Vous êtes ici : Actualités / A La Une / 60% des Marocains vivent au jour le jour ! «Je ne gagne rien donc j'économise». Une citation qui illustre parfaitement le vécu au goût amer des Marocains qui peinent à joindre les deux bouts. La dernière enquête de conjoncture auprès des ménages que le Haut commissariat au plan (HCP), vient de rendre publique, porte à croire que leur situation financière emprunte toujours une tendance à la détérioration. «Pour 58,4% des ménages, leurs revenus couvrent leurs dépenses, alors que 35,9% d'entre eux s'endettent ou puisent pour cela dans leurs épargnes. Seuls 5,7% des ménages déclarent pouvoir épargner une partie de leur revenu», peut-on lire. Ces opinions relatives au deuxième trimestre de l'année en cours montrent à quel point le pouvoir d'achat est en net déphasage avec le coût de la vie que l'on pourrait-sans grand risque de se tromper- le comparer avec celui de l'Europe voire des Etats Unis. Il paraît en effet que le moral des consommateurs est en berne ce qui est d'autant plus vrai que leurs prévisions d'évolution de leur situation financière ne laissent présager rien de bon. «Le solde d'opinion atteint son niveau le plus bas depuis 2007 (0,7 point)». Ce pessimisme contraire à la disposition d'esprit des Marocains trouve son fondement dans le contexte économique morose et voilà que l'indice de confiance des ménages (ICM) subissait une détérioration de 6,5 points en comparaison annuelle. La perte de confiance des ménages sur la situation économique d'une façon générale traduit donc «la même tendance à la dégradation», selon le HCP. Environ 52% des ménages jugent qu'il n' y a pas intérêt à faire des achats de biens durables au moment où 20,1% pensent qu'il y a au contraire une opportunité. Anticipant le pire, les ménages voient de jour en jour leurs capacités d'épargne se fragiliser, incapables d'ailleurs de boucler leur budget pour la plupart. L'arbitrage corsé Dans la foulée de ces tendances l'arbitrage entre consommation et épargne se corse. Généralement, le taux d'épargne au Maroc est très faible et ce, malgré les grands efforts déployés dans ce sens comme la quête de nouvelles cibles bancarisées. L'enquête révèle que «plus de huit ménages sur dix (85,1%) pensent ne pas pouvoir épargner au cours des 12 prochains mois contre 14,8% qui pensent le contraire». Un constat qui affiche leur attitude à se prémunir contre les aléas de la conjoncture. Quoique que les 12 mois à venir leur réservent une accentuation moins forte de l'inflation. Selon leurs prévisions, les prix des produits alimentaires enregistreraient un léger mieux. Trois ménages sur quatre (75,3%) qui anticipent une augmentation continue dans le futur de ces prix, alors qu'ils étaient 78% au premier trimestre de 2013. Le pronostic est à attribuer en quelque sorte à la moisson fructueuse de la campagne agricole en lien avec les niveaux pluviométriques rassurants. Un fait qui ne manquerait pas d'exercer un léger soulagement comme le fait croire la perception des ménages sur l'évolution future de leur niveau de vie. Etant donné que les dépenses de consommation absorbent plus de 40% de leur budget. Par ailleurs, le marché de l'emploi est appelé lui aussi à se dégrader laissant augurer une hausse du stock des chômeurs. 76% des ménages prévoient une aggravation du chômage sur les 12 mois à venir contre 72,4% un trimestre auparavant et 64,4% un an auparavant. Cette perception négative des consommateurs traduit tout bonnement le manque de confiance dans l'environnement économique. Les faits sont là pour le démontrer. En 2012, l'économie nationale n'a pu créer effectivement que 1 000 postes d'emplois, résultat de la création de 127 000 emplois rémunérés et la perte de 126 000 non rémunérés.