A croire le Centre marocain de conjoncture (CMC), l'indicateur global de l'activité économique, à savoir le PIB subirait une perte de 0,7% cette année. A l'origine de cette croissance contrariée, les fortes intempéries qu'a connues le pays durant le mois de février dernier. L'ampleur du sinistre et l'importance des dégâts ayant affecté l'homme, la nature et l'activité économique ne sont plus à démontrer. Les conjoncturistes ont procédé ainsi à la première tentative d'évaluation des pertes économiques subies. Il en ressort ainsi que les secteurs d'activité les plus sinistrés sont le secteur agricole, les infrastructures de production, le secteur industriel et les services dans leur ensemble, le tourisme, les transports et les activités de logistique et de commerce, bien qu'ils soient impactés à degrés variables. En détail, c'est le secteur agricole qui accuse la perte la plus frappante. Elle tournerait aux alentours de 5,2 milliards de dirhams soit 5,8 % de la production totale du secteur. D'après les conjoncturistes, «cette baisse devrait se répercuter d'une façon proportionnelle sur la valeur ajoutée agricole et ferait fléchir cet agrégat en comparaison avec l'année 2009 de 7,6% au lieu de 4,3% avancé comme prévision par le CMC avant les inondations». Sur la base des données recueillies auprès du département de l'agriculture, les fortes inondations ont fait subir de sérieux dommages aussi bien aux superficies cultivées qu'aux activités d'élevage, sans oublier bien sûr les pertes en vies humaines, l'axe pivotant autour duquel gravite toute l'activité économique. Il s'agit, en effet, de 168.000 ha de cultures, «endommagées ou totalement arrachées», particulièrement celles des céréales, des légumineuses, de la betterave à sucre ou encore des cultures maraîchères. Quant aux pertes de bétail, elles sont estimées 1.371 têtes. Sans compter les pertes annoncées au niveau des installations et aménagements détruits (puits, écuries, matériel de pompage, etc.). De même pour la production apicole qui enregistre 4.025 ruches abîmées. Sur le registre des infrastructures détériorées, les dégâts ont concerné le réseau routier, les équipements collectifs, les ponts et voies d'accès secondaires. Selon le CMC, le capital fixe en travaux publics devrait frôler une perte avoisinant les 730 millions de dirhams. A noter que ce qui a jeté de l'huile sur le feu c'est que ces infrastructures sont assez vétustes et ne profitent presque quasiment pas d'opération de réaménagement ou de rénovation. L'estimation des pertes subies au niveau du bâtiment notamment pour les constructions à usage d'habitation est de 2.650 habitations précaires totalement détruites, ce qui correspond à près de 4.900 ménages. La perte du capital en bâtiment évaluée sur la base aussi bien des informations quantitatives fournies par les services administratifs concernés que des déclarations des sinistrés devrait, en toute probabilité, approcher le montant global de 286 millions de dirhams. Sans avancer de données chiffrées, le CMC souligne que le secteur industriel aura lui aussi été impacté côté flux des produits et valeur ajoutée. Les sous-branches les plus affectées à diverses intensités sont l'industrie agro-alimentaire et la chimie et parachimie. Prévisions Mieux fonder les actions à entreprendre La dégradation du capital productif causée par les violentes intempéries qui se sont abattues sur notre pays au cours du mois de février dernier n'est en fait qu'un nouvel appel ou plus exactement un signal d'alarme adressé au gouvernement pour prendre les mesures nécessaire et partant de prévoir et anticiper ces changements climatiques brusques lors de l'établissement des plans et stratégies de développement. Pour le CMC , cette évaluation s'impose aujourd'hui du fait non seulement de l'ampleur du sinistre mais aussi de la nécessité pour les décideurs publics d'en prendre toute la mesure afin de mieux fonder les actions à entreprendre à l'avenir pour faire face à ce genre de situations. Les changements climatiques que connaît le monde entier devraient désormais être pris en considération dans toute politique de croissance qui se veut logique et responsable. D'ailleurs les défis du nouveau millénaire imposent des stratégies de développement qui soient durables. Et cette durabilité exige une vision macroéconomique cohérente.