Festival Raï, et plus si affinités L'évènement raï de l'année s'est tenu à Oujda fin juillet. Le festival a réuni pas moins de 350 000 passionnés de ce genre musical, qui ont tenu, chaque soir, à faire la fête jusqu'au bout de la nuit. Ambiance. Jamais vu ça. Une pêche d'enfer, le sourire jusqu'aux oreilles, une énergie inépuisable même à quatre heures du matin : le public oujdi du Festival international du raï était en forme. Et c'est en partie ce qui a fait la réussite de ce jeune festival qui tenait, du 23 au 25 juillet dernier, sa 3ème édition. Le directeur artistique du festival, Moumen M'Barek, en était fier, de ce public, le soir de la clôture : “le public oujdi a le sang chaud, nous a-t-il confié. Il est réputé pour être très dur. Mais les gens sont très corrects et respectueux. Il n'y a pas eu de bousculade. Les gens viennent faire la fête”. Et ils ont dansé, encore et encore, seuls, à deux, en rondes, à la queue leu leu en acclamant leurs idoles. “La sécurité du festival est assurée par des Oudjis, renchérit Joël Musso, le régisseur général de scène. C'est le meilleur moyen pour que tout se passe bien”. 46 degrés à l'ombre Durant la journée, Oujda se tapit à l'ombre, écrasée par une chape de plomb qui s'abat sur elle dès le matin : 38 degrés à onze heures, jusqu'à 46 en plein après-midi. C'est sans doute l'une des raisons pour laquelle le festival s'est déroulé seulement la nuit, sur une scène en dehors du centre. Dommage, on aurait aimé qu'il s'intègre plus dans la ville, on aurait aimé “sentir” le festival vibrer autant à l'ombre des arcades du centre-ville et des ruelles de l'ancienne médina qu'en contrebas de la scène. Le soir venu, la foule s'éveille. Un peu difficilement au début, le jeudi soir. C'est en entendant les notes de Ya Mina Beslama, le tube de Rachid Berriah sorti en 1983, que le public a commencé à s'exciter. Parti sur sa lancée, il a réservé un accueil chaleureux à Hoba Hoba Spirit, un peu fatigués par leur tournée. Le leader Réda Allali a adapté pour l'occasion une chanson phare du groupe en lançant : “Bienvenue à Oujda !”. Selon les organisateurs, plus de 50 000 personnes ont assisté à la première soirée. Ce chiffre a pris une tendance croissante pour le week-end : 100 000 personnes sont venues le vendredi acclamer le jeune Younes, valeur montante du raï (belle voix mais textes aberrants), la grande Najat Atabou et le petit prince du raï Faudel. Zahouania et Bilal superstars Pour la soirée de clôture, plus de 200 000 personnes se sont amassées sur le terrain où la scène était installée. Le public était partagé en deux, comme dans tous les festivals marocains : un (trop) grand espace VIP devant, et la “masse populaire” au fond, très loin, mais très réceptive, qui a repris en cœur toutes les chansons de Zahouania et Bilal, têtes d'affiche principales du festival. Les deux artistes ont offert au public un duo surprise. “Zahouania, c'est une caillera ! lance Wazou, jeune Maroco-parisien qui réalise une vidéo sur Bilal. Vous avez vu comment elle cause au public, elle leur fait lever le bras comme chez les rappeurs. Et elle a cinquante ans !”. La révélation de cette troisième édition était sans conteste Moulay Ali, découvert l'année dernière par le célèbre dj David Vendetta. Ce dernier l'avait fait chanter pendant de son concert lors de la 2ème édition du festival international du raï. Cette année, Moulay Ali accompagnait le groupe africain multi-ethnique New Jungle en chantant des reprises de Khaled. “Il a presque la même voix que Khaled !”, s'est exclamé un spectateur en écoutant le chanteur. Selon le directeur artistique, Moulay Ali aura certainement son nom en haut de l'affiche lors de la 4ème édition du festival. Rendez-vous donc l'année prochaine. Marion Despouys