Alors que se tenait le premier round de l'approbation du Projet de loi de finances 2013 à la Chambre des conseillers, une cinquantaine de diplômés-chômeurs ont bloqué les entrées principales du Parlement. Les forces de l'ordre ont brandi les matraques pour obliger les manifestants à quitter la ruelle où se situent les portés d'accès au Parlement. Calme, comme à son habitude, Ahmed Zaï « Le peuple exige le départ du gouvernement ! », crie dans un haut-parleur le coordinateur des diplômés-chômeurs assis devant l'entrée principale de la deuxième Chambre du Parlement où se tenait, au même moment, le premier round de l'approbation du PLF 2013 au deuxième étage. Le vote des amendements a démarré vers 10 heures au sein de la commission des finances en présence de Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances et Driss Azami, ministre délégué chargé du Budget. Deux heures plus tard, les cris des diplômés-chômeurs retentissent. Plus virulents, ils revendiquent un travail coûte que coûte. Travailler ou mourir Une cinquantaine de jeunes, hommes et femmes, vêtus de gilets sur lesquels on pouvait lire « Travail = dignité », n'ont pas hésité à bloquer le passage des voitures, à taper avec les mains sur quelques unes stationnées au ras des trottoirs pour manifester leur colère. Avec les cris, les sifflets et les slogans, les signataires du décret de 2011 sont montés au créneau, ce jeudi 20 décembre vers midi, menaçant carrément d'investir le Parlement. Ce qui a déclenché une alerte maximum auprès des services de sécurité. Toutes les portes ont été fermées immédiatement pour empêcher les manifestants de mettre en exécution leur menace. Des agents se sont immobilisés devant les portails en attendant les renforts qui n'ont pas tardé à rappliquer. Encerclés, les diplômés-chômeurs ont maintenu l'occupation de la chaussée et a continué de crier en chœur : « Benkirane a dit qu'il n'y avait pas de travail, nous lui répondons : dégage ! ». Mais c'est à eux que les agents ont crié de dégager, pour libérer la voie publique brandissant les matraques pour les obliger à quitter les lieux. « Tuez-nous, nous ne sommes que des chômeurs ! », lancent les jeunes en provocation aux forces de l'ordre ne laissant aucune autre alternative que l'affrontement. Une dizaine de minutes plus tard, les manifestants quittent par la force les lieux, mais continuent à crier leur rage dans une course poursuite devenue désormais habituelle dans les artères de Rabat. Une revendication et un principe Les parlementaires ont suivi la scène depuis les fenêtres, dans l'angoisse, pour certains, que ces diplômés-chômeurs parviennent à investir le Parlement. Une crainte qui risque de s'amplifier dans les prochains jours puisque le compte à rebours de l'adoption finale du PLF 2013 a déjà commencé. L'adoption finale de l'ensemble du texte et des budgets sectoriels est attendue mardi 25 décembre. Ensuite, ce sera autour de la Chambre des représentants de valider la dernière version avant d'être remise au gouvernement pour publication dans le Bulletin officiel. Les manifestants comptent profiter de cette période décisive pour renouveler leur tentative. Pour eux, l'intégration dans la fonction publique relève d'un droit, alors que le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, soutient « l'équité » face à ce droit. A plusieurs reprises, il a insisté sur la nécessité que l'intégration à la fonction publique obéisse à un concours et qu'elle ne soit plus directe. Les diplômés-chômeurs signataires du décret du 20 juillet 2011 ne peuvent compter sur un privilège dont d'autres ont profité avant eux. Le gouvernement Benkirane a décidé de ne pas exécuter cet accord estimant qu'il porte également atteinte à la transparence dans l'intégration dans la fonction publique. Si les diplômés-chômeurs trouvent légitime leur revendication, le gouvernement, lui, estime défendre un principe immuable de sa politique. Le dénouement n'a aucune chance, d'autant que Benkirane a rappelé, à plusieurs reprises, qu'il ne sera pas possible d'intégrer « tout le monde dans la fonction publique ». « Un accord est un accord » Sur le sujet, le PAM rappelle que le principe de la continuité de l'Etat doit être respecté. Si l'Etat a fait une promesse, c'est qu'il doit la tenir afin de maintenir la confiance des citoyens. Mehdi Bensaid, député du PAM, souligne que son parti n'est pas contre la mise en place d'un concours d'accès à la fonction publique, mais plutôt contre l'exclusion de certains d'un privilège dont d'autres ont profité. Le PAM avait même proposé d'intégrer les signataires de l'accord aux postes budgétaires du PLF 2013, mais le gouvernement a brandi l'article 77 où il est question de protéger l'équilibre financier de l'Etat. Pour le gouvernement, consacrer plus de 2 000 postes à ces diplômés-chômeurs équivaut à la nécessité de les créer, ce qui implique des dépenses supplémentaires et légitimes, par conséquent, l'utilisation de l'article 77. Pourtant, le PAM parle d'intégration et non d'ajout et estime être donc en droit de saisir le Conseil constitutionnel dès l'adoption du PLF 2013. * Tweet * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/5 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)