Les anciens détenus politiques civiles et militaires tiennent à célébrer le 10e anniversaire de la création du CCDH, mais à leur manière. Ainsi, les anciens détenus militaires de Tazmamart devaient organiser un sit-in, hier dans l'après-midi, devant le siège du CCDH. «Ce que nous demandons, c'est la réintégration et l'application des recommandations de l'IER et du discours royal lors de la présentation du rapport final de cette instance», déclare Ahmed Marzouki, un membre de ce groupe. «Le dossier des détenus civils a été réglé, en revanche nous constatons que Ahmed Herzenni, le président du CCDH ne fait rien pour nous. Il nous a dit que notre dossier est entre les mains du Premier ministre. Mais nous savons que notre cas est le cadet des soucis de Abbas El Fassi», déplore-t-il. Et d'ajouter, «qu'entre temps, des membres de notre groupe qui ont passé 17 ou 18 ans dans le bagne de Tazmamart, meurent dans l'indifférence la plus totale ; le dernier en date c'est Mohamed Raïss». Cette affaire concerne, en effet, en tout 62 personnes: 22 anciens détenus militaires à Tazmamart et le reste, les ayants-droits des 5 personnes décédées. «Des membres de notre groupe qui ont passé 17 ou 18 ans dans le bagne de Tazmamart meurent dans l'indifférence la plus totale ; le dernier en date c'est Mohamed Raïss». Ce dossier remonte à 1994. «Au début, ils nous ont proposé 1.500 DH par mois en échange d'éviter tout contact avec les journalistes. Puis, Azziman, à l'époque ministre des Droits de l'Homme, nous a promis de régler notre dossier en attendant, ils nous ont versé la somme de 5.000 DH par mois. Nous avons continué à recevoir cette somme jusqu'en 2001, la date qui coïncide avec le versement par l'Etat de sommes importantes. Et pourtant, à notre sortie de la prison, nos demandes ne se résument qu' en trois points: un logement, une retraite décente et les frais des soins», tient à rappeler Ahmed Marzouki. «Seulement quand on a passé plus de 18 ans à Tazmamart, on sort complètement déconnecté de la nouvelle réalité. Résultat: on s'est fait arnaqué et nos projets sont tombés à l'eau», assure notre interlocuteur. Le sit-in de mardi des anciens détenus militaires n'est pas le seul du genre. Le Forum marocain Vérité et Justice organise vendredi 30 avril le sien toujours devant le siège du CCDH d'Ahmed Herzenni.