Mercredi 13 février, la ministre de la solidarité, de la famille et du développement social Bassima Hakkaoui préside la cérémonie d'investiture de la commission scientifique, qui devra chapeauter le projet de création de la haute instance de la parité, prévu par l'article 19 de la Constitution. Une initiative qui fait sortir les associations féminines de leurs gonds. Dans un communiqué, le printemps féminin pour la démocratie et l'égalité, un collectif d'ONG féminines, dénonce avec vigueur cette initiative jugée « inconstitutionnelle ». « Nous sommes indignés par le fait que la mission de créer l'instance de la parité et de la lutte contre toutes les formes de discrimination soit confiée au ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Le projet doit être supervisé par une commission indépendante comme cela a été décidé pour la mise en place des autres institutions à savoir le Médiateur, le CNDH et le CCME », souligne Khadija Errebah, membre de l'ADFM (Association démocratique des femmes marocaines) et du printemps féminin pour la démocratie et l'égalité. Ce collectif d'ONG craint le pire. « Le gouvernement veut garder la mainmise sur la question de la parité. C'est la raison pour laquelle il place l'autorité de la parité et de la lutte contre toutes les formes de discrimination sous la tutelle du ministère de la solidarité et de la famille. Nous voulons que la Haute autorité de la parité soit indépendante et qu'elle ne soit soumise à aucune idéologie », exige cette militante chevronnée de l'égalité. Le printemps féminin pour la démocratie et l'égalité se soulève également contre la mise à l'écart des organisations de droits de l'Homme et des associations féminines. « Nous exprimons notre réprobation à l'égard de cette initiative lancée en dehors des consultations avec les organisations de droits de l'Homme et des associations féminines et hors des débats publics. Nous annonçons à l'opinion publique notre refus de cautionner cette initiative que nous rejetons tant dans sa forme que dans ses fondements », renchérit le collectif. Selon ce dernier, « l'autorité de la parité ne peut pas être juge et partie ». « L'Autorité de la parité fait partie des instances de protection des droits fondamentaux de l'Homme d'une part et des mécanismes de contrôle de la bonne gouvernance, d'autre part». Les associations estiment donc que son action doit être placée hors de la tutelle des institutions dont elle a la charge de surveiller la performance. Cela signifie que la préparation de sa création et sa loi organique dépassent les attributions du ministère mentionné, et du gouvernement dans son ensemble, nécessitant une formule plus complète et équilibrée, assurant l'indépendance de cette institution, conformément à l'article 159 de la Constitution, qui stipule que « Les instances en charge de la bonne gouvernance sont indépendantes. Elles bénéficient de l'appui des organes de l'Etat. La loi pourra, si nécessaire, créer d'autres instances de régulation et de bonne gouvernance ». Le mouvement insiste également sur le respect des articles 12, 13 et 14 de la Constitution en ce qui concerne la participation de la société civile au travail de l'exécutif et du législatif.