhla ? L'année 2010 a été particulièrement riche en événements pour la région qui a accueilli de grandes manifestations culturelles, sportives et scientifiques, illustrant le rayonnement dont jouit, désormais, la ville de Dakhla et, partant, toute la région de Oued-Eddahab-Lagouira. A titre d'exemple, la ville de Dakhla a abrité, du 28 février au 1 mars, la quatrième édition du festival international «Mer et Désert». Dakhla a accueilli également en mars la troisième rencontre internationale cinématographique. Après ces deux grandes manifestations, la région avait rendez-vous avec une manifestation d'exhibition du plus grand drapeau au monde, un événement qui a été certifié par le Guinness World Record. Citons encore la rencontre internationale sur «l'intelligence territoriale et développement régional par l'entreprise : expériences internationales comparées», l'assemblée générale des Chambres marocaines de commerce, d'industrie et de services ainsi que d'autres rencontres s'articulant autour de l'intégrité territoriale du royaume. En somme, 2010 était une année riche en activités qui constituent une vitrine du dynamisme et de l'essor que connaît la région de Oued-Eddahab-Lagouira dans différents domaines. Au niveau touristique, les capacités d'accueil dans la région sont-elles suffisantes ? Les infrastructures et les projets touristiques dans cette région, dont la population est estimée actuellement à 160 000 habitants, ont connu un essor rapide. Il suffit de faire un tour sur la baie de Dakhla pour constater que le nombre d'hôtels et de stations dédiés aux sports de glisse a augmenté. Il faut rappeler à cet égard que la région de Oued-Eddahab-Lagouira qui, au lendemain de son retour à la mère-patrie, ne disposait d'aucun établissement hôtelier, compte actuellement des unités classées et d'autres non classées, le tout d'une capacité d'accueil de 1500 lits. Par ailleurs, de nouveaux projets touristiques seront lancés prochainement, contribuant ainsi au renforcement de la capacité d'accueil de la ville de Dakhla. Quelles sont les mesures déployées pour accompagner ce développement touristique ? Pour accompagner cette évolution sectorielle, des efforts importants ont été consentis par les conseils élus et nos partenaires, à savoir la Direction générale des collectivités locales et l'Agence de développement et de promotion des provinces du Sud. Et ce, en vue de renforcer la desserte Casablanca-Dakhla et relier la région avec les Iles Canaries par le biais de deux vols par semaine. Aujourd'hui, les résultats sont tangibles. Au cours du premier semestre de 2010, la ville a connu une hausse très importante en termes d'arrivées et des nuitées enregistrées auprès des établissements classés. Ainsi, le nombre de touristes ayant visité la région est estimé à plus de 6 000 personnes tandis que le total de nuitées s'élève à 18 200, soit une augmentation respective de 197% et de 253% par rapport à la même période de l'année 2009. Quant au taux de remplissage des avions (de et vers Dakhla), il dépasse 70 %, soit le taux le plus élevé à l'échelle nationale. Compte tenu de ces données, il est devenu nécessaire d'ouvrir de nouvelles liaisons internes entre Dakhla et d'autres villes du royaume et la création de nouvelles lignes internationales entre la région et d'autres villes européennes. Les projets d'envergure dans la région pourraient compromettre quelques sites naturels. Que faites-vous pour préserver l'écosystème de la région ? Effectivement, la péninsule de Dakhla se distingue par des sites naturels exceptionnels, jouissant d'un grand intérêt biologique et écologique. Cette presqu'île est connue par sa baie, d'une superficie de 400 Km2. Aussi, une attention particulière a-t-elle été accordée à la préservation de l'équilibre écologique de la baie et de son patrimoine naturel, sur la base d'une évaluation permanente de la vulnérabilité du site. C'est dans ce sens que nous avons signé en mai 2010 sept conventions de partenariat pour la réalisation de projets intégrés dans les secteurs de l'eau et de l'environnement dans la région de Oued-Eddahab-Lagouira. Dotées d'une enveloppe budgétaire de près de 314,55 MDH, ces conventions portent essentiellement sur la réalisation de projets pour la gestion des déchets solides ménagers des villes de Dakhla et de la commune d'El-Aargoub, pour un coût global estimé à près de 99,3 MDH. En vue de rationaliser et valoriser les ressources hydrauliques dans la province de Oued-Eddahab, une station de traitement des eaux usées pour l'arrosage des espaces verts, des ceintures vertes et jardins publics, sera réalisée pour une enveloppe de 180 MDH. Dans la même perspective, une enveloppe budgétaire de près de 7,3 MDH a été allouée à la réalisation d'un observatoire régional de l'environnement et de développement durable pour la région de Oued-Eddahab-Lagouira. Qu'en est-il du plan d'urbanisme de la ville ? Ficelé en mai 2009, le nouveau plan de mise à niveau urbain est doté d'une enveloppe budgétaire de près de 305 MDH, destinée à la réalisation d'une série de projets structurants en vue de confirmer le statut de pôle régional compétitif de la ville de Dakhla. A travers ce programme, étalé sur la période 2009-2012, la ville sera dotée d'une médiathèque, d'un conservatoire de musique, d'une piscine couverte, d'un complexe sportif, d'un centre d'accueil et de conférences et d'un complexe artisanal. Elle sera aussi équipée d'une école des sports nautiques, d'un centre de vacances, de nouveaux marchés de gros et municipal et d'une gare routière. Fruit d'une approche participative et de concertation, ce programme se veut une action globale prenant en compte les différentes composantes de la ville, l'objectif étant de pallier les dysfonctionnements constatés, contribuer à la mise en valeur des potentialités locales, à la dynamisation de l'économie et au renforcement de l'identité de la ville par la mise en valeur de sites emblématiques du paysage urbain. Peut-on dire que le défi de désenclaver la ville de Dakhla a été relevé ? La ville de Dakhla possède aujourd'hui un socle important d'infrastructures et de manifestations culturelles riches et diversifiées, permettant de consolider l'attractivité de la région et de consacrer pleinement son ouverture. Les opportunités d'investissement sont multiples et diverses cependant, notre choix se souscrit dans une approche cohérente et participative favorisant une croissance socio-économique soutenue, tout en veillant à la sauvegarde et à la protection des ressources naturelles afin de consolider les bases du développement durable. Propos recueillis par Mohamed Amine Hafidi