Le ministère de la Santé revoit sa stratégie de lutte contre la méningite. Lors d'une rencontre organisée la semaine dernière, Houssain El Louardi a exposé les grandes lignes de son nouveau plan d'action pour réduire le taux de mortalité de 12% à moins de 6%. Une entrevue à laquelle, les directeurs régionaux de la santé, les délégués des provinces, les représentants des sociétés savantes et des universitaires ont assistés. le but : mobiliser tous les acteurs concernés pour réduire les cas de méningite. Une tâche qui n'est pas facile au vu des dysfonctionnements qui gangrènent le secteur de la santé comme le manque de médecins, le manque de centre de santé dans les zones éloignées alors que le diagnostic et la prise en charge rapide du patient sont vitaux. Tout retard risque de lui coûter la vie. Selon le discours officiel, la situation n'est pas alarmante, mais elle inquiète la population. En termes de chiffres, ce sont 10 500 cas de méningite qui ont été enregistrés entre 2005 et 2012. Pendant cette période, la maladie a tué 1040 personnes. Lors de la réunion, le ministre de la Santé a tenu à rassurer, une nouvelle fois en spécifiant qu'il ne s'agit pas d'une épidémie mais de cas isolés de méningite. Toutefois, poursuit-il, «il faut renforcer notre intervention pour lutte contre cette pathologie». L'une des mesures essentielles sur laquelle le ministre a insisté concerne la déclaration obligatoire des cas de méningite. Cette mesure permet de surveiller l'évolution de la méningite et d'évaluer la situation épidémiologique de la maladie dans le pays. La contribution des médecins des secteurs public et privé est donc nécessaire et fondamentale. Le nouveau plan d'action de Louardi Aujourd'hui, la déclaration de la maladie, bien qu'obligatoire par la loi, n'est pas respectée par tous les médecins. Houssain El Louardi lance un appel au respect de cette disposition. Il a également souligné l'importance de la prise en charge rapide d'une suspicion de méningite. « Le moindre soupçon d'une méningite bactérienne impose un traitement immédiat par des antibiotiques », renchérit Abderrahim Belmamoun, Chef de la Division des maladies transmissibles du ministère de la santé. «L'antibiothérapie préhospitalière s'impose dès le diagnostic de purpura fulminans», poursuit le ministre. Le purpura fulminans est une méningite bactérienne qui peut être rapidement mortelle, et se manifeste par une fièvre et par l'apparition de taches rouges ou violacées s'étendant rapidement. Par ailleurs, le ministre de la Santé insiste sur la réalisation de la ponction lombaire en cas de possible atteinte méningée. Houssain El Louardi a également proposé de renforcer la vaccination contre les différentes formes de méningites. Il suggère d'introduire de nouveaux vaccins dans le calendrier national de vaccination pour renforcer la prévention contre la maladie de la méningite. La commission nationale des vaccins devra donner son avis à ce sujet. Le ministre de la Santé insiste sur l'importance de la sensibilisation des professionnels de la santé et de la population. Il propose d'organiser une rencontre annuelle sur les méningites. Une occasion pour dresser le bilan de l'intervention du ministère pour freiner la maladie et déterminer les actions nécessaires à entreprendre pour plus d'efficacité. Psychose La propagation de la méningite dans les différentes régions a semé la panique. A Chechaouen , Casablanca, Mohammedia, Oujda, Tanger, Fès…, plusieurs cas ont été enregistrés cette année et des personnes ont succombé à la maladie. Les chiffres officiels parlent de 1006 cas de méningite en 2012 dont 111 décès. La peur d'une épidémie de méningite hante les esprits. Bien que le ministère de la Santé assure le contraire, la population se posait des questions notamment sur la capacité du pays à faire face à une éventuelle épidémie de méningite.