L'économiste François Fadi Farra explique que pour intégrer la cour des grands, le continent noir est tenu de développer les niches industrielles dans lesquelles il possède de véritables avantages comparatifs. Pour y parvenir il doit travailler d'arrache-pied en termes de productivité. Certes il n'existe pas un modèle économique commun pour tous les pays, chacun a ses spécificités d'ailleurs, mais fédérer les efforts dans le cadre d'une grande zone de libre échange serait d'un atout hautement bénéfique, de l'avis de cet expert. Etre sur la voie des dragons asiatiques n'est pourtant pas une mince affaire. Aux yeux de l'économiste de Greg Mills, l'Afrique est démunie aujourd'hui de plusieurs atouts compétitifs à l'exemple de l'énergie, des infrastructures aussi bien matérielles qu'immatérielles, les ressources financières et humaines (compétentes)...Le continent est en train de voir son secteur manufacturier chuter de 17% ces dernières années. Quelles solutions alors : s'industrialiser à l'aide de capitaux étrangers ou bien se contenter du capital local ? Selon l'expert, il est essentiel de développer le tissu entrepreneurial local. C'est le noyau dur sur lequel il faut bien sûr compter sans pour autant négliger le transfert technologique qu'apportent les IDE. Mais ce tissu local pour qu'il soit à niveau a besoin de l'aide et d'un parrainage public. Mills conçoit que les aides et les mesures d'encouragement publiques sont particulièrement cruciales dans la protection du potentiel industriel émergent. Il cite l'exemple d'un parc industriel en Afrique du sud qui à son lancement avait abrité plus de 129 usines de production. Aujourd'hui le dispositif de soutien est levé. Il ne reste plus qu'une seule unité industrielle. De l'avis d'un homme d'affaires présent dans bien de pays , l'Afrique pâtit du manque d'organisation. Il estime qu'il faut déployer beaucoup d'efforts au niveau des coûts de transaction et de production pour les réviser à la baisse. Sans oublier le climat des affaires, une donne assez stratégique pour toute décision d'investissement. La mentalité et l'esprit d'entrepreneuriat est également pointé du doigt. «On insiste sur la croissance et pas sur l'emploi» L'entrepreneur conçoit le danger par exemple comme une opportunité et non pas comme une menace ou an danger. « Si vous voyez un tigre devant vous. Certains pensent immédiatement à la fuite. Alors que le businessman chinois pense, comment le dompter », explique-t-il. Les carences en matière de connaissances et de stratégies des entreprises ne sont pas en reste. Ici, c'est le système scolaire qui est visé en premier lieu, du fait des failles flagrantes au niveau de son efficacité. Un modèle qui est basé sur la mémoire et non pas sur l'analyse et la critique, souligne Mills. Un autre frein au développement des entreprises réside dans la réglementation. Les écarts juridiques sont tels que « l'Afrique n'est pas encore prête pour une stabilité poilitico–économique ». « Ce sont plus de 85 millions d'emplois qui seront transférés en Chine dans les prochaines années », avise cet opérateur économique. On montre du doigt les bourgeoisies nationales qui sont à l'origine de cette « croissance malsaine » incapable de répondre aux besoins énormes en termes d'emplois. « On insiste sur la croissance et pas sur l'emploi. Il arrive même que la croissance peut tuer l'emploi », comme le tient à préciser cet intervenant. Ce qui ouvre la porte au débat sur la qualité de l'emploi que veulent les officiels africains. Un emploi provisoire, durable ou décent ?