L'annonce par le Brésil de l'annulation de 900 millions de dollars de dettes au profit de douze pays africains en marge des célébrations du cinquantenaire de l'Union Africaine est une bonne nouvelle. Il ne faut juste pas y voir un élan de générosité altruiste mais une sorte d'escompte à l'envers. Avec 25 milliards d'échanges en 2012 entre le Brésil et le continent africain et de l'aveu même de la présidente Dilma Roussef, cette opération s'inscrit dans la volonté de renforcer et protéger les relations entre Brasilia et un continent qui suscite tant de convoitises. Il faut pourtant se dire que cet abandon de créances est la preuve de la dimension politique et hégémonique de l'instrument de la dette par les pays les plus riches qui y voient un moyen de maintenir la pression sur les pays les moins avancés ou, comme dans ce cas, une soupape que l'on peut activer selon les circonstances. Le poids de la dette, décrié par tant d'économistes, est un frein notoire au développement du continent africain. Quand en plus s'y rajoutent des événements de politique intérieure qui font voler en éclat les institutions nationales et marginalisent sur la scène économique mondiale des pays comme la Tunisie ou le Mali, l'urgence de les maintenir en survie devient une nécessité pour les pays en question comme pour leurs créanciers. L'annulation de la dette, n'en déplaise aux plus libéraux et à ceux qui les vilipendent au prétexte que cela saperait la confiance entre les prêteurs et les destinataires, devrait s'inscrire dans le cadre de la bonne gouvernance préconisée par les institutions internationales. En desserrant l'étau sur les pays les moins forts, cela ne fragilise pas les pays les plus riches. Le glissement qui se produirait, se ferait simplement d'une charge purement financière à une charge d'investissement qui profiterait autant aux bailleurs qu'aux peuples des pays concernés. Cette démarche consoliderait au contraire la confiance entre les deux parties. Surtout les bénéficiaires qui cesseraient de n'être qu'une vache à lait pour leurs partenaires.