Alors que Hamid Chabat vient à peine de remettre au chef du gouvernement son mémorandum pour le remaniement ministériel, les contestataires de son élection à la tête de l'Istiqlal annoncent la naissance d'un mouvement. « Sans répit pour la défense des fondements du parti et de la patrie ». C'est le titre que porte le Mouvement officiel des contestataires de l'élection de Hamid Chabat à la tête du Parti de l'Istiqlal (PI). Au lendemain du dépôt par ce dernier du mémorandum pour le remaniement ministériel à la Primature, la coordination nationale de ce Mouvement s'insurge, mais pas pour annoncer la scission. « Notre initiative ne constitue aucunement une structure organisationnelle au sein du parti. C'est même le contraire, nous représentons simplement une alliance de différents militants acharnés pour la préservation des vraies valeurs de l'Istiqlal », prévient le coordinateur et membre fondateur du Mouvement, Hicham Abdellaoui. Députés et membres du Conseil national du PI y adhèrent par conviction, disent-ils, du discrédit que jetterait Chabat sur le parti. Lors de la conférence tenue par le Mouvement vendredi 4 janvier à Rabat. Au centre Hicham Abdellaoui. La guerre est déclarée Dans une conférence de presse tenue vendredi 4 janvier à Rabat, la coordination nationale du Mouvement n'a pas mâché ses mots accusant le secrétaire général d'avoir « ouvert le feu » en premier. « La logique de la guerre a été instaurée par Chabat le jour même de son élection à la tête du parti. Il a tenu un discours de vainqueur contre des vaincus, alors qu'il devait plutôt rassembler les membres du parti, les unir. Si Chabat a choisi cette logique, nous, nous avons opté uniquement pour le militantisme », affirme Abdellaoui. Et de préciser qu'il ne s'agit pas non plus d'une bataille de clan El Fassi/Chabat : « Lorsque nous avons soutenu Abdelouahed El Fassi, nous ne l'avons pas fait pour le clan El Fassi, mais parce ce que ce candidat représentait pour nous l'intégrité. La scène politique marocaine a besoin de dirigeants crédibles, tandis que Chabat continue à cumuler les transgressions des lois fondamentales de notre parti. Et contre tous ses opposants, il brandit la carte de l'éradication », s'indigne le coordinateur estimant désormais que l'heure est venue de « briser le silence ». Transgressions La liste est longue. La coordination nationale a remis à la presse un document d'une dizaine de pages où sont répertoriées les transgressions une à une, à commencer par la législation du parti. L'équipe Chabat aurait dépassé toutes les limites de ses compétences, aux yeux de ces militants, en revendiquant le remaniement ministériel. « Ce genre de position est pris par les instances de décision actuellement récusables juridiquement », rappelle le coordinateur. Le Mouvement appelle ainsi le chef du gouvernement à n'accorder aucune valeur au mémorandum « puisque l'équipe l'ayant conçu fait l'objet d'une récusation en justice et n'a pas respecté la législation relative à l'organisation des partis politiques ni les lois fondamentales du parti ». Le Mouvement conteste l'organisation du conseil national les 11 et 12 janvier, après un premier report au mois de novembre. « Nous estimons que cette session ne trouve aucune référence légale. Dans le règlement interne, la première session qui succède au congrès est décisive pour l'avenir du parti, elle concerne tous ses organes vitaux. Mais le fait de la programmer en janvier est contraire au règlement qui précise que le parti tient deux sessions ordinaires par an, en octobre et avril », explique Allal Mahnine, membre du conseil national et membre fondateur du Mouvement. Le fond et la forme Et il n'y a pas que les formalités qui dérangent. « Le contenu pose aussi problème dans la mesure où la gestion de ce genre d'événement est assigné au président du Conseil national et non au secrétaire général comme c'est le cas », ajoute Mahnine, soulignant par ailleurs que la candidature au Conseil national manque de transparence. « Nous n'avons aucune idée des noms des candidats au Conseil ou à la Commission centrale (...). Comment demander un remaniement ministériel alors que le Conseil national n'en a même pas débattu ? », se demande ce membre fondateur du Mouvement, insistant sur le refus du mémorandum de Chabat par des militants qui accuse ce dernier de masquer à peine son idée d'intégrer le gouvernement Benkirane par tous les moyens possibles. * Tweet * * *