Qui aurait cru que Serge Gainsbourg est le compositeur-interprète d'une chanson qui glorifie l'armée d'Israël ? Demeurée longtemps inédite, cette chanson sera diffusée ce jeudi. Au moment où la mobilisation en faveur de la cause palestinienne est de plus en plus grande. Au moment où l'armée israélienne est honteusement compromise dans les massacres de Jénine. Le journal « Le Monde » rapporte que Radio Communauté Juive (RCJ) diffusera jeudi prochain une chanson inédite, composée et interprétée par Serge Gainsbourg. Il s'agit du « sable et le soldat », une chanson de marche offerte à Israël par Gainsbourg au moment de la guerre des Six Jours en juin 1967. Cette chanson a été composée par Gainsbourg alors qu'il avait 39 ans. Il y chante accompagné d'un orgue des paroles comme « Oui, je défendrai la sable d'Israël, la terre d'Israël, les enfants d'Israël ; quitte à mourir pour le sable d'Israël, les enfants d'Israël, je défendrai contre tout ennemi, le sable et la terre, qui m'étaient promis quitte à mourir pour le sable d'Israël… ». C'est ce qui s'appelle une chanson qui marche au pas ! « Le sable et le soldat » est aux antipodes du mode de vie et des principes de son auteur. Quand il l'a écrite en 1967, à la demande du conseiller culturel de l'ambassade d'Israël en France, l'armée israélienne bénéficiait alors de beaucoup de sympathie dans le monde. Mais est-ce suffisant pour qu'un homme qui a toujours appelé au non-conformisme se rallie aux gardiens de l'ordre par excellence, les soldats? C'est nombre des fondements de sa vie que Gainsbourg noie avec cette chanson. L'armée quelle que soit est ce qu'il y a de plus contraire à cette subversion que Gainsbourg a toujours affichée. Ce dernier est Juif, mais il n'a jamais tenu de son vivant de discours pro-israélien. En revanche, il a toujours rappelé qu'il a été obligé de porter l'étoile jaune sur sa blouse d'écolier lorsqu'il était enfant. La chanson qu'il composée pour l'armée israélienne, et qui figure dans toutes ses discographies, marque le répertoire et la vie de Gainsbourg d'une honte encore plus indélébile que celle de l'étoile jaune.