Vous êtes ici : Actualités / Culture / Marwan Khoury : le crooner de Ben M'sick Parmi le florilège de têtes d'affiche venu agrémenter le festival de Casablanca figure le remarquable compositeur, pianiste et poète libanais Marwan Khoury. Celui-ci n'a pas manqué, comme à son habitude, de livrer un concert contemplatif à souhait, vendredi soir sur la scène de Ben Msick, après la performance de la chikha Tihihit qui a chanté en berbère et l'hystérie du concert du rappeur national Don Bigg. La grande place de cette localité – qui a accueilli ce soir-là 100 000 spectateurs – a vibré au rythme lyrique du très charismatique chanteur dont le concert, en ces temps d'opprobre, a mis le baume aux coeurs. Pendant une heure et demie, les mordus des belles paroles se sont laissés bercés par le timbre tout à tour grave, sobre et suave de cette vedette venue du pays du Cèdre. Tout en délicatesse, sa voix mêlait recueillement, gravité, mélancolie et douceur, nous livrant un cocktail de ses chansons les plus célèbres dont notamment « Kol el assayed » (Tous les poèmes), une ballade qui a fait sa réputation et qui a été entonnée allègrement par ses fans marocains. Avant d'investir la scène du festival de Casablanca, le chanteur a donné un concert au festival International de Sousse en Tunisie. Très apprécié par le public maghrébin, cet arrangeur de renom a notamment chanté en duo avec la chanteuse marocaine Karima Skalli « Anta » sur la scène Nahda de Rabat, lors de la 11e édition de Mawazine en 2012. Il a surtout composé pour des grands noms de la musique arabe tels que la prodgieuse Majida el Roumi, la pétillante Elissa, les incontournables Najwa Karam et Nawal Zoghbi, le chanteur tunisien Saber Rebaï et la grande voix syrienne Assala Nasri. Sur des airs de romance Ce porte-flambeau de la chanson fleur bleue, est souvent comparé à son compère libanais Fadel Chaker du temps où il était crooner aux allures de playboy, et avant qu'il ne se convertisse en un salafiste barbu qui soutient la rébellion syrienne, laissant ses innombrables fans perplexes. Mais revenons à notre poète, ce chantre de la chanson tendance romantique se dit être «très sensible de nature ». « Dans mes chansons, je renvoie ce que je suis réellement, un mélange de romance et de poésie ». Il ajoute : « Mais les tumultes de la région me perturbent et m'empêchent actuellement de m'adonner à ce genre de chansons et de textes ». Très affecté par les mutations et les remous qui minent la région, et notamment son pays qui connaît en ce moment une grande vague de violence, il projette de composer des chansons engagées. « Je n'ai pas encore complètement sauté le pas, et chanter le Printemps arabe est une mission délicate qui prendra du temps. Le phénomène de chanter les révolutions devient quelque peu commun actuellement et je cherche une œuvre qui a un impact profond », poursuit la star libanaise. Quant à son attachement à son pays d'origine, il a déclaré : « Ma chanson porte le Liban, tout ce que je fais découle de mon appartenance et de mon amour pour ce pays ». Le compositeur avait collaboré récemment avec la talentueuse chanteuse écrivaine et actrice syrienne Amal Arafa, pour laquelle il a composé le titre qu'elle avait écrit elle-même en hommage à la Syrie. Un crooner au parcours de costaud Accusée souvent d'être commerciale, la scène musicale libanaise peut se targuer de la créativité de ce poète-compositeur qui sort du lot et qui a du talent à revendre. Marwan Khoury a étudié la musicologie, l'histoire de la musique et le piano à l'Université Saint-Esprit de Beyrouth. Il a participé à plusieurs émissions musicales libanaises, en tant que chef d'orchestre, et a remporté plusieurs prix dont le prestigieux Murex d'Or, un des prix artistiques les plus convoités du Moyen-Orient, qui cible les artistes libanais et arabes, et dont la cérémonie a lieu annuellement au Liban. Après une carrière de claviériste, il s'est fait connaître en tant que chanteur à part entière avec la chanson « Fik Yamma Balak » (Avec ou sans toi) qu'il a composée en 1994, suivra son deuxième single « Lasbor ala Wellah » (Je serai patient) en 1997, qui le propulse au devant de la scène. Son premier album « Khayal el Omer » (Eternel chevalier ) sorti en 2002 obtient un succès phénoménal, et s'accompagne d'un vidéo clip pour le morceau « Ya chog » (La passion) pour lequel il rafle le premier Murex d'Or en 2003. En 2004, il s'associe avec Rotana, le plus grand label musical de la région et concocte « Kil el Qassayed » (Tous les poèmes), second album pour lequel il rafle le second Murex d'Or qui lui est attribué en même temps que les titres de meilleur chanteur/compositeur, meilleur clip vidéo et meilleur album de l'année. La consécration ! Ses textes – véritables coups de force lyrique – et sa voix qui le mènent aux quatre coins du globe. En 2005, le chanteur participe au festival de Carthage et en 2007 il est convié à l'Opéra House d'Egypte. En 2006, il sort son troisième album « Qasr el Shoo» et enchaîne par la suite les créations et les albums. Aujourd'hui, il a à son actif six albums qui se classent au top des charts et dont les pépites ont manifestement su enchanter les amateurs du genre, vendredi soir. La ballade romantique semble inoxydable !