Au-delà d'être un produit de base, le sucre est une denrée qui est difficile à produire. En effet, cultiver une plante tropicale dans un climat aride est en soi un défi. Un défi que le Maroc est déterminé à relever en augmentant sa production annuelle. D'ailleurs, le contrat-programme dont bénéficie la filière témoigne de l'intérêt qu'occupe cette filière dans le Plan Maroc Vert. Ce contrat-programme vise à atteindre à l'horizon 2013, une production en sucre de 675.000 tonnes, soit 55% des besoins intérieurs. Les ambitions de la filière sucrière et le 80e anniversaire de la Cosumar ont fait que le choix a été porté sur le Maroc pour présider, du 1er au 3 juin, la 37e session du Conseil de l'organisation internationale du sucre (OIS). «Le Maroc est un jeune membre de l'OIS puisqu'il n'y a adhéré qu'en 2007, mais c'est un membre très actif qui se place en tant que 3e pays producteur de sucre en Afrique», a déclaré Peter Baron, directeur exécutif de l'OIS, lors de l'ouverture de ce conseil à Marrakech. Pas moins de 85 pays membres représentant à l'échelle mondiale 82% de la production du sucre et 65% de la consommation étaient invités à cette manifestation qui prend fin aujourd'hui. Placé sous le thème «L'économie sucrière africaine : bilan et potentialité», cet événement a pour objectif de renforcer la coopération internationale concernant le sucre dans le monde en offrant un cadre favorable au dialogue et au partage d'informations. Mohammed Fikrat, président de l'OIS, estime qu'«Une rencontre mondiale de ce genre permettra de présenter la stratégie de développement et de mise à niveau de la filière sucrière marocaine». Selon Fikrat, le Maroc produit surtout de la betterave sucrière (35%) et seulement 10% de canne à sucre. Le reste est assuré par le raffinage du sucre brut (55%). Le contrat-programme de la filière, d'un montant de 3,6 milliards de DH, servira donc à restructurer l'activité dont la consommation annuelle augmente 25 à 30 mille tonnes. Interrogé par le Soir échos, Fikrat indique que pour répondre aux besoins de consommation croissant «la Cosumar est sur plusieurs pistes prometteuses en Afrique soit pour l'achat d'unités de production, soit pour l'accompagnement de structure existantes». Tenu par des clauses de confidentialité, Fikrat n'a pas souhaité donner plus de détails sur ces nouveaux projets. Par ailleurs, le secteur sucrier national revêt un intérêt particulier de la part des pouvoirs publics. A ce titre, Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, a déclaré lors de cet événement qu'en vue d'améliorer la compétitivité de la filière sucrière, l'intensification de la R&D est l'une des mesures qui seront prises et ce, par la mise en place d'un Centre de recherche et développement des cultures sucrières qui aura pour mission de conduire les programmes de recherche adaptative et appliquée. Aussi, le ministre a fait observer que l'Etat procédera à l'élargissement des produits éligibles à son soutien. Notons que le rôle stratégique de la filière sucrière dans le Plan Maroc Vert fait d'elle une filière phare. Abir Mseffer, du ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime attire d'ailleurs l'attention sur le fait que «cette filière est une réussite au niveau de son business model de l'agrégation. Elle fait preuve d'une forte organisation en amont comme en aval. D'ailleurs, celle-ci agrège pas moins de 80.000 agriculteurs». Pour Mseffer, le secteur doit continuer dans le sillage de ce modèle d'agrégation. Panorama de l'économie sucrière L'OIS, acteur «neutre» dans l'économie mondiale La production mondiale de sucre a augmenté en moyenne de 2,8% par an depuis l'année 2000, pour atteindre 162,5 millions de tonnes en 2008. La production de canne à sucre représente la plus grande partie de la production mondiale de sucre. Les gains les plus représentatifs au cours des dix dernières années ont été enregistrés au Brésil, au point que la situation des approvisionnements en Amérique du Sud, ainsi que le marché mondial, sont dominés par le Brésil. La production du Brésil (et les exportations) a rapidement augmenté de 2000 à 2008. Désormais, les exportations représentent près de 50% du commerce mondial du sucre. En Afrique, l'économie sucrière représente 5,7% de la production mondiale, soit environ 19% des importations et 6% des exportations mondiales. L'impact de cette denrée sur le quotidien des consommateurs est direct. Ceci dit, l'Organisation internationale du sucre (OIS) malgré son statut d'organisme international n'agit pas pour la régulation du marché sucrier mondial. «L'OIS n'est pas une organisation commerciale, elle n'a donc pas de rôle dans la stabilité des prix du sucre. Sa mission est d'aider et soutenir les membres à faire face aux défis de production de cette denrée» a déclaré Peter Baron, directeur exécutif de l'OIS. Toutefois, l'intervention de l'OIS est plus que sollicitée, surtout que la production sucrière sert de plus en plus à la production de biocarburant. La production mondiale du bioéthanol devrait croître de 13% pour atteindre environ 83 milliards de litres en 2010. Selon Peter Baron, le sucre n'entre pas en concurrence avec les autres cultures (maïs, colza…) pour la production des biocarburants. Quoique dans l'avenir il est amené à être utilisé comme combustible pour faire de l'électricité. D'ailleurs, c'est le cas au Brésil où 25% de l'électricité est produite par de la canne à sucre.