En pleine médina de Derb sultan, à Hay Boujdour, un quartier «célèbre» par les fortes inondations de 1996 qui ont fait des centaines de sinistrés, les maisons semblent sur le point de s'écrouler et les fissures sur les murs, à plusieurs reprises dissimulées par du ciment, semblent renaître après chaque pluie. Au milieu de la rue numéro 26, des débris jonchent le sol, bloquant la moitié du passage de la ruelle. La façade d'une maison s'est effondrée dans l'après-midi du samedi, heureusement sans faire de victime. La maison, inhabitée depuis quelques années, a finalement succombé aux infiltrations de pluies. « On remercie Allah que la maison était vide et qu'il n'y avait ni passants ni enfants qui jouaient devant cette habitation », lance Mbarka Smaili, une vieille femme habitant depuis plus de 60 la maison située juste en face de l'habitation qui s'est effondrée. Un risque permanent L'effondrement de la maison n'a pas fait de victime, mais les habitants sont toujours sur leur garde. Abdellah, père deux deux petites filles (la plus grande est âgée de 5ans), exprime sa peur avec une pointe de colère dans la voix. « Le mur de la maison donnait sur le toit de la mienne, là ou mes filles aiment jouer. Il y a un autre risque : ce qui reste du mur peut s'effondrer sur ma maison. Est-ce que je devrais les enfermer pour ne pas prendre le risque qu'elles se blessent, s'il un autre effondrement arrive ?», raconte-t-il, en regardant les quelques briques qui tiennent encore et menacent de tomber à tout moment. Zhour, qui serait veuve au vu des vêtements blancs immaculés qu'elle porte, vient se joindre à la conversation. « Ce n'est pas que cette maison qui va tomber, toutes les habitations ici menacent de s'écrouler. Nous souffrons ici ! », dit-elle. Zhour, qui habite dans une rue adjacente, affirme que les murs de sa maison sont tous fissurés et que ses tentatives de résoudre ce problème en mettant plusieurs couches de peintures s'avèrent inutiles. Même constat pour Mbarka qui montre du doigt la porte ouverte de sa maison, où l'on peut remarquer la peinture de l'intérieur décollée par endroits. «J'ai essayé de réhabiliter cette maison autant que j'ai pu, mais je n'y peux rien, elle tombe en ruine. On ne souffre plus que des inondations, même si le mauvais temps a des conséquences désastreuses sur nos maisons », déclare-t-elle sur un ton de désolation. Aucun plan d'urgence A chaque saison pluviale, le spectre des effondrements des maisons revient hanter les habitants de Hay Boujdour. Selon eux, les autorités, accompagnées d'architectes, sont venues par elles-mêmes constater les dégâts. « Mais c'était il y a des années », tiens à préciser Zhour. « Nous les avons laissé entrer dans nos maisons, ils ont pris des notes, mais après on a plus entendu parler d'eux », ajoute Mbarka. Aucun plan d'urgence, alors que le risque de nouvelles hécatombes grandit de jour en jour…