Vous êtes ici : Actualités / Edito / Réforme du système éducatif S'il est un constat qui peut susciter le consensus parmi la classe politique toutes tendances confondues, c'est bien l'échec de notre système éducatif. Avec à peine plus d'un candidat sur deux reçu au baccalauréat, le résultat est sans appel. Si l'on y ajoute la piètre qualité des acquis, y compris par ceux qui ont décroché le fameux sésame, il y a de quoi s'inquiéter. Pourtant depuis plus de trente ans les réformes se suivent et résultat que l'on observe ne semble pas s'améliorer. Question de moyens ? Faux. La place de l'enseignement dans le budget de l'état illustre sa dimension vitale pour le pays. Du coup, les ratés pourraient être liés à un problème d'absence de vision ou d'approche idéologique qui ne souffre pas d'être mise en perspective avec la réalité. Parmi les réflexions qui s'imposent, la (mauvaise) gestion de l'arabisation et ses limites semblent échapper à toute critique et à toute remise en cause. A force de mélanger les choses, entre la sacralité de la langue, les fantasmes de l'identité nationale et le déni de la dimension multilingue du pays, nous formons chaque année des générations sans outils pour affronter l'avenir. La première évidence est ce rapport à la langue. Au lieu de parier sur l'ouverture sur le monde, le choix a été fait de se cantonner à l'arabe… jusqu'au bac. Après, à chacun de se débrouiller pour combler ses lacunes dans les langues «nouvelles» utilisées pour dispenser les formations universitaires, y compris au Maroc. Du coup, l'enseignement privé se positionne comme le meilleur des deux mondes avec des formations de meilleure qualité, qui reste à démontrer dans la majorité des cas. Cependant, l'émergence d'établissements privés pour l'enseignement supérieur est un piège. D'abord parce qu'elle instaure une sélection par l'argent, ensuite parce qu'ils ne sont pas en mesure d'absorber une part suffisante des bacheliers et enfin parce que ce faisant, le ministère dispose d'une échappatoire qui rend les statistiques moins pessimistes. Comme souvent, en prenant le temps de simplifier le problème et les solutions proposées, pourrions-nous rendre à l'enseignement ses lettres de noblesse et l'intérêt qu'il mérite dans un pays comme le notre.