La scène est désolante. Elle rappelle bizarrement les télé-images tournées en boucle lors des guerres du Golfe. Pourtant, nous sommes en pleine Médina de Casablanca. Plus précisément à Al ârssa, face à l'esplanade de la Foire de Casa. Deux anciennes maisons – où ce qu'il en reste- viennent de s'écrouler d'un coup vers les 6H du matin. Bilan, dix-neuf blessés, dont six transportés en urgence dans un état comateux. Les voisins, qui étaient les premiers sur lieux, parlent d'une victime qui a décédé suite à ses blessures... Les services de la Protection civile ne débarqueront qu'aux environs de 7h30. Une intervention vaine. Les badauds et les voisins s'étaient chargés de repêcher les personnes qui étaient sous les décombres. Selon des témoins, l'effondrement d'hier aurait été causé suite aux fortes averses qu'à connu Casablanca ces derniers jours, sachant que des effondrements mineurs ont été signalés depuis samedi dernier. D'ailleurs, les forces de la Protection civile avaient auparavant conseillé aux habitants de quitter les maisons présentant des risques d'écroulement. L'autre hypothèse avancée, serait liée à la sismique de la semaine dernière et à l'état de délabrement des habitations. Vers 10h, le président de la commune de sidi Belyout, Kamal Dissaoui (USFP), arrive sur le lieu du drame. Il improvise une petite conférence pour les journalistes venus couvrir l'accident. D'emblée, il rejette la responsabilité sur «une société d'aménagement communal» : «Ces gens ont enfreint la loi. Au lieu de régler les problèmes des habitants, ils cédaient les terres de sidi Maârouf à des particuliers pour en faire des maisons et des villas», tonne-t-il. Les tentes sont toujours là Par un malheureux hasard, alors que l'élu usfpéiste faisait son speech, la toiture d'une autre maison s'écroule sur la Place des Artilleurs marocains. La maison est heureusement inhabitée. Les propriétaires avaient bénéficié d'une habitation à Hay Nassim, sauf que ladite société d'aménagement avait refusé de démolir la maison à moins que les anciens habitants payent les frais de démolition, affirme un voisin. De plus, «la société fait exprès de démolir à moitié les maisons non habitées ou dont les pensionnaires sont décédés ou bien ont bénéficié d'un dédommagement. Ce qui fait que les maisons d'à côté se délabrent», témoigne un autre riverain. Les premiers effondrements dans le secteur avaient commencé au quartier «Al ârssa», «Derb Ben Homan» et «Derb Saligan» en 2003. La société tutrice du projet d'aménagement a demandé aux habitants de quitter les maisons. Et ces derniers sont partis s'installer dans des tentes à côté de leurs maisons de fortune, en attendant un dédommagement comme convenu dans la carte de route du projet. Promesse non tenue... Les tentes sont toujours là.