Le grand poète, compositeur, parolier et homme de théâtre marocain, Ahmed Tayeb Laâlej, a rendu l'âme, samedi soir à Rabat à l'âge de 84 ans. L'inhumation a été effectuée dimanche dans sa ville natale, Fès. Retour sur la vie d'un grand homme. Ahmed Tayeb Laâlej. Un sourire discret mais profond et un béret-fétiche qui ne le quittaient jamais, Feu Ahmed Tayeb Laâlej,a charmé des générations marocaines mais aussi des mélomanes du monde entier, par ses mots perçants et son intellect envoûtant. Démarrant sa vie dans la menuiserie, il ignorait tout comme son entourage qu'il allait devenir l'un des plus grand artiste et intellectuel du pays. Un legs au patrimoine national Dans la chanson, il a rendu le dialecte marocain accessible et compréhensible, et a posé les bases de ce qu'on appelle aujourd'hui la troisième langue : un mélange d'arabe classique et de darija, très apprécié, surtout dans ses deux titres les plus populaires : Marsoul El Houb ( Le messager de l'amour, ndlr) et Ma Ana Ila Bachar (Je ne suis qu'un humain), titres repris par de nombreux chanteurs étrangers bien avant que le regretté ne soit célèbre. Au théâtre, la scène marocaine lui a décerné un diadème de polyvalences artistiques. Feu Ahmed Tayeb Laâlej a non seulement été un autodidacte mais aussi l'auteur des célèbres pièces « Walli Allah » ou encore « Sidi Kaddour Alami ». L'artiste disparu s'est notamment surpassé à travers des adaptations théâtrales telles que celle de Romain, Brecht et Molière. Pour ce dernier, Ahmed Tayeb Laâlej a interprété à la perfection le très fourbe « Scapin», l'instable «Tartuffe», et le pauvre « bourgeois gentilhomme».... « Les grands partent les uns après les autres. Mais le pire c'est qu'il n'y a personne pour prendre la relève. Adieu, Tayeb Laâlej ! », écrivait hier Mehdi, un jeune internaute marocain sur Twitter. Mchiti ou khalitin… Né en 1928 à Fès, Ahmed Tayeb Laâlej a reçu très tôt en 1973 le Prix de littérature et, en 1975, la médaille du mérite intellectuel syrien. Il rejoindra ensuite des sommités intellectuels mais aussi ses semblables, à l'Union des écrivains du Maroc, en 1986. Les proches et les fans de Si Tayeb chanteront d'un air triste le deuil de celui qui a composé pour Maati Belkacem « Aalach Ya ghzali, ou Aalach ya ghzali, mchiti ou khalitini.... » (Pourquoi, ô mon chéri, pourquoi m'a tu quitté... ). * Tweet * *