Le mardi 23 avril 2013, un attentat à la voiture piégée détruit une grande partie de l'ambassade de France à Tripoli, blessant deux gendarmes français. Selon les propos du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, il aurait pu y avoir « un carnage ». La traque des coupables n'a pas encore donné de résultat, mais il est probable que l'on s'oriente vers des terroristes islamistes souhaitant « punir » la France de ses engagements récents sur le continent (Libye, Mali...) ou vers des nostalgiques du Colonel Kadhafi, selon les dires d'un représentant libyen. Une semaine plus tôt, le lundi 15 avril 2013, les Etats-Unis sont eux aussi touchés : lors du Marathon de Boston, l'un des plus emblématiques du pays, plusieurs explosions sont déclenchées, provoquant la mort de trois personnes dont un enfant de huit ans, ainsi qu'une centaine de blessés, certains très graves. La prudence est alors de mise au sein des autorités, le Président Obama en tête, qui demeurent à escient relativement floues pour ne pas accuser à tort, avec les conséquences politiques et diplomatiques que l'on peut aisément imaginer. Grâce à un travail remarquable des services de sécurité américains (FBI en tête), les deux coupables sont rapidement neutralisés, le premier est tué tandis que le second est blessé grièvement. Il s'agit de deux frères, Tamerlan et DjokharTsarnaev, le premier souhaitait faire partie de l'équipe olympique américaine de boxe tandis que le second, ayant obtenu la nationalité américaine l'an passé, bénéficiait d'une bourse d'étude pour l'université. La famille des deux jeunes vit depuis une dizaine d'années aux Etats-Unis, après avoir fui l'ancien bloc soviétique. Selon les premières informations disponibles, l'aîné, Tamerlan, serait le « cerveau » de l'opération. Il se serait rendu au Daghestan en 2012 où il se serait radicalisé ; il aurait également appris sur Internet les rudiments pour fabriquer une bombe. L'information reste à confirmer, mais Boston n'était qu'une première étape, les deux frères avaient pour objectif de viser Times Square à New York. Déjà en 2010, un immigré pakistanais, FaisalShazad avait tenté de faire sauter un camion piégé sur Times Square. Ceci doit nous interroger sur plusieurs réalités. Tout d'abord, l'idée de faire la guerre contre le terrorisme est une notion inadaptée, car le terrorisme a plusieurs visages, répond à des logiques diverses en fonction des stratégies adoptées. Il est donc préférable de mener la lutte contre les terroristes, en identifiant s'il s'agit de « loups solitaires » ou au contraire de membres d'organisations identifiées comme Al-Qaïda par exemple. C'est un combat où il n'y a pas réellement de vainqueur dans la mesure où les services de sécurité des pays visés auront beau être efficaces, ils ne pourront assurer la fin du terrorisme, tout au plus parviennent-ils à neutraliser une cellule terroriste. Mais le recours au terrorisme ne peut disparaître pour des adversaires qui ont bien compris les failles des pays cibles. Dans la plupart des cas, il s'agit de démocraties, comme en France ou aux Etats-Unis, où la population est évidemment beaucoup plus impliquée dans le processus politique que dans d'autres régimes politiques, et où le moindre signe de vulnérabilité (un problème sécuritaire, sanitaire...) fragilise très rapidement le pays touché. Aux Etats-Unis, les réseaux sociaux ont ainsi été les vecteurs d'une véritable chasse à l'homme numérique, avec des dérives regrettables, les citoyens s'improvisant enquêteurs et des innocents étant présentés comme terroristes. C'est au pouvoir politique de calmer autant que faire se peut la population dans ce genre de crise. La situation est encore plus spécifique dans le cas américain parce que les ennemis étaient déjà présents sur le territoire national, intégrés, profitant des services d'un pays qui les a accueillis. L'incompréhension est donc grande pour comprendre les motifs de ces actes terroristes. Le risque, fantasmé par certains il est vrai, d'une radicalisation des positions du côté des victimes doit être pris en compte, avec cette possibilité, faible mais réelle, que l'on associe étranger à terrorisme. Une polémique commence à se faire jour concernant d'éventuelles erreurs du FBI dans cette affaire, mais même si c'était vrai, rappelons que la tâche des services de renseignement et de police est titanesque et qu'ils évitent déjà un grand nombre d'actes terroristes. Sans pour autant prétendre éradiquer le terrorisme, il faudrait en cibler les origines qui peuvent être multiples. Le fanatisme religieux sera toujours compliqué à combattre, de par l'irrationalité qu'il instaure, mais à l'inverse, le terrorisme politique qui profite de malaises sociaux majeurs peut être endigué via des politiques volontaristes (programmes de développement) et des coopérations interétatiques réelles. Il en va des équilibres géostratégiques du monde.