Les administrateurs de la fonction publique haussent le ton devant la non satisfaction de leurs revendications. Ils décident d'organiser une marche nationale le 19 janvier 2013 à Rabat à l'appel de l'Union nationale des administrateurs marocains. Entretien avec sa présidente Fatema Benadi. L'UNAM compte actuellement plus de 8 000 adhérents selon sa présidente Fatema Benadi (en médaillon). Vous avez prévu d'organiser le 19 janvier 2013 à Rabat une marche nationale pour faire entendre votre voix. Quel est le point de discorde avec le gouvernement ? Cette marche est une forme de protestation contre la non satisfaction de nos revendications légitimes. Elle fait suite à une série d'actions qui n'ont pas eu d'écho auprès du gouvernement. Qui fait la sourde oreille. Nous avons envoyé des missives au Chef de gouvernement, au ministère de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration et à celui de l'Economie et des finances pour ouvrir le dialogue mais en vain. Nous avons alors décidé de durcir le ton pour défendre nos droits. Il est insensé que d'autres corps de la fonction publique recouvrent leurs droits et non les administrateurs. C'est du clientélisme et de la discrimination. Nous sommes tous des fonctionnaires de l'Etat et nous avons tous le droit de bénéficier des mêmes avantages. Nous sommes décidés d'aller jusqu'au bout. Nous sommes déterminés à user de tous les moyens pour avoir gain de cause. Le gouvernement doit avoir de la considération pour le corps des administrateurs qui assurent la gestion de la chose publique. Quelles sont vos revendications ? Nous exigeons la revalorisation du corps des administrateurs. Ces fonctionnaires publics sont des hauts cadres, des lauréats issus des grandes écoles comme l'ISCAE, l'ENCG, l'ESI, l'ISIC et l'ENA. Ce corps comprend également des universitaires licenciés et doctorants. Ce grade est devenu en fait un fourre-tout que l'Etat utilise pour caser certaines catégories de cadres. Les administrateurs assurent divers missions allant de la conception de la politique publique à sa mise en œuvre en passant par l'expertise et le conseil. De par ces missions, le gouvernement doit accorder plus de considération à ce corps. Cependant, la réalité est tout autre. Les problèmes des administrateurs traduisent un réel désordre dans la fonction publique et un véritable dysfonctionnement dans la gestion des ressources humaines. Au lieu que le gouvernement valorise les fonctionnaires de l'Etat d'une manière globale, il a opté pour le traitement par corps. Le corporatisme s'est alors installé créant la tension entre les corps au sein de la fonction publique. Nous trouvons des cadres ayant le même niveau de formation appartenant à divers grades (ingénieurs, administrateurs, commissaires judiciaires…), assumant les mêmes tâches mais leurs salaires ne sont pas égaux. L'écart est si flagrant et discriminatoire. Nous ne pouvons plus nous taire. L'écart peut aller jusqu'à 6 000 dh de différence. A titre d'exemple, l'écart des salaires entre un administrateur et un commissaire judiciaire qui est initialement un administrateur atteint les 5 500 DH nets, entre un administrateur et un ingénieur, l'écart atteint les 6 400 DH nets. La raison n'est pas liée aux compétences mais au lobbying exercé par ces cadres. Outre le problème des salaires, la promotion professionnelle des administrateurs est compromise. A titre d'exemple, un ingénieur a le droit de passer un examen professionnel après quatre années d'ancienneté alors qu'un administrateur doit attendre six ans. C'est inadmissible. Pis encore. Les postes requérant un profil d'administrateurs sont de plus en plus confiés à des cadres techniques, ingénieurs, médecins, enseignants... en témoigne l'arrêté du ministre de l'Enseignement supérieur de limiter certains postes tel que celui de des ressources humaines aux seuls enseignants-chercheurs. L'Union nationale des administrateurs marocains (UNAM) a été fondée en 2011. Pourquoi attendre plusieurs années pour créer une association pour défendre vos droits ? Les administrateurs n'avaient pas cette culture de protestation. Leur dossier revendicatif était défendu par les syndicats. Cependant, le dossier des administrateurs n'avait pas la priorité pour les syndicats. Et les administrateurs étaient éparpillés. C'est la raison pour laquelle, nous avons décidé d'organiser une association fédérant tous les administrateurs. L'UNAM constitue aujourd'hui une force. Elle compte actuellement plus de 8 000 adhérents, 14 bureaux régionaux et 10 bureaux provinciaux. Certes, le gouvernement refuse l'UNAM en tant qu'interlocuteur. Il dit qu'il négocie avec les syndicats et non avec les associations. Nous ne baisserons pas les bras. Nous continuerons notre mouvement de protestation jusqu'à ce qu'il accepte de s'asseoir sur la même table et négocier avec nous. Le gouvernement doit traiter les fonctionnaires de l'Etat sur le même pied d'égalité. Puisqu'il accepte de négocier avec l'association des ingénieurs, il doit également prêter oreille attentive à l'union des administrateurs. * Tweet * * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/5 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)