Vous êtes ici : Actualités / A La Une / Casa Moda Academy fait des étincelles Tenu mercredi et jeudi derniers dans le nouveau bâtiment de Casa Moda Academy à Sidi Maarouf, le défilé de fin d'année (décliné en deux soirées) a fait sensation. Pour consacrer la sortie de la première promotion d'étudiants et l'aboutissement de trois années de formation, l'école n'a pas lésiné sur l'audace et l'originalité. Les jeunes créateurs ont su enterrer conformisme et tradition, jonglant avec des couleurs gourmandes, des lignes fun et des coupes ingénieuses. Les jeunes étudiants ont su marier le minimalisme des matières et la radicalité des formes et des volumes. Ils se sont amusés à accessoiriser, expérimenter, superposer, revisiter des thèmes, voyager dans les époques et jouer sur la fusion et les contrastes, avec une délicieuse originalité. Craquant ! Une planète fashion éthique Trois parties ont ponctué le défilé, orchestré par les étudiants eux-mêmes et encadré par les professeurs de l'Académie et la directrice de développement Sylvie Richoux elle-même. Sommés de travailler sur le thème « berbère sixties », les étudiants de première année ont réalisé un brassage explosif de djellabas, sérouals, perlages, broderies, « chouchas » et « sousdis » traditionnels, pompoms, passementerie et plissés berbères, customisés et déclinés en coupes modernes et futuristes. Ils ont travaillé sur les formes simples, les grands volumes et les matières malléables. L'ambiance était surtout au recyclage : les étudiants ont eu recours à un « non-tissu » écologique, résultat d'un procédé textile qui consiste à récupérer des déchets mélangés, à base de polypropylène, polyester et viscose. «Le tissu est mis au point spécialement avec notre partenaire, le laboratoire de l'ESITH (école supérieure des industries du textile et de l'habillement), nous explique Sylvie Richoux. « Nous avons voulu sensibiliser les élèves au volet de mode écologique et les former au monde de demain, une direction d'éthique qui me tient à cœur et qui caractérise notre enseignement ». Autre thème pour les étudiants de la première année: la transposition. Chapeautés par l'artiste Meryem El Hajj, ils se sont emparés de ce thème, jonglant entre transparence, superposition et lumière. Se basant sur la thématique « mouvement, support et surface » prônée par l'artiste, ils ont concocté des vêtements tout en volumes futuristes, en formes angulaires et en plastique. Résultat: des couleurs flashy et des superpositions qui font rêver. Le look casual détonant La deuxième promotion a joué la carte du street-art haut en couleurs. Les coupes surprenantes et avant-gardistes ont su contrebalancer les contraintes liés au travail de débutant, et les matières minimalistes. Avec « Knit jean et love story », les jeunes créateurs ont mixé entre effet doudoune vintage et look denim, s'amusant à inverser les tendances, habillant leurs modèles de baskets flashy, de motifs estampillés « enfance » et de couleurs acidulées. L'heure était aux tendances venus tout droits des années 80. Dans « Design talk » les variations personnelles ont primé et les jeunes ont su réconcilier le look girly chic et la réédition déjantée des années 30. Du tissu chiné, du satin, du lamé, du cuir, du strass, de la fusion comme on l'aime. Amal Soubrati, prix du jeune espoir 2e année a été récompensée pour son travail sur la forme, son choix de couleurs et de matières et ses constructions tout en volumes. La première promotion se lâche Les étudiants de la troisième année ont présenté leur toute première collection personnelle. Originalité des formes et dextérité manuelle étaient au rendez-vous. Partis loin dans leur recherche individuelle, les étudiants ont su repousser les limites de leur créativité. Sylvie Richoux, directrice de développement de l'académie nous explique : « Les étudiants de 3e année débutent l'année avec une recherche très personnelle et mettent en place leur processus créatif. Stimulés et dirigés pendant les années précédentes, ils sont livrés à eux-même en dernière année ». Baroque excentrique, rock ravageur avec des têtes de mort brodées, un prêt-à-porter funky et androgyne pour la gent masculine, vêtements street-art aux nuances fluo, look casual aux shorts courts et aux baskets flashy, les jeunes créateurs ont rivalisé d'inventivité, revendiquant une mode marocaine qui casse carrément les codes. Trois gagnants ont été récompensés par le jury : Anas Yassine, Assia el Ghazouani et Kamar Hilmi, pour leur recherche poussée. Kamar a dessiné des vêtements funky aux motifs bohème imprimés digitalement. Anas a créé un univers ethnique et éclectique, fruit de son regard excentrique sur la mode masculine, s'aidant de décolletés masculins inattendus, d'une recherche impressionnante sur les imprimés et d'un voyage conceptuel qui l'a mené en Afrique et en Asie. Assia el Ghazouani a su réveiller la « lady » lookée qui sommeille en nous. Sa « robe nuage » et le mix entre chapeaux, voilettes et imprimés vaporeux ont conquis jury et public. Les prix de mérite sont revenus à Zineb Rouass, pour sa collection rock'n roll, inspirée de la « motard attitude » et d'un univers punk inquiétant, et Yasmine Hamza pour sa collection hippie, qui rappelle les vêtements peace des années 70. L'événement est une belle occasion pour découvrir une jeune scène foncièrement décalée et une vision innovante de la mode marocaine. Longue vie à cette démarche « sans frontière ». Pour ceux qui souhaitent s'inscrire à Casa Moda Academy, le concours est prévu les 17 et 18 juillet. Envoyez vos dossiers sur le site www.cma.ma