* LOCP dispose déjà de trois champs dexpérimentation de moins de 25 ha pour la culture dune dizaine de variétés de la Jatropha. * Stokvis Nord Afrique, via sa filiale CM2D, a signé un protocole daccord avec la FADIA pour la réalisation dun projet intégré englobant la culture du sorgho, la création dune usine de fabrication de pâte à papier et linstallation dune unité de production de gaz méthane par biomasse. * La Fédération de lénergie est foncièrement opposée à de pareilles expériences. Pays non producteur de pétrole et très dépendant des importations de produits énergétiques, le Maroc a, depuis quelques années, déployé dimportants efforts pour diversifier son panier énergétique, réduire sa dépendance et sinscrire dans une démarche defficacité énergétique. Dailleurs le pays envisage, à lhorizon 2012, de réduire sa facture énergétique de 15 % grâce aux différentes actions développées dans le cadre du plan quinquennal du ministère de lEnergie. Mais, une nouvelle voie vient de souvrir pour le pays : le biocarburant ! En retard peut-être sur dautres pays comme le Brésil ou autre, mais il est heureux de constater que le Maroc a tiré les enseignements des expériences précédentes en optant pour des variétés peu consommatrices deau. Parler du Maroc serait trop dire. Il sagit en fait de deux essais lancés respectivement par lOffice Chérifien des Phosphates (OCP) et la Compagnie Marocaine de Développement Durable (CM2D), filiale de Stokvis Nord Afrique. Pour cette dernière, lexpérience est à son démarrage. «Dans le but de développer les activités de CM2D, nous avons signé un protocole daccord avec la FADIA (Fondation internationale pour laide au développement agroalimentaire) pour la réalisation dun projet intégré englobant la culture du sorgho, la création dune usine de fabrication de pâte à papier et linstallation dune unité de production de gaz méthane par biomasse. Ce gaz pourra être utilisé comme biocarburant», explique Chakib Ben El Khadir, Administrateur Directeur Général de Stokvis Nord Afrique. Pour le cas de lOCP, deux impératifs motivent les expérimentations que mène lOffice concernant le biocarburant. Dabord, des économies dénergie qui impliquent inéluctablement le deuxième impératif quest une meilleure protection de lenvironnement, explique Saïd Mouline, Directeur conseiller du Directeur général LOCP a démarré lexpérimentation dans sa pépinière de Khouribga et dans deux autres plantations réhabilitées à Benguerir et à Jorf Lasfar, avec une dizaine de variétés de la Jatropha. Cette plante à graine est originaire dAmérique Centrale et ces graines contiennent jusquà 37 % dhuile. Une huile qui peut être utilisée, à létat brut, en tant que biodiesel pour des moteurs diesel et qui peut, une fois raffinée, servir à des utilisations plus spécialisées. Ainsi, pour un litre de carburant, il faut compter 5 kilos de graines. Lexpérience de lOCP a depuis son lancement, suscité la curiosité et lintérêt des investisseurs étrangers. «Lexpérimentation est menée sur danciennes carrières de lOCP réhabilitées; la plante nest pas consommatrice deau et peut pousser dans des terrains arides», souligne Saïd Mouline. Pour le Sorgho, qui est une plante annuelle, elle a comme caractéristique son faible besoin en eau. «En effet, il sagit dune plante qui peut être cultivée dans des zones semi-arides ne nécessitant pas dirrigation. La culture du Sorgho ne remplacera pas les cultures vivrières et noccupera pas les terres destinées à la production alimentaire», assure Chakib Ben El Khadir. «Le Sorgho a pour avantage doffrir des rendements meilleurs que dautres plantes (maïs ). Nous pouvons aller jusquà 7.000 m3 de méthane par hectare. Ce biogaz peut être utilisé pour le chauffage, la production de lélectricité propre ou encore de lénergie mécanique. Il peut donc être utilisé comme carburant pour voitures», avance lAdministrateur Directeur général de Stokvis Nord Afrique. Ce genre dinstallation peut, par exemple, permettre à une coopérative datteindre lautosuffisance en matière de production dénergie. La culture du Sorgho permettra à des centaines de propriétaires de terres non exploitées d'accéder à un revenu régulier et ils pourront bénéficier dune énergie propre et pas chère. En effet, il est important de souligner que les deux plantes ne sont pas consommatrices deau et ne remplaceront pas les cultures vivrières. Surtout au vu de la récente crise alimentaire qui avait remis en cause les expériences de biocarburant à base de canne à sucre ou de maïs. Mais pour le Maroc, il faut attendre entre 3 et 5 ans avant de voir du carburant vert dans nos réservoirs. Dabord, parce que les pionniers en la matière sont à leur stade dessai, mais également, comme le souligne Saïd Mouline, il est primordial de créer un cadre réglementaire et fiscal pour transformer lessai. Moulay Abdallah Alaoui, foncièrement contre ! Malgré les arguments avancés par lOCP et Stokvis Nord Afrique sur le fait que la Jatropha et le Sorgho sont cultivables sur des sols arides puisque ce sont des plantes qui ne consomment pas beaucoup deau, Moulay Abdallah Alaoui, Président de la Fédération de lEnergie reste foncièrement opposé à ces expériences car, pour lui, lobjectif prioritaire pour le Maroc est de nourrir sa population et non pas les voitures. «Il ne faut pas se lancer dans ces aventures où lon sacrifie les terres pour le carburant. Il existe au Maroc beaucoup de terres arables dont il suffit de diversifier les cultures. Je ne peux donc cautionner ces velléités et appelle à ce que lon applique lexcellent Plan vert du ministre de lAgriculture !», explique Moulay Abdallah Alaoui. Le Président de la Fédération de lénergie argumente sa réticence par limpact qua produit le biocarburant dans le monde : «La production du biocarburant ne constitue pas une protection de lenvironnement, puisque des forêts entières ont été détruites pour le produire». Il estime que le développement du biocarburant consomme de grandes quantités dénergie, deau et utilise des terres arables. De même que sa production provoque une réduction de la production alimentaire et une hausse des prix des denrées dans le monde entier. Au delà de cet aspect, Moulay Abdallah Alaoui estime quil est important déviter de perturber les mécanismes du marché. Dailleurs, pour lui, aucun produit ne peut être viabilisé à long terme sil va à lencontre du marché. Il poursuit son propos en prônant que le soleil est la meilleure énergie renouvelable puisquil est abondant, gratuit et disponible. «Ces énergies renouvelables sont plus que suffisantes pour répondre aux besoins croissants du monde pour le reste du siècle», conclut-il.