C'est un tournant dans l'histoire des Etats-Unis et du Maroc que cette première session du Dialogue stratégique entre les deux pays qui vient d'avoir lieu à Washington et présidée par Hillary Clinton, secrétaire d'Etat américaine et Saad Dine El Otmani, ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Saad Dine El Otmani, ministre des Affaires étrangères et de la coopération et Hillary Clinton, secrétaire d'Etat américaine. « Les Etats-Unis et le Maroc conviennent que leur engagement relatif aux principes de liberté, de justice, des droits de l'Homme, de l'Etat de droit, du dialogue culturel, et de pratiques démocratiques, ainsi qu'au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale doivent constituer les fondements de toute structure de gouvernement émergent ». En commentant ainsi la clôture de la 1ère session du « Dialogue stratégique Maroc-Etats-Unis », Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération entend souligner la place privilégiée que le Maroc occupe dans la vision stratégique américaine. Aussi, la 1ère session du Dialogue entre les deux pays, renforce-t-elle le cadre du partenariat privilégié entre le Maroc et les Etats-Unis qui, historiquement, existe depuis près de trois siècles, mais qui vient d'être quasiment consacré depuis quelques années, à la faveur de l'accession au trône de Mohammed VI. En 2004 , le Maroc recevait le statut d'allié majeur non-OTAN et, deux ans plus tard, signait l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis qui est à présent une référence en termes de partenariat économique et commercial. Des groupes de travail en action La première session a été marquée par une double volonté, affichée et revendiquée même : résister aux tempêtes de déstabilisation qui frappent la région , notamment la Syrie et la Libye où un ambassadeur américain et ses collaborateurs ont été froidement assassinés ; prouver au reste du monde que la violence ne saurait se substituer au dialogue responsable. Quatre groupes de travail ont été constitués dans le cadre de cette première session : le premier est consacré aux questions politiques, le deuxième à l'économie, le troisième à la sécurité et le quatrième enfin à la culture, l'éducation et l'environnement. Ce sont-là les axes majeurs que la coopération maroco-américaine inscrit désormais sur son fronton, avec l'objectif de les promouvoir et de les doter des moyens nécessaires. Il convient de souligner que chacun de ces domaines comporte en lui-même un vaste champ d'actions. Youssef Amrani a déclaré, à cet égard, que les deux gouvernements «ont convenu d'ériger en priorité la promotion au niveau régional des pratiques démocratiques, des droits de l'Homme, d'autonomisation de la femme, de l'Etat de droit et des efforts pour combattre la menace croissante posée à la stabilité et la sécurité régionale par Al-Qaida, ses franchises et les groupes criminels qui sévissent dans les régions sahélo-sahariennes et MENA». Et le ministre délégué d'ajouter : « Rabat et Washington œuvrent d'ores et déjà «étroitement au Conseil de sécurité sur les questions figurant sur son agenda, y compris la situation en Syrie», indiquant que le Maroc abritera la prochaine réunion du groupe des amis du peuple syrien. Eviter un nouvel Afghanistan La situation au Sahel , avec son cortège de violences et les menaces potentielles qu'elles impliquent, constitue depuis des années une sérieuse préoccupation des dirigeants américains et marocains. Ses retombées collatérales aussi bien au nord du Mali, que dans la région interpellent les gouvernements et les Etats. L'analyse à ce niveau , notamment chez les Américains, est d'autant plus élargie qu'ils y voient un lien plausible entre ce qui se passe au Sahel et ce qui persiste au Sahara. Une vue commune, partagée pour ainsi dire entre Marocains et Américains pour souligner que «la situation inquiétante dans la Sahel confère un caractère extrêmement urgent à une solution, un compromis au Sahara , en vue de faire face à l'insécurité croissante qui menace la région, et bien plus, assurer un meilleur avenir pour les peuples du Maghreb». A l'ouverture de la première session du Dialogue stratégique, Mme Hillary Clinton a réitéré le caractère “sérieux, crédible et réaliste du plan marocain d'autonomie"». Elle a également souligné que « le soutien des Etats-Unis à cette solution de compromis reste inchangé et continue d'être la politique de l'Administration Obama aujourd'hui», mettant en exergue le fait que «le Maroc demeure engagé à travailler de bonne foi dans le cadre du processus de l'ONU pour résoudre cette question ». Du dialogue ainsi institué à Washington le 13 septembre dernier, dans une conjoncture marqué au sceau de la violence et d'une vague d'anti-américanisme qui déferle sur la planète, on retiendra d'abord la volonté de résister des deux partenaires, ainsi que leur volonté de donner la preuve que la concertation est nécessaire. Talon d'Achille menacé par les intégrismes et le terrorisme rampant, notamment d'al-Qaida, la vision de dialogue reste la seule alternative dans un monde fragilisé. Un pas vers l'intégration réciproque des deux pays Que le Maroc et les Etats-Unis aient décidé, malgré le vent des menaces, de donner une forte impulsion à leur partenariat, ne laisse apparemment pas indifférents les uns et les autres, notamment l'Algérie qui voit ce nouveau rapprochement comme un pas franchi dans l'intégration réciproque des deux pays, Maroc et Etats-Unis...Mais, au-delà, Alger réalise que le gouvernement américain reste attaché à la solution politique, négociée, au Sahara et donc à la proposition d'une autonomie élargie que le Maroc a proposée en avril 2007, jugée « crédible et sérieuse » depuis lors... * Tweet * *