A l'occasion de la Journée mondiale de la maladie d'Alzheimer, l'Association marocaine d'Alzheimer et des maladies apparentées (AMAMA) organise du 21 au 23 septembre prochain sur le mont Toubkal, une manifestation dénommée « Toubkal-al-Zheimer une ascenscion contre l'oubli ». Dans cet entretien, Mohamed Ouaddi, président de l'association, revient sur la portée symbolique et philosophique de l'évènement. Pour Mohamed Ouaddi (en médaillon), le gouvernement n'a toujours pas mis sur pied des structures capables de suivre de près la maladie d'Alzheimer. En quoi consiste réellement « Toubk-al-zheimer une ascension contre l'oubli » ? Cette manifestation est une illustration symbolique pour sensibiliser davantage sur la maladie d'Alzheimer . Monter le toit de l'Afrique du Nord n'est pas donné à tout le monde. Le souvenir de cette épreuve restera gravé dans la mémoire, cette même mémoire qui fait défaut aux malades. Les participants prendront conscience qu'un tel souvenir peut être oublié chez un malade Alzheimer. Quels sont les objectifs visés ici ? Avec cette manifestation, nous comptons célébrer la Journée mondiale de la maladie d'Alzheimer de façon originale. Ce sera également une occasion pour sensibiliser l'opinion publique, les institutions et la société sur la situation alarmante de ceux qui en sont atteints. Qu'en est-il de la situation au Maroc ? Nous n'avons pas de chiffres officiels. Selon le rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Alzheimer's Disease International (ADI) publié en avril 2012, près de 35,6 millions de personnes dans le monde en souffrent, c'est presque l'équivalent de la population marocaine. Nous demandons officiellement aux autorités de s'impliquer, afin d'établir les statistiques relatives à cette pathologie mortelle et sortir cette maladie de l'oubli. La pathologie semble en effet méconnue. Pouvez-vous revenir sur ses symptômes majeurs ? Il s'agit d'une maladie neuro-dégénérative, elle commence par des troubles de la mémoire. Ensuite, la maladie évolue vers une perte progressive des facultés cognitives et fonctionnelles (l'Aphasie, désorientation spatio-temporelle, incontinence, perte de la marche et troubles de déglutition) allant jusqu'à la perte totale d'autonomie. L'Alzheimer touche aussi bien les personnes âgées que les jeunes. La prise en charge des malades est souvent assurée par les proches, ce qui est loin d'être une sinécure. Existent-ils au sein de votre association des programmes pour une meilleure prise en charge de ces patients ? L'association effectue des sessions de formation pour apprendre aux familiaux des malades les moyens de mieux faire face à cette pathologie et pouvoir accompagner le patient au quotidien. Le volet formation est une priorité pour l'AMAMA, car nous agissons à la fois sur la vie du malade et sur la psychologie de l'aidant. Nous avons aussi initié un nouveau concept dénommé « Café Alzheimer ». Il s'agit d'un moment de partage d'expériences et d'échange convivial. Nous souhaitons mobiliser les pouvoirs publics pour l'ouverture du premier centre d'accueil pour les personnes souffrant de l'Alzheimer. Où en sommes-nous aujourd'hui avec la recherche ? Nous sommes en 2012 et la pathologie est non seulement incurable mais surtout mortelle. La communauté scientifique avance sur toutes les pistes, certaines sont abandonnées pour faire place à d'autres. Prévoyez-vous d'initier d'autres manifestations ? L'AMAMA a vu le jour grâce à l'initiative des aidants familiaux, qui sont la locomotive de cette belle dynamique. Jeune d'à peine dix mois, elle s'est d'ores et déjà dotée d'un Triple A (Agenda Annuel d'Activités). L'association essaie de sensibiliser le public à travers diverses actions d'ordre sportif, culturel, médical et social. De telles manifestations sont initiées partout au Maroc par une formidable équipe appelée : Réseau des Bénévoles AMAMA. Avez-vous un message à donner au Ministère de la Santé pour ce qui est de la prise en charge des patients ? Nous souhaitons lancer un cri d'alarme aux autorités sur la situation préoccupante de nos parents et ainés. Nous sommes face à une maladie qui plonge des centaines de milliers de Marocains dans des situations sociales déplorables, lesquelles s'accompagnent de dommages collatéraux : séparations, conflits d'héritage et de fratrie, perte d'emploi, dépression, tentatives de suicide. Le malade et son aidant doivent être accompagnés par des structures adaptées. Nos êtres chers sont condamnés à partir mais il est inacceptable que cela se fasse dans l'indignité. * Tweet * *