Le budget alloué à l'Administration pénitentiaire a fait l'objet d'une discussion, hier, à la commission de justice, de législation et des droits de l'Homme de la Chambre des représentants. Benhachem estime que l'insuffisance des moyens freine ses ambitions. L'insuffisance des moyens freine les ambitions d'amélioration des conditions de détention des détenus, selon Hafid Benhachem. «Nous sommes face à deux malades : le détenu et l'Administration pénitentiaire ». Le président du groupe parlementaire du PAM, Abdellatif Ouahbi, inaugure la discussion du budget sectoriel alloué à l'administration pénitentiaire par un constat qu'il estime objectif. Soulignant le peu de moyens dont dispose l'Administration pénitentiaire, 2,33 milliards de dirhams, Ouahbi affirme que la crise des prisons ne pourra connaître une issue qu'à une seule condition : réformer le code pénal de manière à adopter au plus vite la méthode des peines alternatives. Pas de vision « Je ne peux décrire la situation des prisons, (...) Mais je dois dire que le chef du gouvernement ne nous a pas encore décliné sa vision de la gestion de cette administration », ajoute le député, soulignant sa conviction que cette institution manque parfois d'audace en matière de contribution à l'amélioration du cadre législative. « Le rôle de l'Administration pénitentiaire n'est pas uniquement d'appliquer la loi mais d'apporter des propositions (...) Les directeurs de prisons n'ont pas cet audace », insiste-t-il. Et de rappeler que la prison est supposée être « un moyen de réinsertion et non d'entassement d'être humains ». Ce qui, pour lui, implique l'urgence d'asseoir les peines alternatives. « Vous êtes responsable politiquement, administrativement et humainement jusqu'à ce que vous quittiez votre responsabilité », lance Ouahbi au délégué général de l'Administration pénitentiaire, Hafid Benhachem, revendiquant de ce dernier des données sur la récidive, sa fréquence et ses caractéristiques. Augmentation insuffisante Toujours dans le rang de l'opposition, le président du groupe parlementaire de l'Union constitutionnelle, Chaoui Belassal, estime que l'Administration pénitentiaire n'a pas réussi à activer plusieurs lois qui auraient pu contribuer à résoudre certains de ses problèmes. « Nos critiques sont liées uniquement à la nécessité de trouver solution aux problèmes existant et d'humaniser l'approche de gestion de ce secteur de manière à établir un équilibre entre la sanction et le respect des droits des détenus », soutient-il, estimant que Benhachem affiche une ambition qui dépasse ses moyens. Le projet de loi de finances a accordé au titre de 2013 un budget de 2,33 milliards de dirhams. Au cours de sa présentation, le délégué général souligne que la plus grande partie de ce budget, soit 1,3MMDH, est injectée à la gestion, alors que ceux des investissements et du fonds spécial de soutien des prisons se chiffrent respectivement à 830 millions de dirhams et à 120 MDH. Le reste, 5,5 MDH, sont alloués à la direction indépendante des unités de production. C'est d'une augmentation d'une moyenne de 9 % qu'a bénéficiée l'Administration pénitentiaire pour qui l'effort du gouvernement reste insuffisant. « La population des prisons augmente de 23 %, elle est passée de 57 563 détenus à 70 675 en 2012 », souligne Benhachem. Et de reconnaître que le manque de ressources humaines pose également un énorme problème. « Sur 1 500 postes que nous avons revendiqué, seuls 600 ont été retenus », regrette-t-il. Preuve à l'appui, le délégué général précise que le nombre de gardiens dans les prisons a considérablement baissé. « Nous avions un gardien pour 10 détenus, en 2011, mais l'année suivante, le nombre des détenus pour chaque gardien a dépassé 12 », affirme-t-il. Pourtant, Benhachem ne s'avoue pas vaincu, il a entamé une nouvelle expérience dans certains centres pénitentiaires : la surveillance électronique dont il n'a pas tardé à faire l'éloge en projetant aux députés un film prouvant son efficacité notamment dans la lutte contre la drogue au sein des prisons et la violence entre détenus ou contre les gardiens. Mesures disciplinaires Benhachem annonce qu'il ne ménage aucun effort pour « moraliser la vie au sein des prisons ». Au cours de sa présentation, il déclare que 303 fonctionnaires de l'Administration pénitentiaire ont fait l'objet de mesures disciplinaires pour violation des lois. 57 de ces mesures ont été un congédiement alors que 67 autres ont été présentées à la justice. « Nous sommes le seul secteur à avoir pris ce genre de décision de congédier des fonctionnaires », tient-il à préciser. Et de souligner que c'est dans le but de maintenir le respect des droits des détenus qu'il a choisi d'installer la surveillance électronique à Toulal 2, Salé 2, Khouribga et Aïn Sebaa. A présent, le Délégué général compte généraliser l'expérience. * Tweet * *