Parcours de combattant. Ainsi pourrait-on qualifier le cheminement des négociations entre le Maroc et l'Union européenne pour la conclusion d'un accord de libéralisation des services. Prévu initialement pour la fin de l'année en cours, il paraît clairement que ce cadre de partenariat butte encore sur bon nombre de points. Amara : « Nous ne sommes pas dans la logique de demander aux entreprises européennes de venir investir au Maroc ». Le forum d'affaires UE-Maroc tenu mardi à Casablanca était l'occasion de soulever cette question cruciale. À commencer par celui des visas. De l'avis de ce jeune entrepreneur, au vu des concessions présentées par le Maroc, l'UE est invitée, pour sa part, à aménager des solutions pour plus de fluidité au niveau des frontières. Autrement dit, conclure un accord de libéralisation des services veut dire s'accorder sur une position d'équilibre tout en respectant la notion de réciprocité. La réponse d'Antonio Tajani, Vice-président de la Commission européenne en charge de l'industrie et de l'entrepreneuriat fut une réponse diplomatique saupoudrée d'une logique de défense des intérêts stratégiques du vieux continent. «Le problème des visas n'est pas seulement une question de sécurité, c'est aussi une question d'ordre économique », tient à éclaircir Tajani. Avant d'ajouter que le débat est ouvert à l'échelle européenne pour changer sa ligne de direction en vue de revoir à la hausse les quotas des visas autorisés. «Il y a près de quatre semaines que le débat sur cette question des visas est lancé sérieusement au niveau de la Commission européenne et pour la première fois(…) Quoique faille quand même rester attentif…», précise-t-il. Le retour à l'économie réelle Celui-là même qui conduit une importante délégation industrielle reconnaît que l'internationalisation est devenue une stratégie prioritaire pour l'UE, engouffrée dans un cycle de récession dont le bout du tunnel n'est pas encore en vue. Le ton est clair : «Je conduis une délégation industrielle et non commerciale pour une mission bien ciblée», s'exprime-t-il. La nouvelle stratégie européenne de repositionnent et d'externalisation à l'international en dit long sur les leçons tirées de l'ascension fulgurante de l'économie virtuelle. Notre premier partenaire a compris enfin que le temps est au retour à l'économie réelle, comme le porte à croire Tajani, qui affirme qu'« on est là pour travailler contre la crise et, surtout avec quelqu'un qui est proche de nous». Il pense en fait à une coopération bilatérale et à une co-localisation compétitive non pas dans le sens de «prédateurs de contrats», pour reprendre le terme du top management de la société Alstom Maroc. Cette mission industrielle représentant les activités de l'Agroalimentaire, l'Automobile, l'Aéronautique… voit dans «les changements amorcés» touchant aux secteurs de la justice, au climat des affaires (délais de paiement) des «messages très positifs» de la part du gouvernement marocain. Un partenariat gagnant-gagnant Ce dernier est représenté à cette occasion par Abdelkader Amara , ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies. Il adresse pour sa part un message fort : «nous ne sommes pas dans la logique de demander aux entreprises européennes de venir investir au Maroc ». Dit autrement, une «logique de courtoisie». Loin s'en faut. Le ministre PJDiste insiste sur le fait qu'il faut voir dans le marché marocain «une place compétitive». À ses yeux, le partenariat Maroc-UE devrait s'inscrire dans «la logique gagnant-gagnant». Une annonce à manier avec précaution. L'enjeu de coopération industrielle se heurte au refus des européens de coopérer dans un cadre de transfert de technologie ou ce qu'appellent les économistes la compensation industrielle. Sur ce chapitre, Amara affirme au Soir échos, que cette question ne figure pas encore comme condition dans les appels d'offres des marchés publics. Et d'ajouter que le Maroc n'a pas encore cette base industrielle solide, à proprement dit, pour intégrer cette composante dans les accords de coopération. D'autres atouts jouent à ce titre. Pays musulman, le Maroc demeure un modèle en matière de tolérance et d'ouverture. Pour preuve, le ministre met en avant la carte de la stabilité politique. «Certes, la stabilité ne s'improvise pas du jour au lendemain, mais nous assumons nos responsabilités», soutient-t-il. Dernières touches : accord de libre-échange Dernière ligne droite pour l'accord de libre échange Maroc-UE. Ce dernier au même titre que le statut avancé fait l'objet de plusieurs déclarations d'intentions à l'occasion de la visite du Vice-président de la Commission européenne à la tête d'une importante délégation. Selon Amara cinq protocoles d'intentions ont été signés portant entre autres sur les normes, le contrôle de qualité… La mission d'hommes d'affaires qui a fait le déplacement compte parmi ses troupes des sociétés de renommée mondiale à l'exemple de British American Tobacco, Nokia, Philips… * Tweet * *