Vous êtes ici : Actualités / A La Une / Les Marocains s'endettent de plus en plus Les Marocains ont de plus en plus de mal à rembourser leurs mensualités de crédits bancaires. C'est en substance ce qui ressort des dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib (BAM). L'encours des créances en souffrance s'est aggravé de 11,8% à 37,7 milliards de dirhams contre 35,3 milliards un an auparavant. Certes la tendance est à relativiser puisque le total de ces crédits dits «malades» ne représente que près de 6% des crédits distribués, mais pourrait, bien qu'il soit provisionné, causer des pertes pour les banques. Le risque de crédit pèse essentiellement sur les ménages. Comme le montre les créances sur cette frange de la clientèle qui ont observé une avancée notable de près de 14% à 15,8 milliards de dirhams en variation annuelle. Idem pour les sociétés non financières privées. Les impayés de celles-ci se sont accrus de 11,1% à 21,5 milliards de dirhams. En revanche, le groupe des «autres sociétés financières» a pu honorer quoique partiellement ses engagement envers ses banques créancières. Les créances douteuses ont reculé de 28,1% à 424 millions de dirhams. Visiblement, les institutions financières peinent à récupérer leurs dûs en ligne avec la dégradation de la conjoncture économique. Sur le court terme, les échéances impayées se sont aggravées de 27,6% à 8,5 milliards de dirhams à fin mars 2013 contre 6,7 milliards un an auparavant. Le risque opérationnel guette donc de près les banquiers. Cela les pousse à plus de vigilance en termes de surveillance prudentielle. Cette montée en flèche des mensualités impayées se traduit, selon l'économiste Mohamed Chiguer, par « la baisse du pouvoir d'achat c'est à dire les revenus en lien avec la dégradation du niveau de vie des consommateurs ». « Pour 57 % des ménages, leurs revenus couvrent leurs dépenses » Selon lui, ces derniers ont vu leur situation financière se détériorer sérieusement cette année là. « Un constat corroboré par la baisse significative du taux de fréquentation des super et hypermarchés », ajoute-t-il. Les résultats de la dernière enquête de conjoncture auprès des ménages réalisée par le HCP confirme cet état de fait. «Pour 57% des ménages, leurs revenus couvrent leurs dépenses, alors que 36,4% d'entre eux s'endettent ou puisent dans leurs épargnes. Seuls 6,6% des ménages déclarent pouvoir épargner une partie de leur revenu», relève t-on. La dégradation de la conjoncture économique se manifeste aussi par la baisse de l'encours global des crédits bancaires. À fin mai, ce dernier s'est inscrit en repli de près de 2% à 705,3 milliards de dirhams contre 719,2 milliards à fin décembre 2012. Autre indicateur, les créances sur l'économie. Leur encours a affiché un essoufflement pour se situer à 811,8 milliards de dirhams contre 728,9 milliards à fin décembre 2012. Selon la BAM, l'évolution du crédit bancaire s'explique par la baisse de 2,2% des crédits à l'équipement, après la hausse de 1,5% enregistrée en mai 2012 et le ralentissement de 9,1% à 5,2% des prêts de trésorerie et de 13,7% à 6,5% des crédits à la consommation. Visiblement les crédits immobiliers ont marqué au terme des cinq premiers mois de l'année en cours une reprise. L'encours des crédits immobiliers s'est amélioré de 6,7% à 227,7 milliards de dirhams au lieu de 220 milliards un an auparavant. Comparativement au mois de mars 2012, leur encours s'est apprécié de 3,5% pour s'établir à 226,4 milliards de dirhams. Cette évolution est dûe essentiellement à la relance des opérations d'achat. Selon Mohamed Chiguer, les crédits à l'habitat se sont améliorés de 9,2% à 156,2 milliards de dirhams en variation annuelle. Au moment où les crédits aux promoteurs immobiliers ont marqué une stagnation pour s'établir à 69 milliards de dirhams, soit une évolution annuelle de 0,1%.