Bonjour les gens. En attendant l'entrée en lice de l'équipe la plus attendue de ce mondial de foot bien tiède, à savoir la Roja espagnole, le groupe de la mort comportant la Côte –d'Ivoire, le Brésil, le Portugal ainsi que le petit poucet communiste nord-coréen, s'est enfin mis en branle pour un résultat plutôt mitigé et du spectacle et de l'abnégation pas forcément du côté où on l'attendait. Révisons tout d'abord notre jugement férocement subjectif et pleinement hâtif : le Ghana ne sera pas notre seul digne représentant africain dans cette Coupe du Monde poussive et pas sexy pour un sou ; les Ivoiriens parfaitement drivés par un maître ès-tactique, le très décrié Sven-Goran Erikson, ont montré de très belles choses face au Portugal du métrosexuel Cristiano Ronaldo -par ailleurs le seul lusitanien compétitif sur le terrain. De la hargne, de l'envie, un bloc-équipe soudé autour d'un projet de jeu, et tout ça avec Didier Drogba sur le banc de touche. Ce qui amène à se poser la question de savoir si la clé n'est pas là justement, cette mise à l'écart voulue ou non des stars qui plombent le jeu de leur équipe ou tout du moins brident leurs coéquipiers qui ne parviennent pas à se mâcher et à exprimer tout leur talent ; Exit Ballack et l'Allemagne effectue le plus séduisant départ de la compétition. Essien blessé et le Ghana donne subitement envie de s'accrocher corps et âme à cette équipe. Drogba sur le banc, et les Eléphants paraissent du coup bien légers, comme débarrassés d'un poids, limite éthérés. Une solution qui, en revanche, montrerait ses limites avec certaines équipes pourtant en difficulté, la France par exemple car dotée de trop de melons à écarter, ou encore l'Algérie pour la raison simple qu'elle n'a pas de stars dignes de ce nom. Mais l'on s'égare, l'on s'égare. Quoique des stars, il y en avait également dans la rencontre des extrêmes, celle des vaillants nord-coréens disciplinés et humbles à leur mettre des claques pour les secouer un peu, et des Brésiliens qui n'en avaient que le nom. Parce que franchement, le jogga bonito personnifié par les Pelé, Garrincha, Zico, Socratès, Zidane (ah non, il est français celui-là, quoiqu'en 2006…), Ronaldinho et une liste longue comme le bras a bel et bien été remisé aux oubliettes en 1986, et depuis, il est porté disparu. Cette équipe de la seleçao est plus européenne et défensive qu'autre chose, frileuse même par moments (deux milieux récupérateurs, Silva et De Melo, contre des amateurs, c'est un sacrilège), et si l'on ajoute à cela un Kaka qui joue à trois à l'heure et sur un pied en plus, on en vient à remercier Dieu et un peu Dunga de nous offrir ce clown de Robihno avec ses multiples passements de jambes pour encore nous faire rêver un peu. Un comble. Avec un tel niveau de jeu, on regrette davantage l'absence de notre cher pays, le Maroc ; c'eut été une occasion unique, même avec nos délicieux boiteux, de gravir des échelons supplémentaires dans la compétition.