En marge de la 6e édition du sommet Africités qui se tient jusqu'à samedi à Dakar, Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de CGLUA (organisatrice de ce sommet), revient pour le Soir Echos, sur le rôle des collectivités locales dans le développement de l'Afrique. Jean-Pierre Elong Mbassi. Parlez-nous tout d'abord de votre organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLUA) est une organisation de collectivités territoriales sur l'ensemble du continent et qui a pour objectif de promouvoir la décentralisation et le renforcement du rôle des collectivités locales dans le développement. Le premier sommet Africités s'est tenu en 1998 à Abidjan en Côte d'Ivoire. Ce premier rendez-vous a réuni, pour la première fois, une kyrielle de maires et d'autorités territoriales venus des quatre coins du continent. Mais c'est en 2005 que nous avons tenu notre congrès fondateur à Pretoria, posant ainsi les jalons de l'unification de toutes les collectivités territoriales africaines au sein d'une même organisation, Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLUA). Notre organisation réunit les 40 associations nationales de collectivités locales d'Afrique et les 2000 villes les plus importantes du continent. Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLUA) représente la voix africaine des collectivités locales au niveau de l'organisation mondiale des collectivités locales. Quelle est la particularité du sommet Africités de cette année ? D'abord le thème de ce sommet est édifiant. « Construire l'Afrique à partir de ses territoires », c'est un thème qui est d'actualité. Cela fait maintenant plus de 50 ans que l'Afrique, en général, a acquis son indépendance, mais l'intégration africaine demeure toujours un problème aujourd'hui. Je pense qu'on n'a pas pris la bonne voie. Certes, des pas ont été faits, mais ils ont souvent été rhétoriques. Le moment de construire l'Afrique à la base est donc venu. Il faut donc bâtir à partir des territoires. Comment se fait-il que des années après la colonisation, aucun débat sérieux n'a été mené au sujet des frontières pour faciliter la libre circulation des personnes et des biens, sauf dans l'espace CEDEAO où ce principe est aujourd'hui une réalité. C'est ce que notre organisation, Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLUA), propose à Dakar pour cette édition. Quels rôles pour les médias africains dans cette logique de développement à la base ? À mon avis, les médias sont des éclaireurs. Mais malheureusement les médias africains agissent aujourd'hui comme les puissants médias occidentaux, qui ont assigné l'Afrique à résidence. C'est-à-dire qu'ils ont fait pour exclure l'Afrique des grands débats à l'échelle mondiale, la réduisant à un endroit où on vient juste retirer des matières premières et on s'en va. Les médias africains ont donc entériné cela. Je pense qu'il revient aujourd'hui aux médias africains de construire l'image de l'Afrique. Les médias africains doivent, à mon avis, arrêter de faire comme les autres. Ils doivent jouer leur rôle, c'est-à-dire éduquer les masses et leur redonner espoir parce qu'aujourd'hui, la jeunesse africaine ne croit plus en elle-même. Quelle est la marge de manœuvre des collectivités locales dans le développement du continent africain ? Leur marge de manœuvre sera celle qu'elles se donneront. Il faut que les collectivités locales prouvent par les services qu'elles rendent aux populations, par la compréhension des difficultés quotidiennes de ces populations qu'elles ont leur mot à dire dans le développement du continent. C'est par ce moyen qu'elles vont gagner de la crédibilité. On voit aujourd'hui des collectivités locales, qui se démerdent pour venir en aide à leur population à travers de nombreux projets soit d'assainissement, soit d'eau potable et bien d'autres. C'est déjà une façon de montrer que les collectivités locales ont leur pierre à apporter à l'édifice. * Tweet * *