Le mois de juin est sacré à Essaouira. Normal, toute la ville vibre aux rythmes du festival Gnaoua musiques du monde dont la 13e édition s'est tenue du 24 au 27 juin. L'ouverture officielle a eu lieu jeudi soir, juste après le rituel de la parade des gnaouas avec cette année des spectacles de Fantasia en plus. A 20 heures, le ballet national de Georgie, l'ensemble Sukhishvili, est monté sur scène pour une belle fusion avec mâallem Mohamed Kouyou et Saïd Kouyou. «C'était un très beau spectacle, j'ai adoré, cela faisait longtemps que j'entendais parler de ce ballet de Georgie, mais je n'avais jamais eu l'occasion de le voir, là je suis comblée», déclare une spectatrice. Pas de grands changements cette année. L'esprit général de ce festival est préservé. «C'est un évènement qui a tenu à respecter son esprit depuis le départ et notre objectif n'est pas de capitaliser sur les têtes d'affiches à l'international», confie au Soir échos Ali Hajji de A3, l'agence productrice de Gnaoua musiques du monde. Même son de cloche du côté du directeur artistique Karim Ziad. «Ce festival n'est pas un festival de têtes d'affiches». Le souci des organisateurs de préciser cet aspect est de plus en plus apparent. Au fil des déclarations à la presse, cette annonce est faite comme pour confirmer certains principes du festival et aussi pour mettre les points sur les «i». «Le festival de Gnaoua est un projet culturel, c'est un travail de fond, d'ailleurs en parallèle, plusieurs chantiers de préservation de ce patrimoine musical sont en train d'être lancés». Ici, Ali Hajji fait allusion à l'inscription de la musique Gnaoua dans le patrimoine mondial de l'Unesco. Ce travail, c'est une association créée il y a un an qui le suit et le gère de près. On l'aura compris, il s'agit de l'association Yerma Gnaoua, présidée par le mâallem gnaoui Abdesslam Alikane qui est également directeur artistique du festival depuis sa création. Cette association a été créée spécialement pour s'occuper des avantages sociaux de tous les gnaouas du Maroc et non pas uniquement ceux de la ville d'Essaouira et région. «Nous sommes actuellement sur deux projets importants, l'inscription de la musique gnaoua et des musiciens qui la font dans le patrimoine culturel de l'Unesco et aussi, l'obtention des cartes d'artistes pour ces gnaouas et leur inscription à la mutuelle nationale des artiste», déclare Fouzia Saoudi, la secrétaire générale de l'association Yerma Gnaoua. Concrètement, 25 dossiers ont été déposés auprès du ministère de la Culture pour l'obtention de la carte d'artistes. «Mais nous attendons toujours la réponse», souligne t-elle dans des propos au Soir échos. Côtés mutuelle des artistes et couverture maladies, une frange de 20 mâallems gnaouas a été inscrite à la mutuelle et pourra bénéficier de la couverture maladie. «Ils peuvent déjà commencer à être remboursés sur leurs frais médicaux», assure Fouzia Saoudi. Cette dernière précise également que l'association prend entièrement en charge le dossier d'adhésion de tous les mâallems gnaouas. Au total, ils sont 120 dans tout le Maroc et l'association dit oeuvrer pour qu'ils bénéficient tous de cette couverture maladie et des autres avantages sociaux comme n'importe quel autre artiste. Mais cette mission n'est pas de tout repos puisque les mâallems gnaouas ont un rythme très particulier. «Pour constituer leurs dossiers, on a besoin de plusieurs papiers, quand on les leur demande, ils prennent beaucoup pour nous les fournir», souligne une source de l'association ayant souhaité garder l'anonymat. Mais ce n'est pas pour autant que l'équipe de Yerma Gnaoua va baisser les bras. «Nous allons y arriver, cela prendra le temps qu'il faudra, mais l'essentiel c'est qu'on y aille jusqu'au bout», souligne Fouzia Saoudi.