Plus que significatif demeure le communiqué publié par le Cabinet royal à l'issue de l'audience que le roi Mohammed VI a accordée , vendredi, au président Barroso et qui nous en dit long sur la dimension exceptionnelle des relations entre les deux parties. « Sa Majesté le Roi, souligne le communiqué, a loué la qualité et l'excellence de ces relations, dorénavant organisées dans le cadre du Statut avancé, accordé au Maroc en 2008, et s'est félicité du lancement d'un Plan d'Action quinquennal (2013-2017) établi conjointement à ce titre ». Pour sa part, ajoute le même communiqué, « M. Barroso a exprimé à Sa Majesté le Roi l'intérêt particulier et l'importance manifeste qu'accorde l'UE à ses relations spécifiques avec le Royaume, un partenaire solide et crédible, ainsi qu'un modèle dans la mise en œuvre de la Politique européenne de voisinage, à la faveur des réformes engagées et des grands chantiers réalisés sous la conduite du Souverain, dans les domaines politique, économique et socioculturel. ». Coopération renforcée La visite du président de la Commission de l'UE, qui est la plus haute et importante instance de l'édifice européen, la série d'entretiens qu'il a eus avec les responsables du Maroc, la série de sujets abordés avec une sincérité à toute épreuve et une volonté de les approfondir, témoignent d'une évidence : le Maroc restera l'incontournable et parmi les tout premiers partenaires de l'Europe. Mais aussi, comme José Manuel Barroso n'hésite pas à le souligner officiellement, «un pays phare dans la région en plusieurs domaines et qui a su commencer il y a déjà plusieurs années un processus de réformes politiques, économiques et sociales ». Il souligne ensuite que « ces avancées démocratiques sont aussi une des raisons qui expliquent nos excellentes relations bilatérales et le Statut avancé dont le Maroc jouit. Nos relations sont ancrées dans une coopération renforcée en matière de politique et de sécurité, dans un volet économique important et dans une intense coopération sectorielle qui va de la pêche jusqu'à l'agriculture et qui ont un impact direct dans la vie de nos citoyens. Tous ces domaines sont compris dans le Plan d'Action 2013-2017 que nous avons récemment approuvé et que sera désormais le cadre opérationnel de nos relations ». Est-ce à dire que le volet, ou plutôt le champ d'action est vaste, diversifié et recouvre de larges domaines de la coopération. Depuis longtemps déjà, la coopération entre le Maroc et l'Union européenne, entamée de manière officielle par l'accord d'avril 1973, a pris une dimension exceptionnelle. L'accord au Maroc, en 2008, du Statut avancé , comme aussi la mise en œuvre du Plan quinquennal 2012-2017 , conforte pour ainsi dire le Maroc dans sa marche pour consolider son modèle démocratique, appuyé entre autres sur une vision économique dynamique et novatrice. Développement parallèle Le Maroc reste, en effet, le défenseur irréductible du modèle de développement parallèle entre l'économie et la politique, l'une n'allant pas sans l'autre. C'est si vrai, aussi, que l'Union européenne ne manque jamais une occasion pour saluer cette double performance. Dans sa conférence de presse de vendredi, José Manuel Barroso, a déclaré : « De nos jours, aussi bien dans votre région qu'en Europe, la légitimité politique doit être conquise et méritée. Et c'est justement à travers ce processus de réformes que le lien entre peuple et Etat se renoue et se renforce. ». Et d'ajouter dans le même souci : « Ce véritable partenariat ouvre de nouvelles possibilités pour le Maroc et pour l'Union européenne. Alors que nous vivons une période d ́énormes défis économiques et politiques, c'est le moment de renforcer notre coopération et de contribuer de manière significative à la croissance économique, à la création d'emplois et à la stabilité sociale. ». Depuis quelques mois le Maroc et l'Union européenne ne cessent de mener à un rythme d'enfer un train de négociations multilatérales en cinq rounds , portant sur la pêche notamment, pour surmonter le blocage qui a suivi le rejet fin 2011 par le Parlement européen de la prolongation d'un précédent accord permettant notamment à 120 navires battant pavillon de 11 pays européens – dont une centaine pour l'Espagne – de pêcher dans les eaux du Maroc. L'accord de pêche a toujours constitué la pierre d'achoppement des relations entre les deux parties, il est aussi le test tangible d'une normalisation. Sauf que, en définitive, il s'inscrit – qu'on le veuille ou non – dans un cadre global et multilatéral et ne dépend pas d'un seul département... Prenant le contre-pied aussi bien des « europessimistes » que des frileux « nationalistes » marocains, José Manuel Barroso entend manifestement souligner la nouvelle évolution en ces termes : « C'est dans cet esprit qu'aujourd'hui nous inaugurons une nouvelle étape dans nos relations. Nous avons pris une série de nouveaux engagements très positifs que j'ai le plaisir d'annoncer: D'abord, le lancement des négociations d'un nouvel Accord de Libre-échange Complet et Approfondi » (LECA). Le Maroc, a-t-il dit, est le premier pays avec lequel l'UE met en œuvre un tel accord, inédit, encore en friche et renforçant cette significative vision du roi Mohammed VI, qui disait : « La relation Maroc-Union Européenne est entrée dans une nouvelle phase qui, pensons-Nous, offre un cadre référentiel pour une approche géopolitique prometteuse visant une refondation de l'espace euro-méditerranéen sur la base de la communauté d'intérêts et d'actions conjointes ».