Une récente étude réalisée par l'association REINS révèlent le manque d'informations flagrant des professionnels de la santé sur les greffes et dons d'organes. La sensibilisation et la formation de l'opinion publique et en particulier médicale, sont des plus urgentes. 70 % des professionnels de la Santé n'ont aucune formation sur la greffe et le don d'organes, selon l'étude réalisée par l'Association REINS. «La greffe d'organes au Maroc est toujours à la traîne. Un statut quo qui perdure depuis des années. «La greffe d'organes est sporadique au Maroc. Depuis 1986, date à laquelle la première greffe de rein a été réalisée, à partir d'un donneur vivant, ce sont à peine 200 interventions qui ont été accomplies ». Les propos sont du professeur Amal Bourquia. Cette néphrologue, présidente de l'Association REINS, ne jette pas l'éponge. Elle revient à la charge à l'occasion de la Journée mondiale du don et de la greffe d'organes, célébrée le 17 octobre, pour sensibiliser l'opinion publique sur cette situation désolante, au moment où le nombre des personnes sous dialyse ne cesse d'augmenter faute de donneurs. La loi n'autorise le prélèvement d'un organe que sur un donneur vivant apparenté. Concernant le prélèvement sur un donneur en état de mort encéphalique, la législation exige l'accord de sa famille. Les considérations religieuses figurent également parmi les freins au développement de la greffe d'organes dans le pays. Bien que l'Islam autorise le don d'organes, dans certains cas, ils sont nombreux à s'y opposer par manque d'informations. C'est la raison pour laquelle l'Association marocaine de lutte contre les maladies rénales (REINS) mène depuis des années des campagnes de sensibilisation auprès de l'opinion publique pour les informer et les encourager à faire don de leurs organes. Pour atteindre son objectif, l'association a mené une étude auprès des professionnels de la santé afin d'évaluer leurs perceptions sur la greffe d'organes et vérifier leurs connaissances à ce sujet, voire leur disposition à donner un organe de leur vivant ou après leur mort. Les conclusions de cette étude, qui seront présentées mardi 16 octobre lors d'une rencontre organisée par l'association REINS à Casablanca, sont pour le moins stupéfiantes. « Les résultats détaillés de cette étude montrent que 70% de ces professionnels n'avaient aucune formation sur la greffe et le don d'organes et que 60% ignorent tout de la législation marocaine et des aspects religieux du don », déplore Amal Bourquia, ne manquant pas de souligner que le peu de choses qu'ils connaissent, il l'ont appris auprès des médias. « D'où le rôle primordial des médias dans la diffusion des informations nécessaires », insiste cette professionnelle. A noter que l'étude a concerné 1044 professionnels de la santé dont des biologistes, des médecins, des infirmiers, des pharmaciens…et a touché les différentes villes du pays. Les sondés ont également exprimé leur souhait d'approfondir leurs connaissances. Quant à l'intention du don, 60 % seraient donneurs après leur mort et 20% pourraient donner de leur vivant. En somme, beaucoup de travail reste à faire pour développer la greffe d'organes dans le pays. Sensibiliser et informer l'opinion publique et les professionnels de la santé sur la pratique de la greffe rénale, les dispositions de la législation et de l'Islam, faire pression sur les pouvoirs publics sur la nécessité et l'urgence de mettre en œuvre une stratégie de développement du don et de greffes d'organes…Pour Amal Bourquia, les patients ont un rôle important à jouer pour imposer ce genre de thérapeutique. Selon cette néphrologue et militante chevronnée, l'implication de la population marocaine en général et médicale en particulier devient une nécessitée pressante. REINS La lutte continue Créée en 2004, l'association REINS a vu le jour grâce à la volonté commune des malades, des parents de malades, des médecins, des professionnels de la santé et des volontaires... L'ONG s'est fixée de nombreux objectifs dont celui de faire connaître les maladies rénales, les moyens de traitement et les possibilités de les prévenir. Depuis sa fondation, l'association mène des campagnes de sensibilisation et de d'information auprès de l'opinion publique notamment en ce qui concerne les difficultés financières que peuvent engendrer les maladies rénales et l'avantage qu'offre la greffe aux patients. L'association réalise également des études de terrain pour éclairer la population et attirer l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité de mettre en place une stratégie de développement de la greffe d'organes. * Tweet * *