Le 24 août dernier, une femme dà peine 25 ans a trouvé la mort suite à l'effondrement de la toiture d'une maison dans l'ancienne médina de Casablanca. Cet incident remet en lumière le problème endémique des maisons qui menacent ruines un peu partout au Maroc. Des milliers de familles sont, en effet, quotidiennement menacées. La maison dont il est question dans ce reportage est composée de deux étages et menaçait ruines. Les autorités avaient bien averti les gens du quartier du risque quils encouraient. Mais, ils navaient nulle part où aller. Le drame est donc survenu très tôt dans la matinée ce mardi... Le couple dormait dans des pièces séparées. La femme, âgée de 25 ans, et son enfant de 3 ans couchaient dans la même chambre. Il nétait pas encore 7h du matin quand le toit séparant les deux étages seffondra sur la famille qui dormait au rez-de-chaussée. Alertés par le bruit terrifiant de leffondrement, les voisins accourent pour porter secours aux sinistrés. Le père de famille sen sort miraculeusement indemne. Sa femme, elle, a eu moins de chance. Elle a été retirée des décombres dans un état grave puis évacuée, bien après, vers le CHU Ibn Rochd où elle est décédée. Le bébé, un garçon, a eu beaucoup de chance : il na été que légèrement blessé. Traumatisé, il a été admis au pavillon pédiatrique du CHU. Partout, les fissures de la honte Deux semaines plus tard, la maison navait pas bougé dun pouce. Lexiguïté de la rue où est survenu le drame entrave les grands travaux. Non pas que la volonté manque aux autorités, mais probablement que la moindre secousse entraînerait inexorablement leffondrement des maisons voisines qui, du reste, nont rien à «envier» à la maison qui sest écroulée. Le père était obligé dévacuer les lieux dans lattente de trouver un arrangement avec les autorités pour son recasement. Les voisins ont toujours ce spectacle de désolation sous les yeux. La défunte était une femme gentille et discrète, selon une voisine. Les familles qui sont dans cette même situation se comptent par centaines, rien que dans lancienne médina. Quartiers vieux, pâtés de maison sinistrés, murs détériorés Partout, les fissures dans les habitations mettent à nu lintimité et la dignité des gens ! «Pour nous, ce nest plus quune question de temps. Avec larrivée imminente des pluies et des inondations qui les accompagnent, nos affaires ne sarrangeront pas de sitôt. Mais, Allah Ghaleb, nous ne demandons quà êtres relogés. On ne va pas quitter nos maisons sans garanties. Qui nous dit que les autorités tiendront leur parole et combien de temps cela va prendre ?», assène un voisin, désespéré de voir un jour les autorités régler ce problème... Partir ? Sans aucune aide de lEtat ?? Un jeune «muriste» ajoute : «Les autorités compétentes nous disent de quitter les lieux. Pour aller où ? Ils communiquent avec des PV et des ordres dévacuation du genre «Partez et on verra après ce quon peut faire pour vous». Ils ne nous portent aucune aide, aucune assistance et ne nous accordent aucune indemnité. Ils viennent ici pour se prendre en photo pour la presse et puis disparaissent pendant des mois ». Il ajoute aussi, plein de dépit : «Il ny a pas que le problème des maisons qui risquent de seffondrer. Nous manquons dhygiène, nous souffrons de diverses maladies, nous vivons dans des conditions quasi-inhumaines Croyez-moi, pour beaucoup, mourir sous les décombres est un réel soulagement». Il est clair que ces pauvres gens ne pourraient quitter leurs maisons. Vieux, pauvres, chômeurs, familles nombreuses, enfants sans avenir Ils ne sont pas capables de se payer une nouvelle maison, ni même den louer une. Dautres sont étroitement attachés à ce quartier où leurs racines remontent à lavant-indépendance. Pourtant, ils ne demandent quà partir mais sans aucune aide de lEtat, cela semble bien impossible.