FinanceCom et CDG réalisent un bon deal. Pour Orange, les ambitions affichées risquent de se heurter à la réalité du marché. Dès la conclusion de l'affaire financière qui, pour rappel, a conféré à France Télécom (Orange) 40% du capital de Méditel, cédés avec une bonne plus-value pour FinanceCom et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), le nouveau partenaire stratégique passe à l'acte, et sans attendre. «Orange entend contribuer au développement stratégique de Méditel dans les secteurs sensibles à la valeur, notamment les branches mobiles voix, données, contenus et le marché entreprises» déclare Stéphane Richard, PDG de France Telecom. La messe est donc dite. Sur le plan opérationnel, France Télécom veut pallier aux points faibles du second opérateur, renforcer sa compétitivité face à l'opérateur historique sur certains segments, sans oublier l'indispensable remontée de profit, principal objet de la présence d'Orange au Maroc. Venons-en aux chiffres. Le nouvel actionnaire de Méditel veut que le chiffre d'affaires augmente de 7% d'ici 2015, avec une capacité génératrice de cash flow supérieure de 50% pour la même période. Pour y parvenir, France Télécom veut améliorer le savoir-faire de Méditel et pour lequel le volet infrastructurel semble déjà bien couvert (couvertures 2G et 3G…). «Nous ne sommes pas dans une logique d'apprentissage du métier à l'excellent personnel de Méditel, nous avons l'ambition d'échanger les expériences pour aller de l'avant» explique Stéphane Richard. L'effort de l'opérateur historique français ira donc dans le sens de la commercialisation et le marketing en revoyant les programmes de fidélité par exemple… L'ambition de France Télécom ne s'arrête pas là. Le partenaire français envisagerait même d'introduire la marque Orange au Maroc à côté de Méditel. Et bien évidemment, le réseau Méditel profitera des synergies que lui offre Orange, notamment sur les communications internationales et le partage de contenus avec les pays couverts par les offres Orange. Les possibilités de croissance se présentent sous d'excellents auspices et pourraient ouvrir la voie à une expansion massive sur la région ouest-africaine, véritable vivier de marges dormantes. Un «quinquennat» en mouvement Outre les apports de France Télécom sur le plan opérationnel qui s'expliciteront dès le début 2011 par la gestion aussi à travers la désignation d'un nouveau staff dans les directions stratégiques de Méditel (marketing, réseaux et contrôle de gestion), le partenaire français ambitionne de monter davantage dans le capital du second opérateur national. Ainsi, France Télécom souhaite racheter 5% du capital de Méditel et ce, avant l'introduction de celui-ci en Bourse, prévue pour 2011. Et avant le 1er janvier 2015, l'opérateur historique français reprendra 4% supplémentaires pour atteindre 49% de participation. Avec un flottant en Bourse égal ou supérieur à 10%, FinanceCom et CDG se retrouveront avec près de 41% de Méditel à eux deux, ce qui confèrera le contrôle de l'opérateurà France Telecom qui, à ce moment-là, désignera même le DG et le directeur financier ainsi que la majorité des membres du Conseil d'administration. Des ambitions à deux niveaux et une vitesse d'intervention qui ne laissent aucun doute : France Telecom veut rattraper l'opérateur historique Maroc Telecom qui est détenu par un féroce concurrent en France, Vivendi. Le seul hic est que le marché marocain ne présente plus autant d'opportunités. La concurrence y est forte notamment à cause du troisième entrant, Inwi, lequel est en train de progresser rapidement grâce à la tarification à la seconde. Par ailleurs, le contenu en tant que driver de profitabilité reste à démontrer. L'opérateur historique lui-même s'est engagé dans une conquête de l'Afrique à la recherche des «marges dormantes». Orange a cependant suffisamment d'expérience pour pouvoir tirer son épingle du jeu. A cet effet, le rôle du régulateur sera déterminant pour dégager des espaces concurrentiels à même de permettre à Orange de réaliser ses ambitions. Les dossiers ne manquent pas : interconnexion, prix à l'international, offres de prédation…Pas de doute, la guerre des télécoms ne fait que commencer. Réda Dalil et Omar Radi Fin octobre, l'Etat procèdera à la cession des 8% du capital de Maroc Telecom. Le point sur le dossier. Dernière ligne droite ? Il semble que la commission chargée de l'appel d'offres en vue de sélectionner les banques d'affaires qui gèreront la cession des 8% du capital de Maroc Telecom, est à sa dernière phase avant l'ouverture des plis. Prévue pour le 6 octobre, l'opération qu'on voulait urgente pour renflouer les caisses de l'Etat a pris du temps. L'argentier du royaume n'a d'ailleurs émis aucune explication quant à ce retard, ni sur les circonstances de l'appel d'offres, auquel on a procédé dans le plus grand secret. En tout cas, les banques d'affaires marocaines se sont bien préparées pour présenter leurs meilleures offres et des alliances se fraient un chemin. Selon Samir Tazi, directeur des entreprises publiques et de la privatisation au ministère des Finances, «l'Etat choisira le consortium présentant les meilleures conditions pour l'opération. Celui-ci sera composé d'une banque d'affaires marocaine, une autre étrangère et d'un cabinet juridique qui accompagnera cette privatisation». Bien évidemment, et comme on l'a précédemment vécu, une alliance de banques d'affaires marocaines se présente et remporte le marché. Ce fut le cas lors de l'introduction en Bourse de la valeur, où plusieurs intermédiaires boursiers ont intervenu, notamment Attijari finance corp, CDG Capital et BCP, ainsi que la privatisation de 4% du capital de l'opérateur historique, où Upline et la BCP se sont alliés à la banque d'affaires américaine Morgan Stanley pour assurer l'opération sur les places de Casablanca et de Paris. Vite, vite !! «Le gouvernement a intérêt à ce que l'opération soit ficelée et finalisée courant octobre. Qu'il y ait quelques sous dans les caisses, ça apaisera les grands débats attendus à l'hémisphère» commente un observateur. Au cours actuel de la valeur IAM (autour de 150 DH), la cession de 70 millions d'actions de Maroc Telecom représentera une manne de 10,5 milliards de dirhams pour l'Etat, l'équivalent de ce qui manque à la Caisse de compensation pour le reste de l'année. Le management de Maroc Telecom reste confiant, «IAM est une valeur sûre à Casablanca comme à Paris, elle se vendra !». L'opération est d'envergure, il faudra aux banques d'affaires élues écouler 70 millions d'actions sur les marchés marocain et français. Un spécialiste nous confie que «le Maroc souhaiterait voir cette opération se concrétiser plus à l'étranger qu'ici pour la rentrée de devises». Jusque là, les détails techniques de l'opération n'ont pas été communiqués. Toutefois, le marché s'accorde à dire que les institutionnels marocains et internationaux seront la principale cible de cette mise en vente. Omar Radi