Jean-Pierre Desnoux, directeur général de MK-Aero-LELMA et ses collaborateurs ont réussi à le prouver : parfois, ce n'est pas la force, mais la persévérance, qui fait les grandes œuvres. Lundi, MK AERO, filiale de l'équipementier aéronautique et de l'automobile français Mecachrome et LELMA, fruit d'une joint-venture entre Mecachrome et L'Electrolyse, une entreprise française spécialisée en revêtement et appartenant à la famille Sentagnes, ont célébré leur alliance sur les lieux de leurs deux sites de productions installés dans la zone franche de Tanger. Abdelkader Amara, ministre du commerce et de l'industrie, qui devait être dans la matinée du même lundi aux côtés de ses collègues pour un Conseil de gouvernement, n'a pas hésité à faire le déplacement à Tanger pour saluer cette success story. Devant un parterre composé d'officiels, de collaborateurs déployés sur les deux sites marocains et sur les entreprises-mères, Amara a déclaré que cette alliance est un événement «très important» à en juger de l'intérêt qu'accorde notre pays à l'industrie. Le déplacement du ministre sur Tanger s'insère également dans l'esprit de partenariat public-privé, qui dénote de l'engagement et la volonté nationale de ne ménager aucun effort pour soutenir et accompagner les investisseurs étrangers. Des aveux à la pelle L'évènement a été pratiquement une cure d'aveux pour tout le monde. « Il y a quelques années, certains ne croyaient pas qu'au Maroc, on pouvait faire de l'aéronautique », a déclaré Amara, rappelant dans une allocution faite à l'occasion qu'aujourd'hui, une centaine d'industriels de l'aéronautique ont choisi le Maroc et réalisé un chiffre d'affaire de plus de 6 milliards de dirhams. Même son de cloche chez le président Hamid Benbrahim El Andaloussi, président du Groupement des industries et services aéronautiques au Maroc (GIMAS) qui a souhaité la bienvenue à MK-Aero-LELMA au sein du groupement. « C'est le plus bel exemple de la colocalisation, un concept que nous privilégions», a félicité Amara, précisant que l'ouverture du Maroc sur les marchés américains, européens et africains promet à l'industrie aéronautique de s'ériger entant que priorité stratégique sur le plan national. Dominique Sentagnes, PDG de L'Electrolyse et de DIMETAL en France, a pour sa part déclaré que son groupe devait prendre position sur les deux secteurs de l'aéronautique et de la défense qui affichent continuellement des promesses de croissance. L'homme ne manque pas toutefois de rappeler que si cette mutualisation entre MK Aero et LELMA est une réussite, les autorités locales devaient faire l'effort sur la partie foncière pour l'achat du terrain dans la zone franche : « Le prix du foncier est supérieur à ceux appliqués dans les zones franches en France », a-t-il déclaré. Deux histoires, une alliance Créée et installée en 2008 dans la zoner franche de Tanger, MK Aero a lancé son activité au Maroc avec 7 employés et un chiffre d'affaires de 55 000 euros, alors que sa maison-mère, Mecachrome, sortait à peine d'une impasse où elle était au bord de la faillite. Jean-Pierre Desnoux, le directeur général, nous confie que le budget initial ne dépassait guère les 70 000 euros.Depuis, elle cumule les succès et arrondit généreusement son chiffre d'affaires qui atteindra en 2012 1,75 millions d'euros. Cette année, MK Aero table sur un chiffre de 1,9 million d'euros et 650 000 pour LELMA. MK Aero développe les travaux manuels pour les pièces élémentaires d'aérostructures comme le parachèvement, l'assemblage des procédés spéciaux associés et plus récemment l'usinage de petite et moyenne dimension. Ce qui fait du Maroc le seul pays d'Afrique du nord à assurer ce genre de production. Sa désormais soeur pour le même destin, LELMA, est fruit d'une joint-venture entre Mecachrome et L'Electrolyse, les deux sociétés-mères françaises. LELMA, lancée en 2012 avec 6 employés, met en œuvre, quant à elle, ses procédés de contrôle non destructif (ressuage), en traitements et revêtements de surface et en peintures liquides par voie physico chimique. Une industrie, qui n'appartenait jusque là qu'à l'Europe. Ce choix des entreprises pour le secteur de l'aéronautique, qui emploie plus de 7 000 salariés aujourd'hui, prouve finalement que nos ressources humaines sont de plus en plus qualifiées et que la chaîne de valeur, tellement chère à Amara, permet aux entreprises de trouver des relais de croissance à même d'optimiser leurs coûts de production.