«L'Espagne est encore notre deuxième marché des arrivées de touristes malgré la crise et nous ambitionnons d'attirer un million de touristes espagnols à l'horizon 2015 ». C'est par ces mots, plutôt réconfortants, que le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, a tenu mercredi à rassurer la poignée de journalistes présents à la 33e édition du salon du tourisme de Madrid (Fitur 2013). Cette combinaison verbale qui réchaufferait plus d'un est relayée par les opérateurs qui ont participé au Fitur. « L'activité tourne à régime moyen », témoigne Hamid Hayat, DG de Global Voyages et membre du CRT de Casablanca. Encore plus heureux, Soufiane Tabti, manager chez Miramar à Essaouira. Fin connaisseur du secteur, il ne cache pas son euphorie après la venue en force l'année dernière des Italiens sur Essaouira . « Les arrivées importantes enregistrées par les Italiens prouvent que la destination Essaouira intéresse de nouveaux marchés qui jusque-là préféraient les circuits traditionnels », confie-t-il. 800 000 Espagnols en 2012 En termes d'arrivées, le pays a reçu quelque 800 000 touristes espagnols l'année dernière, en hausse de 4 % par rapport à 2011. À l'échéance 2015, le gouvernement table sur un million annuel rien que du marché espagnol. « C est pratiquement rien, comparé à d'autres marchés », rétorque ce professionnel qui a préféré garder l'anonymat. Pour ce dernier, le Maroc dispose d'atouts naturels qui le disposent depuis toujours à être une des premières destinations au monde. Sauf que les efforts, quand ils sont là, ne sont pas canalisés dans le bon sens. « Sérieusement, est-ce qu'on peut se balader en toute sécurité dans certaines régions du Nord et du Rif, prisées d'ailleurs par les Espagnols. Même en voiture, on se lasse vite des barrages de gendarmes qui passent tout le monde à la fouille chaque 50 kilomètres », déplore-t-il. C'est ce genre d'argument que les officiels devraient tenir en compte, eux qui ont pour objectif d'augmenter « le nombre de visiteurs espagnols au royaume, mais aussi de nouer de nouveaux partenariats avec les tours-opérateurs espagnols pour présenter des produits combinés entre les deux pays afin d'attirer les touristes des marchés émergents comme le Japon, l'Inde, le Brésil, la Chine ou plusieurs pays latino-américains». Jamal Kilito, DG par intérim de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) explique pour sa part que les voyages combinés permettraient dans une large mesure d'aller vers d'autres marchés. « Le marché ibérique permet d'ailleurs de monter des voyages combinés », assure-t-il. Pour ce dernier, une croissance du secteur à 7 %, attendue en 2013, est très possible malgré la crise et le contexte dans la région. Sauf qu'elle se fera avec les efforts des transporteurs aériens, un profit de la crise, notamment en Espagne où les touristes peinent à aller vers des destinations lointaines et surtout un changement dans la stratégie de promotion de la destination Maroc, avec des opérations de vente adossées à des outils de vente. Une restructuration en 2013 Côté restructuration, le ministre du Tourisme a déclaré mercredi que les agences de développement du tourisme (ADT) seront, légalement, prêtes avant la fin de l'année. Ce qui permettrait de fédérer les efforts autour de structures publiques et combler, notamment, le déficit en moyens des CRT. Des régions, notamment, Fès-Meknès, devraient en profiter. Cette dernière, comme le promet Haddad, bénéficiera d'une attention particulière de la part du gouvernement : « Fès devrait devenir une destination culturelle par excellence à moyen terme. Nous ambitionnons également à ce qu'elle devienne la deuxième destination du pays». En «gage de bonne foi», le ministre a déclaré que le transporteur low-cost Ryanair aura une base à Fès. De quoi redonner confiance aux opérateurs de la ville impériale qui ne cachent plus leur inquiétude de voir les marchés traditionnels « fuir « vers d'autres destinations et surtout de prouver aux acteurs du secteur que l'ONDA comme l'ONMT jouent franc jeu avec tout le monde.