Barack Obam avait jeté un froid au Congrès et à la Nasa en annulant en février, sans alternative claire, le programme Constellation de retour des Américains sur la Lune vers 2020, en prélude à la conquête de Mars. Figure emblématique de la conquête de l'espace, Neil Armstrong avait fustigé cette décision qualifiée de «dévastatrice» pour l'exploration spatiale américaine, condamnée à la «médiocrité» et à renoncer à sa suprématie d'un demi-siècle. Le premier homme à avoir foulé la Lune en 1969, généralement très discret, avait même interpellé Barack Obama dans une lettre ouverte mardi 13, co-signée par les anciens astronautes James Lovell et Eugene Cernan, qui s'étaient fait l'écho de nombreuses critiques du Congrès et à la Nasa. Aujourd'hui, Obama compte donner un nouveau souffle au rêve américain de conquête spatiale. Le président veut encourager le développement de lanceurs privés pour acheminer à moindre coût les astronautes à l'ISS. Aujourd'hui jeudi, il se rend au Centre spatial Kennedy, près de Cap Canaveral, pour détailler ce changement d'approche spatial très attendu. Les grandes lignes en sont déjà connues. «Le président va détailler les objectifs et stratégies de cette nouvelle vision pour la Nasa, y compris des destinations dans l'espace correspondant aux capacités (technologiques) grandissantes jusqu'à ce que nous puissions atteindre Mars», a précisé la Maison Blanche. Dans ce cadre, il va proposer de commencer à développer un nouveau lanceur lourd avec une décision pour en arrêter le concept dès 2015. Cette fusée sera destinée aux missions habitées lointaines comme l'orbite lunaire, des astéroïdes et Mars. Comme il l'avait déjà fait, Barack Obama va insister sur «le développement de nouvelles technologies pour réduire le coût des futures activités d'exploration spatiales habitées», tablant sur des missions robotiques en éclaireur pour éprouver ces technologies et accroître la sécurité des astronautes. Selon la fiche de trois pages publiée sur le site de la présidence, Barack Obama va proposer de consacrer six milliards de dollars de plus sur cinq ans dans le budget de la Nasa pour financer cette «vaste stratégie de vols spatiaux habités», créant ainsi 2.500 nouveaux emplois en Floride d'ici 2012, alors que la fin du programme des navettes fin 2010 va entraîner 9.000 pertes d'emploi au Centre Kennedy, soit près de 60% des effectifs actuels. Barack Obama va aussi restructurer Constellation – qui a déjà coûté plus de neuf milliards de dollars – pour que la Nasa développe une nouvelle capsule Orion, plus petite que celle initialement prévue. Elle sera lancée, sans astronaute, par des fusées commerciales vers la Station spatiale internationale où elle sera amarrée comme véhicule de secours. Le président veut encourager en outre le développement de lanceurs privés pour acheminer à moindre coût les astronautes à l'ISS. Mais, après la mise hors service des navettes et en attendant que ces fusées volent, la Nasa dépendra des capsules russes Soyouz pour transporter ses astronautes au coût de 51 millions de dollars le siège.