Ces jours-ci la communauté africaine s'apprête à célébrer avec faste le 50e anniversaire de la création de l'OUA à Addis Abéba. C'est un moment de communion et d'émotion, certes, mais aussi d'interrogations majeures sur la mission de l'organisation. Il convient de rappeler que le premier noyau de personnalités qui avaient, déjà en 1961, jeté les bases de l'OUA réunissait à Casablanca du 3 au 7 janvier 1961 les chefs d'Etat de la République arabe unie d‘Egypte, du Ghana, de la Guinée, de la Libye, du Mali, le gouvernement provisoire révolutionnaire d'Algérie (GPRA) et Mohammed V qui présidait les travaux. Ce fut la constitution du groupe de Casablanca qui élaborera les prémisses de la Charte de l'OUA, créée en mai 1963... Depuis lors, le Maroc ne cessa de jouer un rôle significatif, acteur majeur et engagé, jusqu'en novembre 1984 où, soumis au jeu suicidaire du gouvernement algérien et de quelques pays africains, l'OUA intégra le Rasd, la fantomatique république sahraouie en son sein ! Entre 1963, date à laquelle Ahmed Balafrej, ministre des Affaires étrangères du Maroc avait apposé sa signature sur le texte de création de l'OUA et novembre 1984, il s'est passé quelque 21 ans... Sauf que, le problème du Sahara qui a motivé le départ du Maroc de l'OUA avait été au préalable déjà évoqué lors de la création de l'organisation panafricaine. En effet, le Maroc avait expressément émis des réserves sur la clause des « l'intangibilité des frontières post-coloniales » ! Il demandait également à ce que la question du parachèvement de son intégrité territoire soit prise en compte, en attendant que celle des frontières avec l'Algérie, au sud-est, puisse être réglée plus tard avec nos voisins... Place au partenariat Sud-Sud Ce qui se passera par la suite , nous le connaissons puisque le gouvernement algérien, non seulement ne respectera jamais les engagements pris à Addis Abeba, mais déclenchera la guerre contre le Maroc à Hassi Beida et Hassi Messaoud… La question du Sahara sera instrumentalisée naturellement et divisera même l'Afrique, le jeu des pressions pour la reconnaissance de la rasd et du polisario la mettant à mal. Quand le Maroc quittera l'OUA, il ne quittera pas l'Afrique, mais continuera au contraire à développer de fortes relations d'Etat à Etat et à mettre en place une coopération économique, technique, culturelle et humaine, diversifiée, renforcée et illustrant ce qu'on appelle le partenariat Sud-Sud. A l'avènement du roi Mohammed VI, une nouvelle orientation africaine s'est imposée d'elle-même, parce que le souverain cultive une conception inédite des relations du Maroc avec l'Afrique... Il a entamé une série de visites, au Sénégal, au Niger, en Gambie, en Afrique Equatoriale, au Gabon, en Côte d'Ivoire, à la RDC notamment. Il a donné une impulsion nouvelle au partenariat stratégique maroco-africain, ouvrant la voie à de grands projets de développement économique et social, mettant à la disposition de ces pays l'expérience et le savoir faire du Maroc, ainsi qu'un transfert des technologies. C'est si vrai que le Maroc, pendant cette période où il est resté absent de l'OUA et de l'UA, a pleinement assumé ses responsabilités africaines, ne s'est jamais écarté de sa ligne traditionnelle, à savoir une présence solidaire auprès des pays africains... Le fait est que la plupart des pays qui avaient reconnu, sous la pression algérienne, la rasd, en sont revenus et ont soit gelé leurs relations avec elle, soit retiré leur reconnaissance ! L'excellente relation Maroc-Afrique Depuis quelques années, aussi, le Maroc semble renforcer sa présence sur le continent beaucoup plus que certains – notamment adversaires – le pensent. Les groupes privés, Attijaraiwafa bank ; BMCE Bank, Maroc Télécom, la CNIA, OCP Group, Royal Air Maroc se bousculent au portillon, relaient ainsi les efforts de l'Etat et s'inscrivent notamment dans l'esprit des visites que le roi effectue régulièrement dans le continent. On peut, à coup sûr, avancer que la relation Maroc-Afrique ne s'est jamais aussi bien portée que depuis que le Maroc, par réflexe, s'est retiré de l'OUA, laissant les Kadhafi et autres la prendre d'assaut... L'avenir de l'Union africaine s'est tracé dans une sillon qui sentait à vrai dire la complaisance et la corruption, notamment d'un secrétaire général de l'organisation aujourd'hui converti et qui, à l'époque, s'était acharné – envers et contre tout – à faire admettre la rasd comme Etat membre. Bon nombre de pays, exceptés ceux qui continuent à faire allégeance au gouvernement algérien, se sont ravisés... Ils plaident pour un retour du Maroc au sein de l'organisation panafricaine, ils en appellent à la légalité et à la justice ! Or, c'est là le nœud gordien : dans quelle mesure un simple mouvement sans reconnaissance de l'ONU, sans territoire reconnu et sans vrai peuple peut-il être accepté et intégré en tant que pays membre de l'UA, si le ridicule et le dérisoire ne s'étaient emparés de cette dernière, si des responsables aveuglés par l'ignorance du dossier n'avaient pas mis en œuvre une politique antimarocaine ? Comment à présent le Maroc devrait-il accepter son retour au sein de l'UA, dont il n'a pas signé le texte de création d'ailleurs, avant que la rasd n'en soit expulsée comme il l'a toujours exigée ? Une bataille de principes est engagée depuis des lustres et le Maroc se fait fort, dans ces conditions, de défendre les siens, convaincu du bien-fondé de sa cause, de son dossier et prévenu aussi des méfaits que certains lui infligent... Cofondateur de l'OUA, il a aussi signé le texte de la charte d'Addis Abeba qui, entre autres clauses, stipulait l'irrépressible défense de l'unité nationale des Etats, leur souveraineté nationale et de leur intégrité territoriale...