Près d'un an passé à la tête d'un département miné, le bilan d'étape s'avère relativement admissible en ligne avec la crise mondiale mais aussi avec la transition politique que connaît le pays. La superposition et l'exercice des mêmes compétences par différents intervenants institutionnels font que le paysage urbanistique demeure flou. Nabil Benabdellah ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville : «Nous avons prévu pour cette année cinq plans d'aménagement. Mais ça dépend du découpage…». Parcours de combattant. Ainsi pourrait-t-on qualifier la tâche incroyablement écrasante assignée au ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, Nabil Benabdellah. Le leader du parti du livre l'avoue lui-même. Près d'un an à la tête d'un département miné, le bilan d'étape s'avère relativement admissible en ligne avec la crise mondiale mais aussi avec la transition politique que connaît le pays. À fin septembre 2012, l'encours des crédits et le volume des investissements directs étrangers (IDE) ont encaissé des pertes sèches respectivement de plus de 27 % à 10,8 milliards de dirhams et de 35 % à 1,41 milliards de dirhams. À eux seuls, ces deux indicateurs nous montrent clairement que ce secteur, d'ailleurs une des locomotives de la croissance économique, surfe sur une vague de revirement des tendances. La crise qui a touché de plein fouet les segments haut et moyen standing a poussé les promoteurs immobiliers à se rabattre sur le logement social. Non pas par choix mais faute de mieux. Le bilan d'étape présenté par le ministre mardi au siège de son département à Rabat fait état d'une hausse de la production de logements. En effet, 212 000 unités de logement dont 161 000 unités de logement économique et social ont été produite à fin septembre dernier. Ces dernières ont enregistré un bond spectaculaire de 66,4 % en glissement annuel. Les neufs premiers mois de l'année en cours ont également marqué l'achèvement des travaux de construction de 66 200 unités dont 48 200 dédiées au logement économique et social. Ce dernier s'est développé de 16,5 % en comparaison annuelle, à défaut d'une offre bien adaptée aux besoins des catégories socioprofessionnelles. Ce constat se trouve corroboré par l'amélioration notable du volume des crédits octroyés dans le cadre des fonds de garantie (Fogarim/Fogaloge).Il s'est élevé à 15 milliards de dirhams dont 91 430 bénéficiaires, soit une hausse de près de 21 %. Le logement à 140 000 dirhams ! Ce bilan chiffré qui traduit selon la lecture du ministre «des performances», cache toutefois une réalité amère. On oserait même dire que c'est l'arbre qui cache la forêt. Dans la mesure où l'offre immobilière produite reste en déphasage avec la demande, quantitativement et qualitativement parlant. Preuve en est les difficultés liées à la commercialisation du produit à faible valeur immobilière (140 000 dirhams). «L'objectif de livrer les 129 000 unités produites à l'horizon 2012 n'a pas été atteint», se désole le ministre. D'où l'objet de la simplification de la procédure de commercialisation dudit produit. Mais aucun détail n'a été fourni sur la nature de cette «simplification». Au-delà de l'habitat et la production de logement, l'aménagement et l'urbanisme restent le parent pauvre de ce secteur à forte sensibilité sociopolitique. La superposition et l'exercice des mêmes compétences par différents intervenants institutionnels font que le paysage urbanistique demeure flou. Pis, ils entravent même toute tentative de refonte ou de réforme radicale. «Ça nous dépasse », lance catégoriquement Benabdellah. Cette interférence des périmètres d'intervention se manifeste clairement dans le cas des plans d'aménagement. «Nous avons prévu pour cette année cinq plans d'aménagement. Mais ça dépend du découpage…», éclaire-t-il. Ce dernier pense au découpage électoral bien sûr, un sujet toujours controversé. Les règles du jeu politique obligent. La circulaire de la colère Autre chantier explosif qui prouve cette interaction, la dernière circulaire émise par le ministre dans le but de supprimer la dérogation donnée aux walis et gouverneurs en matière d'urbanisme pour les projets d'investissement. Certains organes de presse ont relayé l'information comme quoi le ministre a signé le même jour une autre circulaire qui rend nulle la précédente. Benabdellah a nié catégoriquement ces faits. « La circulaire est toujours en cours. Elle sera mise en vigueur dans les quelques semaines à venir. C'est juste une question de temps. D'ailleurs l'adoption de la circulaire pour l'encouragement de l'investissement en matière d'urbanisme est prévue pour décembre 2012», explique-t-il. À en croire Benabdellah, l'adoption de cette circulaire à débat passe d'abord par l'adoption d'une circulaire visant la simplification des procédures d'instruction des demandes d'autorisation. Ce travail est en cours, en concertation avec le ministère de l'Intérieur, ajoute-t-il. Il est question aussi de simplifier les procédures de construction et de mise en conformité. Toujours selon ce dernier, la lettre envoyée aux agences urbaines a pour but de mieux contrôler le dispositif de la dérogation, outil réglementaire mis en place à l'époque de Driss Jettou, alors Premier ministre, en l'absence de documents d'urbanisme. «Notre objectif est de limiter le recours excessif à la dérogation en vue de promouvoir les projets à caractère économique et social», précise-t-il. Le déficit chronique en matière d'encadrement et de réglementation juridique dans ce domaine a fait que le plan d'action 2013-2016 du ministère compte colmater la brèche. Ainsi, plus de 30 mesures réglementaires et juridiques sont dans le pipe. Il est prévu ainsi l'élaboration des documents d'urbanisme pour 12 grandes villes à l'horizon 2013-2014, avec une enveloppe budgétaire estimée à 100 millions de dirhams. Le chantier prévisionnel compte aussi l'approbation de 400 documents d'urbanisme à fin 2016 pour un budget de 400 millions de dirhams. Repositionnement des agences urbaines Le volume des crédits octroyés dans le cadre des fonds de garantie (Fogarim/Fogaloge).Il s'est élevé à 15 milliards de dirhams, soit une hausse de près de 21 %. Tout le défi pour Benabdellah pour venir à bout de ces superpositions de pouvoirs est de donner aux agences urbaines la place qui leur échoit. L'investissement dans l'habitat et l'urbanisme ne devrait normalement pas relever du ressort d'un département comme l'Intérieur. D'où toute cette stratégie relative à l'aménagement du territoire et de repositionnement des agences urbaines. En effet, le plan législatif de Benabdellah prévoit l'élaboration du projet de loi relatif à l'aménagement du territoire à l'horizon 2014. Il est question aussi d'élaborer de nouveaux textes juridiques ayant trait à l'urbanisme (planification urbaine, autorisations en matière d'urbanisme, mesures spécifiques aux projets d'intérêt économique réels…). Figurent aussi sur la liste des chantiers prioritaires, la révision de la loi régissant les agences urbaines en juin 2013. L'exercice 2013-2014 connaîtrait la création de 5 nouvelles agences urbaines, avec un budget estimé à 50 millions de dirhams. 2013 serait l'année par excellence des agences urbaines. À partir du mois de février, il serait procédé à la mise en œuvre des résultats de l'étude relative à la mise à en place des indicateurs de performance de ces agences. Fin 2013 verra la généralisation de l'audit à toutes les agences urbaines mais aussi la mise en place d'un nouvel organigramme et d'un nouveau statut de leur personnel. Réduction du déficit en logement 70 000 unités de logement social autorisées dont 33.000 unités mises en chantier. Relogement de 22 870 ménages dans le cadre du VSB Achèvement des travaux au profit de 28 000 ménages Lancement des travaux pour le relogement de 6 880 ménages Le stock en unités vacantes disponible permet de reloger 19 215 ménages Lancement des travaux au profit de 4 668 ménages concernés par l'habitat menaçant ruine Déclaration de 7 villes sans bidonvilles avant fin 2012 (Azemmour,Bouarfa, Derwa, Lakssar El Kebir, Oujda, Sidi Bennour et Targuist). Plan d'action Déclaration de 11 villes sans bidonvilles en 2013(Beni Yakhlef, Es Smara, Kelaa des Sraghnas, Settat, Sidi Kacem, Sidi Slimane, Souk Sebt, Tanger, Tztouan, Touissit-Oued El Haimer). Production de 9 000 unités à faible valeur immobilière. Production de 80 000 unités sociales par an. Production de 20 000 unités dédiées à la classe moyenne à partir de 2014. Evaluation des programmes de l'habitat social (250 000 et 140 000 DHS) en 2013-2014. Elaboration de programmes d'habitat dans le monde rural, les cimes et les nomades en décembre 2013. Mise ne œuvre d'une nouvelle stratégie relative à l'habitat menaçant ruine en juin 2013. Création de 6 Ecoles nationales d'architectures (Marrakech, Fés, Tétouan, Agadir, Oujda et Casablanca (2013-2016)). * Tweet * *