Espièglerie, dérision et cynisme constituent les ingrédients des nouvelles chroniques satiriques de Mokhtar Chaoui, Moi, Ramsès le chat. Moi, Ramsès le chat de Mokhtar Chaoui Moi, Ramsès le chat de Mokhtar Chaoui, nouvelle parution aux éditions Salina, baigne dans la caricature. L'auteur tangérois propose des chroniques satiriques, chargées d'humour noir, et s'acharne impitoyablement sur la société marocaine, dénonçant ses envers les plus tordus. Ce professeur d'université, auteur des deux romans « Permettez-moi madame de vous répudier » et « A mes amours tordues », livre une œuvre pleine d'auto-dérision. Une tonalité qui l'éloigne sans doute du ton moralisateur, et se profile au rythme d'un procédé satirique, qui semble le fil conducteur du livre. Ses chroniques, à la fois cocasses et ironiques, sont également atypiques puisqu'elles consistent à faire parler un chat. Un procédé qui nous rappelle « Le Chat du rabin », une bande dessinée écrite et réalisée par Joan Sfar, auteur du film « Gainsbourg ». L'auteur s'en explique de façon claire dans sa note lorsqu'il écrit: « Ces chroniques que je qualifie de satiriques, je les ai écrites dans la peau d'un chat. C'est la meilleure façon que j'ai trouvée de me déshumaniser pour mieux observer, apprivoiser et éventuellement comprendre les humains ». Mariage à la marocaine Mokhtar Chaoui tire à boulets rouges sur tout : les personnages politiques marocains et français, certaines stars de la télé moralisatrice, les cinéastes, les universitaires, la mafia des habitats économiques, la FIFA qui devient Fédération Internationale des Femmes Abandonnées, ou la nouvelle constitution. Lorsqu'il évoque le mariage à la marocaine, il écrit : « Les Marocains n'ont pas d'argent sauf pour les mariages et les enterrements», ou le foot : « Vive le foot ! Dieu de tous les dieux. Il est Zeus, Bouddha, Yahvé, Jehova et Allah à la fois ». Le muezzin appelle à la prière : « Allah peut attendre ; le foot est plus sacré ce mois-ci. » Les enfants sont malades, « Qu'ils patientent ; le drible de Messi n'est pas encore fin ». A le lire, le lecteur ne peut que rire parce qu'il s'y reconnaît. Certaines chroniques incitent à l'indignation, notamment lorsqu'il évoque la mort des trente-trois enfants d'Angfou, le village de l'Atlas, à qui il rend hommage dans « Silence ! Ça meurt. », et l'abandon par les autorités marocaines des prisonniers du Polisario qu'il évoque dans « Quand un chat pleure.» Moi, Ramsès le chat est un recueil d'observations, propices à la fois au défoulement, et à la réflexion. * Tweet * * *