850.000 : c'est le nombre de clients qui ont opté pour l'offre Inwi, depuis son lancement, en février dernier. C'est Frédéric Debord, le directeur général de la filiale télécoms de l'ONA, qui annonce le chiffre au Soir échos. «L'engouement de la clientèle pour notre première offre a dépassé de loin nos prévisions de départ», lance non sans fierté Debord, mais sans pour autant préciser l'objectif initial sur lequel tablait l'opérateur. Selon Debord, ce sont des informations qui ne servent que pour l'utilisation interne. «Les clients ont surtout apprécié la facturation à la seconde et le tarif unique appliqué à l'ensemble des opérateurs», poursuit Debord. A l'heure de ce premier bilan, à combien se chiffre le revenu moyen par client (ARPU) de l'offre Inwi ? Debord indique que cette information n'est pas encore publiable. Il tient à préciser que les services associés à l'offre de base d'Inwi, à savoir le Blackberry adapté au prépayé et l'accès à Messenger via le portable, représentent 10% des revenus issus de cette offre. «C'est un niveau largement supérieur aux performances de ces services chez les autres opérateurs», note Debord. Le succès commercial étant au rendez-vous, d'après Debord, qu'en est-il de la situation financière ? Le patron d'Inwi peut-il déjà s'exprimer sur le niveau de rentabilité de sa nouvelle offre ? «Il est difficile de rentrer déjà dans ce genre de détails», lance Debord. Et d'ajouter, «nous avons dit que nous terminerons cette année avec un EBITDA (résultat d'exploitation) positif et nous le ferons. Pour l'année prochaine, nous tiendrons notre promesse de clôturer l'exercice avec un cash flow positif». Pour Debord, le produit CDMA contribue toujours pour beaucoup dans les performances financières d'Inwi (nom commercial de l'entreprise Wana Corporate). L'offre Inwi finira par atteindre les objectifs de profitabilité qui lui sont fixés, selon le DG. Malgré le succès annoncé de l'offre Inwi au terme des quatre premiers mois de son lancement, Wana Corporate mène une campagne médiatique autour de l'offre Bayn que l'on croyait délaissée. Spots télévisés, campagne d'affichage, nouvelle vague de promotions… Qu'est-ce qui explique de telles offres marketing sur un produit en phase de maturité, alors que l'offre Inwi est encore dans sa phase de lancement, même avec un nombre aussi important de clients ? «2 millions de clients tiennent toujours au produit Bayn», rappelle Debord. Qui plus est, le produit Bayn demeure un générateur de rentabilité pour l'offre globale de l'opérateur télécoms. Pour que la clientèle de Bayn reste aussi rentable, il faut bien l'entretenir par des campagnes de communication et de promotion. Au-delà de ces considérations commerciales, Debord rappelle l'existence d'un grand réseau CDMA, mis en place à l'époque de son prédécesseur Karim Zaz. Bien que l'actuel DG ait considéré, dans une sortie médiatique, l'installation du réseau CDMA comme une «erreur stratégique», il faut bien que ces installations qui ont absorbé une bonne partie de l'investissement de départ de Wana Corporate, soient rentabilisées. Dans le segment Internet 3G, les clients ont de plus en plus du mal à se retrouver face à une offre dont les prix baissent à un rythme accéléré. Au début de cette année, le modem valait sur le marché entre 400 et 600 DH. Actuellement, il est vendu à moins de 300 DH, avec en plus des gratuités de connexion. Dans ce segment, Debord reconnaît que «les ventes se font à la limite de la profitabilité». En d'autres termes, les modems et connexions sont vendus au bénéfice minimum. Reste à savoir si les opérateurs sont en mesure de s'engager dans cette guerre des prix pour l'acquisition des parts de marché jusqu'à l'épuisement de leurs bénéfices. Reste le segment du post-payé, au niveau duquel le marché attend toujours le plus qu'apportera Inwi. Qu'attend Debord pour lancer son offre «révolutionnaire» dans ce segment hautement profitable ? «Nous avons déjà une offre post-payée disponible dans nos agences. Mais pour apporter notre plus il faut que le principe de la portabilité soit institué sur le marché. C'est ce qui permettra à la clientèle qui souhaite basculer vers nos services de le faire facilement», précise-t-il. Et d'ajouter, que «la portabilité est un projet que nous travaillons à trois. De ce fait, il devrait prendre plus de temps. Mais dès qu'elle sera acquise, nous ferons notre buzz dans le post-payé». Journée sans portable Quels effets chez Inwi ? Debord a beau parlé d'offres appréciées par la clientèle, cela n'a pas pour autant convaincu les promoteurs de la journée sans portable de faire marche arrière. Ce collectif de consommateurs qui veulent contester «la cherté des tarifs télécoms», avait pour rappel organisé leur journée sans portable dimanche 30 mai. Reste à savoir si cette action a eu des retombées, du moins chez Inwi. «Le jour où cette action a été menée, nous avons réalisé plus de revenu que le dimanche d'avant», assure Debord. Le DG d'Inwi précise que les promoteurs de cette journée se sont basés sur une étude réalisée par un organisme panarabe opérant dans les télécoms. «Cette institution ne s'est basée que sur le tarif facial des télécoms au Maroc sans prendre en considération les promotions et autres avantages accordés au clients. S'ils avaient retenu ces éléments ils se seraient retrouvés avec des tarifs beaucoup moins élevés», explique-t-il. Cet argument est-il de nature à convaincre ces consommateurs en colère. «En tous cas, Inwi apporte, à travers la facturation à la seconde et le SMS annonçant le solde, le plus de transparence que cherche le client», indique de DG d'Inwi.