Plusieurs acteurs se battent sur le business du transfert d'argent international vers le Maroc. Ramadan qui se termine clôture une période riche en événements pour le secteur du transfert d'argent international. Dominé par Western Union, lequel est challengé par MoneyGram, le marché du transfert d'argent international vers le Maroc connaît des changements structurels. Levée par Bank Al Maghrib de l'exclusivité sur les cartes de transfert, offensive commerciale des banques marocaines notamment Attijariwafa bank et la Banque Populaire présentes toutes les deux en force sur le marché français, accord inédit entre Poste Maroc et Poste d'Espagne, reconfiguration du réseau de distribution au Maroc : les changements sont multiples. « Le transfert d'argent international vers le Maroc draine des flux importants. Pour 2009, ce sont pas moins de 45 Mrds de DH que les MRE devront transférer vers le Maroc. C'est une manne énorme » note un expert. Du coup, la bataille fait rage. Les banques marocaines se positionnent désormais en première ligne sur ce business juteux. Le groupe Banque Populaire et Attijariwafa Bank se partagent le leadership sur ce marché. A travers sa filiale française, Banque Chaabi du Maroc (BCDM), le Groupe Banque Populaire mobilise en plus du canal des chancelleries marocaines, un réseau de 7 agences en France, 3 en Belgique, et une en Allemagne. Pass européen pour la BP Dans la foulée et avant la fin de cette année, est annoncé l'ouverture de deux succursales, dont l'une en Espagne et l'autre en Italie, de même, qu'une troisième à Londres. La filiale française du Groupe Banque Populaire a par ailleurs obtenu l'agrément « passeport européen », facilitant son implantation sur le vieux continent, ce qui va se traduire incessamment par un développement en Espagne, en Allemagne, en Hollande et en Italie. Quant à Attijariwafa Bank, la banque dispose du réseau en propre le plus étoffé, avec près d'une quarantaine de représentations. Via Wafacash, elle se situe en tête du palmarès sur le marché des transferts « instantanés ». Sur le drainage classique des fonds, elle est en 2ème position avec 30% de parts de marché à fin juin dernier. Avec la BCP, ce sont près de 80% de parts de marché qu'elles se partagent. Pour leur part, les banques à capitaux étrangers comme la BMCI, le Crédit du Maroc ou la Société Générale commercialisent leurs produits à travers le réseau de leurs sociétés mères. Autre acteur de poids présent sur le transfert d'argent international : Barid Al Maghrib. L'accord conclu récemment entre Poste Maroc et Poste Espagne permettra d'offrir aux Marocains résidant en Espagne un réseau ibérique composé de 2250 bureaux auquel fait face près de 1000 agences de Barid Al Maghrib. Le cash to compte alternatif Dans le sillage du transfert d'argent, un autre marché est en train de prendre forme : le paiement dématérialisé. Une économie moderne ne peut en effet se construire que sur la base de la circulation du cash. Services télécoms, régies d'eau, sites marchands, compagnies d'assurance (cniadirect.ma)… tout un segment de l'économie exige désormais que sa clientèle soit bancarisée. Devant le faible taux de bancarisation de la population, la solution « cash to compte » semble la parade idoine. CNIA, ONE, Lydec et Redal constituent des cas d'école à cet effet. En recourant aux solutions de M2T ou d'eFloussy, ces organismes permettent à leurs clients de payer dans des points de vente à distance quitte à recouvrer par la suite auprès des points de paiement le montant des factures encaissées. Les épiceries, téléboutiques, points de changes équipés d'une solution M2T ou Efloussy offrent désormais la prestation de paiement à distance. A l'avenir, le modèle peut être généralisé au paiement de tout type de services et permettre à l'économie des services de disposer d'un mode de réglement dématérialisé. Le transfert d'argent et le paiement dématérialisé sont présentés comme le marché financier de l'avenir qui brassera des flux en milliards de DH. L'arrivée du « M payment » devra ouvrir également de nouvelles opportunités. « Vous avez plus de 22 millions de portables. Il suffit d'ouvrir le transfert d'argent par SMS pour avoir un marché gigantesque. Ce sera la banque dans la poche de chaque Marocain » explique un spécialiste. Une vraie révolution qui est en marche… Imane Azmi