La Grèce, l'homme malade de l'Europe continue de susciter l' inquiétude des politiques malgré les propos rassurants des politiques. «Il n'y a pas d'indications sur le fait que la Grèce demande l'aide aujourd'hui », a déclaré leur chef de file, Jean-Claude Juncker, à son arrivée vendredi à la réunion avec ses homologues à Madrid. Cette rencontre doit être suivie dans l'après-midi par une réunion des ministres de l'ensemble de l'Union européenne, actuellement présidée par l'Espagne, même si plusieurs délégations n'avaient pas pu arriver à Madrid vendredi matin en raison de la fermeture de certains espaces aériens européens. «La Grèce a fait les premiers pas, mais c'est à eux de poursuivre » s'ils veulent ces aides qui prévoient au moins 30 milliards d'euros de crédit à un taux préférentiel d'environ 5 %, a déclaré de son côté la ministre espagnole de l'Économie Elena Salgado. «Il n'y a aucune décision à attendre aujourd'hui», a-t-elle ajouté. Aucune demande formelle de la Grèce n'est encore attendue dans l'immédiat, mais la perspective d'un déclenchement de l'aide se rapproche. La zone euro et le FMI vont imposer des mesures supplémentaires cette année et les deux prochaines incluant des baisses de salaires dans le privé, des licenciements plus faciles et des fermetures d'organismes publics. «L'activation de l'aide UE-FMI dépend de l'intérêt du pays » mais « nous faisons toutes les actions préparatoires» dans ce sens, a indiqué vendredi le Premier ministre grec Georges Papandréou. La Grèce a entamé jeudi le processus qui pourrait enclencher l'activation du mécanisme d'aide, décidé dimanche 11 avril pour mettre fin à sa dramatique dérive budgétaire. Le gouvernement grec a demandé l'ouverture de discussions avec la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international sur «un programme de politiques économiques». Il s'agit de déterminer les conditions du mécanisme d'aide annoncé dimanche. Ce dernier doit couvrir une période de trois ans, avec un volume de crédits de la zone euro allant jusqu'à 30 milliards d'euros la première année, combinés à un apport du FMI. En réponse à la demande des autorités grecques, le FMI et la Commission ont annoncé qu'ils enverraient des missions à Athènes lundi pour commencer à parler des politiques à mettre en place, et des efforts qui seront exigées d'Athènes en échange des prêts. «Il s'agit de préparer un programme conjoint de conditionnalité et de financement si nécessaire et si demandé», a précisé le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn vendredi. La presse grecque, qui parie sur un recours final du pays au mécanisme d'aide, prévoit un durcissement supplémentaire de la cure d'austérité imposée à la Grèce à la demande de ses partenaires. Selon le quotidien libéral Kathimérini, la zone euro et le FMI «vont imposer des mesures supplémentaires cette année et les deux prochaines incluant des baisses de salaires dans le privé (…), des licenciements plus faciles et des fermetures d'organismes publics». D'après le journal socialiste Ta Néa, les discussions qu'entameront le FMI et la Commission porteront notamment sur une baisse des salaires dans le privé, un plafond sur les retraites, et la fermeture de services et entreprises publics. Les Européens ont déjà demandé à Athènes de prendre toute une série de mesures d'économies afin de réduire de façon drastique son énorme déficit, qui a été chiffré à 12,9 % du Produit intérieur brut en 2009. Un nuage grec sur l'euro La Grèce n'en finit pas d'occuper les esprits. Vendredi 16 avril, Papandréou, Premier ministre grec, confirme avoir entamé des actions préparatoires pour une activation» de l'aide financière européenne et du FMI. Pour mémoire, les ministres de la zone euro ont décidé un programme d'aide à la Grèce, qui doit couvrir une période de trois ans avec un volume de crédits allant jusqu'à 30 milliards d'euros à 5% de taux d'intérêts, auxquels s'ajoutent 10 à 15 milliards d'euros issus du FMI. Le FMI sera donc de la partie avec des conséquences incertaines sur la monnaie européenne, d'autant plus que les analystes craignent une contagion à d'autres pays de la zone sud de l'Europe et que des rumeurs persistent sur des besoins bien plus grands de la Grèce que les 45 milliards proposés par l'aide européenne. En fait ce serait plus du double. Mais à des taux d'intérêt de 7% ou 8%, l'emprunt devient problématique. Pour l'heure, l'euro continue son plongeon face au dollar et au yen. L'activation du plan de sauvetage de la Grèce ne rassure pas : l'eurodollar s'affiche à 1,3527 dollar contre 1,3574 dollar jeudi et l'euroyen à 125,36 yens contre 126,33 yens la veille. Une baisse qui doit faire plaisir aux industriels, mais qui inquiète les analystes pris dans l'incertitude d'une politique européenne concertée et une opinion publique allemande divisée sur le sort de la Grèce alors que les élections approchent à grand pas.